Le couvre-feu a-t-il accéléré l’épidémie à Toulouse ?

A Toulouse, le couvre-feu à 18h aurait accéléré la circulation du virus plutôt que de la ralentir, selon une étude du CHU. En cause : une accumulation de personnes aux mêmes endroits aux mêmes heures.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration. Place du Capitole, à Toulouse.
Image d'illustration. Place du Capitole, à Toulouse.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / paul prescott

"Le couvre-feu n’est pas suffisant", déclarait le ministre de la Santé Olivier Véran le 28 janvier. Et si, pire que cela, il avait participé à l’accélération de la propagation du virus ? C’est la question que posent des chercheurs du CHU de Toulouse, dans une étude publiée le 1er février dans la revue scientifique Journal of Infection.

Selon eux, la décision d’avancer le couvre-feu de 20h à 18h aurait favorisé les rassemblements de personnes aux mêmes heures et aurait ainsi facilité les contaminations.

"Relâchement" au moment des fêtes

Pour leur étude, les chercheurs du CHU de Purpan à Toulouse ont élaboré un modèle mathématique pour quantifier l’effet des fêtes de fin d’année, du couvre-feu à 20h mis en place le 15 décembre puis du couvre-feu à 18h instauré le 16 janvier dans la ville rose.

Premier constat : "un petit relâchement" a été observé début janvier, après les fêtes de fin d’année et malgré le couvre-feu à 20h alors en vigueur.
Mais après cette observation, l’arrivée du couvre-feu à 18h le 16 janvier aurait dû ralentir la survenue de nouveaux cas. C’était ce qui avait été observé en octobre, après la mise en place du couvre-feu à 21h.

10% de cas positif dès le 20 janvier

Mais cela n’a pas été le cas en janvier, bien au contraire. Le cap des 10% de cas positifs, attendu début février, a été atteint plus tôt que prévu, entre le 20 et le 24 janvier, révèle à La Dépêche du Midi la docteure Chloé Diméglio, biostatisticienne et co-autrice de l’étude.

Soit moins de 10 jours après la mise en place du couvre-feu à 18h, alors que "par expérience, nous savons qu’une mesure sanitaire ou un évènement social se traduisent sur la dynamique de diffusion du coronavirus dans les 7 à 10 jours qui suivent" explique la chercheuse.

Rassemblement de personnes

Comment expliquer cet effet ? Pour les auteurs de l’étude, "un couvre-feu plus restrictif le soir a pour effet d'augmenter les groupes de personnes dans les magasins et les supermarchés avant qu'ils ne se pressent tous pour rentrer chez eux". Des conditions de contaminations idéales qui existaient moins quand le couvre-feu était fixé à 20h.

Autre facteur qui a pu entrer en jeu : la présence du variant anglais, plus contagieux que l’ancienne souche, arrivé sur le territoire français en décembre. Mais pour l’heure, aucune donnée ne prouve son implication dans la hausse des cas de covid en région toulousaine.

Des mesures sanitaires locales ?

En attendant d’en savoir plus, les auteurs affirment que leur étude plaide déjà pour une cause : la territorialisation des mesures sanitaires. Leur mise en œuvre doit en effet selon les chercheurs "être accompagnée d'une analyse de la situation locale pour éviter de déclencher un effet contraire indésirable" concluent-ils dans leur publication.