Que faire en cas d'entorse de la cheville ?

L'entorse est un traumatisme fréquent avec 6.000 cas par jour. Souvent bénignes, elle peut malgré tout abîmer durablement les ligaments. Comment réagir en cas d'entorse de la cheville ?

Dr Gérald Kierzek
Rédigé le , mis à jour le
Que faire en cas d'entorse de la cheville ?

L'entorse de la cheville, tout le monde en a déjà entendu parler. Mais en quoi consiste-t-elle exactement ? Comment réagir et quand faut-il consulter un médecin ? Les réponses avec le Dr Gérald Kierzek, urgentiste.

  • Qu'est-ce qu'une entorse ?

Dr Gérald Kierzek : "L'entorse est le premier des traumatismes avec 6.000 cas par jour. La plupart des entorses se font en inversion (le pied "se tord" vers l'intérieur) et touchent les ligaments latéraux (externes).

"L'entorse est la lésion d'un ou plusieurs ligaments qui entourent l'articulation de la cheville. La lésion va d'un simple étirement (entorse bénigne) à la rupture totale (entorse grave), en passant par la déchirure de quelques faisceaux (entorse de gravité moyenne) et la fracture associée (arrachement osseux le plus souvent). L'entorse bénigne est aussi appelée "foulure". Il n'y a pas non plus de déplacement de l'articulation, sinon on parle de luxation.

"Les symptômes de l'entorse sont simples : douleur sur l'extérieur de la cheville, œdème (gonflement), parfois craquement et difficulté à la marche."

  • Faut-il se précipiter aux urgences après une entorse de la cheville ? Faut-il faire une radio ?

Dr Gérald Kierzek : "Non, il ne faut pas forcément se précipiter aux urgences après une entorse de la cheville. En réalité, le risque de l'entorse est une fracture associée. Si le ligament est lésé, il tire sur les os auxquels il est associé et risque d'arracher un bout d'os. Le risque immédiat de l'entorse est donc le risque de fracture osseuse associée.

"Mais il existe un moyen que vous pouvez utiliser ou que votre médecin traitant utilise, il s'agit d'un moyen clinique, c'est-à-dire avec uniquement ses mains et son interrogatoire : ce sont les règles d'Ottawa qui définissent la nécessité de radiographies (à réaliser dans un service d'urgences ou dans un cabinet de radiologie). Ces règles, bâties à partir d'études épidémiologiques canadiennes, disent qu'une radiographie est indispensable si :

- âge inférieur à 18 ans ou supérieur à 55 ans.
- impossibilité de marcher en appui (impossibilité de faire quatre pas)
- douleur locale à la palpation osseuse des malléoles ou des os du pied.

  • Que faut-il donc faire en cas d'entorse de la cheville ?

Dr Gérald Kierzek : "Il faut suivre le protocole RICE. Et on ne fera pas mieux aux Urgences où vous n'aurez pas de radio systématique. Celle-ci sera effectuée en présence d'un des critères d'Ottawa. On parle de protocole RICE pour :

- Repos : des cannes anglaises (des béquilles) vont vous permettre lors des déplacements de décharger le poids sur le membre.
- Ice pour un glaçage local, le plus précoce possible, 10 minutes quatre fois par jour tant qu'il existe des signes cliniques (tant que c'est gonflé). Si vous n'avez pas de glace sous la main, il existe des packs réfrigérants en pharmacie. La glace diminue la douleur et l'œdème.
- Compression : locale par bandages élastiques ou attelles avec compartiments gonflables qui tiennent la cheville à l'arrière.
- Elévation : jambe en l'air aussi souvent et longtemps que possible.

Un antalgique sera prescrit en cas de douleurs importantes (paracétamol). Un appui partiel de la jambe est autorisé lorsque l'odème et la douleur ont diminué.

  • Quand faut-il consulter son médecin ?

Dr Gérald Kierzek : "Soit immédiatement notamment pour que le médecin puisse évaluer les critères d'Ottawa ou prescrire l'attelle par exemple.

"Le bon sens veut aussi que l'on consulte en urgence si l'œdème est majeur, le craquement important ou que l'articulation est déplacée.

"Si vous n'avez pas vu un médecin juste après l'entorse, il faut dans tous les cas consulter après 3 à 5 jours de traitement. Cette consultation médicale de réévaluation va permettre de juger de la gravité de l'entorse et en fonction : poursuite du traitement par strapping, immobilisation plus stricte, et kinésithérapie pour rééduquer la cheville."

Il faut ensuite s'armer de patience car la cicatrisation d'un ligament est longue, au moins 6 semaines (source : Vidal).

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