Coupes menstruelles et choc toxique : une information insuffisante

Les coupes menstruelles ou "cups" peuvent, comme les tampons, être à l’origine de syndromes du choc toxique si elles sont utilisées trop longtemps, alerte la DGCCRF qui pointe un défaut d’information des utilisatrices.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Yulia Grigoryeva

Une protection menstruelle pratique et écologique, mais pas sans danger. A l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène intime ce 28 mai, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) publie son enquête sur l’utilisation des coupes menstruelles, ou "cups". Elle alerte principalement sur le défaut d’information concernant le syndrome de choc toxique qui peut être associé au port de la cup.

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Pas de migration chimique…

Pour cette campagne de contrôle menée en 2019, la DGCCRF a inspecté 26 opérateurs commercialisant les principales références des coupes menstruelles sur le marché français. Leur objectif : vérifier d’une part l’absence de libération de substances chimiques préoccupantes, telles que les phtalates et autres plastifiants et d’autre part la présence de consignes d’utilisation sur les emballages ou les notices de ces coupes.

Premier résultat : "aucune non-conformité n’a été mise en évidence concernant la composition des coupes" observe la DGCCRF. Un constat rassurant, donc, quant à une éventuelle migration de substances chimiques.

Mais trop peu d'information sur le choc toxique

En revanche, la DGCCRF relève un défaut d’information des utilisatrices sur les conditions d’utilisation de ces produits "ce qui peut générer un risque grave de choc toxique" avertit l’administration. Ainsi, l’information est "disparate d’une marque à l’autre et est rarement conforme à l’intégralité des recommandations préconisées" déplore aujourd’hui la DGCCRF. En particulier, "le temps de port indiqué varie beaucoup", allant de quatre à 12 heures.

De même, "l’utilisation de nuit est presque toujours indiquée comme possible, voire recommandée", alors que cet usage augmente le risque de syndrome de choc toxique. Un risque d’ailleurs pris en compte par certaines marques quand "d’autres en revanche nient ce risque et affirment que les coupes sont sans danger et n’ont jamais été associées à ce risque".
Ainsi, près de la moitié des références contrôlées annonçaient la possibilité de porter des coupes menstruelles pendant une durée supérieure à 10h ou ne donnaient pas de limites quand l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) fixe une limite à ne pas dépasser entre six et huit heures.

Savoir reconnaître le choc toxique dès les premiers symptômes

Pourtant, le syndrome du choc toxique n’est pas lié à la protection elle-même mais au fait que le sang des règles soit retenu à l’intérieur du vagin. Les coupes menstruelles, comme les tampons, peut donc en être à l’origine, quelle que soit leur composition.

Concrètement, ce syndrome survient lorsque des bactéries (streptocoques ou staphylocoques) prolifèrent dans le sang menstruel retenu dans le corps. Ces bactéries produisent des toxines qui passent ensuite dans la circulation sanguine, provoquant un tableau de symptômes : une fièvre soudaine, des vomissements, une sensation de malaise, des diarrhées et, dans les cas les plus graves, des nécroses pouvant entraîner une amputation et un choc toxique généralisé à l’origine de coma voire de décès. Ces symptômes doivent immédiatement alerter l’utilisatrice, qui devra retirer sa coupe et consulter en urgence.

Vider la coupe toutes les quatre à six heures

Bonne nouvelle, cependant, selon la DGCCRF : les alertes des enquêteurs pendant les contrôles ont entraîné des modifications de notices et une "prise de conscience des entreprises commercialisant des coupes menstruelles sur l’importance de donner une information claire et complète aux utilisatrices".

A ce jour, en accord avec les recommandations de l’Anses publiées en janvier 2020, les informations suivantes doivent figurer sur l’emballage ou la notice des coupes menstruelles :

  • renseignements sur le syndrome de choc toxique et les symptômes qui doivent amener à consulter rapidement un médecin ;
  • indications sur les mesures d’hygiène appropriées (lavage des mains, de la coupe, etc.) ;
  • temps de port maximal de la coupe (six à huit heures) et le fait que la coupe doit être portée uniquement pendant les règles et vidée régulièrement (toutes les quatre à six heures) ;
  • avertissement sur le fait que les femmes ayant déjà eu un syndrome de choc toxique ne doivent pas utiliser de protection intime interne ;
  • recommandation d’utiliser la nuit une protection externe, afin de diminuer le risque de développer un syndrome de choc toxique.