Covid : des millions de visons abattus à cause d'une mutation du virus

Le Danemark s’apprête à abattre 15 millions de visons élevés sur son territoire après l’émergence d’une mutation du SARS-CoV-2 chez cet animal. La mutation menace en effet l’efficacité d’un futur vaccin pour l’humain.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration. Vison d'Europe dans un élevage.
Image d'illustration. Vison d'Europe dans un élevage.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / ANATOLY Foto

Abattre une quinzaine de millions de visons élevés sur son territoire. C’est ce que le Danemark s’apprête à faire à cause d’une mutation du SARS-Cov-2. Déjà transmise à 12 personnes, cette mutation menace l'efficacité d'un futur vaccin pour l'humain.
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Des anticorps moins efficaces

La mutation d'un virus est un événement normal. Et elle ne signifie pas forcément que le virus se comportera différemment, sera plus contagieux ou plus virulent.

Mais si cette mutation-là ne semble pas se traduire par des effets plus graves chez l'humain, elle pourrait menacer l’efficacité des vaccins, avancent les autorités danoises.
Et pour cause : par rapport au virus "normal", le virus muté détecté sur des visons "ne réagit pas autant aux anticorps", ces molécules fabriquées par l'organisme en cas d'infection, qui sont spécifiquement dirigées contre le virus et qui jouent un rôle dans l'immunité, affirme le responsable de l'Autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses (SSI), Kåre Mølbak. "Les anticorps ont toujours un effet, mais pas aussi efficace", précise-t-il.

Selon le ministre de la santé Magnus Heunicke, "les recherches ont montré que les mutations pouvaient affecter les actuels candidats pour un vaccin contre la covid-19".

Les élevages à l’origine de 783 contaminations

Cette mutation a été recensée dans cinq élevages différents et les 12 cas humains identifiés l'ont été dans le nord du Jutland, région de l’ouest du pays qui concentre le plus d'élevages au Danemark. Ces cas humains ne sont toutefois plus porteurs du virus muté aujourd'hui, selon la SSI.

Les autorités ont aussi indiqué qu'elles allaient introduire le 5 novembre de nouvelles restrictions dans la région touchée par cette mutation afin d'endiguer sa progression.
Ces sept derniers jours, dans les 783 cas détectés dans la région, le traçage a permis d'identifier un élevage de visons comme l'origine de la contamination.

Forte remontée de cas au Danemark

"Le pire des scénarios est d'avoir une pandémie qui repart d'ici au Danemark", observe le responsable de la SSI. Bon élève dans la gestion de la pandémie avec seulement 729 décès pour l'instant, le Danemark est actuellement confronté à une forte remontée du nombre de cas et a durci à nouveau ses mesures depuis la fin octobre.

Selon la police danoise, les animaux doivent être abattus "le plus vite possible" mais aucun délai n'a été indiqué. Lundi 2 novembre, les autorités avaient déjà abattu plus d'1,2 million de visons.

Premiers cas de transmission de l’animal à l’homme

Plusieurs cas suspects de transmission du vison à l'homme avaient déjà été enregistrés, notamment aux Pays-Bas, qui a abattu plus d'un million de ces mammifères. En Espagne, des visons avaient aussi été abattus en juillet sans qu'un plan d'abattage national ne soit décidé.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, "dans quelques cas, les visons infectés par des humains ont transmis le virus à d'autres personnes. Ce sont les premiers cas rapportés de transmission de l'animal à l'homme", a expliqué l'institution à l'AFP, sans se prononcer en détail sur la mutation annoncée par le Danemark.