Les éleveurs aussi luttent contre l'antibiorésistance

L'antibiorésistance menace la santé humaine et animale. Elle serait la cause de plus de 5 000 décès par an. De plus en plus d’éleveurs tentent de réduire leur recours aux antibiotiques.

Charlotte Rothéa
Rédigé le
Ces éleveurs qui luttent contre l'antibiorésistance
Ces éleveurs qui luttent contre l'antibiorésistance  —  Le Mag de la Santé - France 5

Comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père avant lui, Basile Vericel travaille dans une ferme de 50 vaches laitières dans le Massif central. 

Contrairement à ses prédécesseurs, l'éleveur essaye de réduire le recours aux antibiotiques. Pour cela, il a une routine bien précise. Tout commence lors de la traite.

Diminuer le recours aux antibiotiques

L’infection de la mamelle est la première pathologie qui touche les élevages laitiers. Basile avait l’habitude de seulement rincer ses serviettes à l’eau. Il a changé de méthode pour éviter au maximum les infections.

Les autres parties sensibles de la vache sont ses pieds. Lorsqu’une bête commence à boiter, le réflexe de l’agriculteur est d’inspecter et d’entretenir la corne sous les sabots avant d’utiliser des médicaments. Parfois, le traitement par antibiotiques reste incontournable.

Chloé Astruc est vétérinaire. Son but est de cibler l’antibiotique le plus efficace, en fonction des bactéries résistantes présentes dans l’organisme de la vache. Pour cela, elle a besoin de prélever du lait afin de les identifier.

30 microlitres de lait suffisent pour faire une bactériologie.

Pour chaque bactérie, il faut tester l'efficacité de plusieurs antibiotiques. Dans 48 heures, Basile recevra le résultat de l'analyse. 

Ne pas relâcher la vigilance

"L’antibiotique est très concentré au centre et diffuse. Si la bactérie arrive à pousser contre le disque ce qui est le cas ici, ça veut dire qu’elle est très résistante", explique Jean-Yves Madee, directeur scientifique antibiorésistance ANSES Lyon.

Depuis 10 ans en France, les éleveurs suivent une politique de réduction des antibiotiques. Les résultats sont encourageants.

Pour l’ensemble des espèces animales et particulièrement des bovins, il y a une baisse de la résistance pendant cette période.  

C'est une baisse salutaire, pour l’animal, mais aussi pour l’Homme, car ces bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent se transmettre entre les deux espèces.