Quelles différences entre l'arthrose et l'arthrite ?

L'arthrose et l'arthrite sont souvent confondues. Si les deux provoquent des douleurs articulaires, elles diffèrent dans leurs causes, leurs symptômes, mais aussi leurs traitements. 

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Quelles différences entre l'arthrose et l'arthrite ?

Des mécanismes différents

L'arthrite est une inflammation de la membrane qui entoure l'articulation. L'organisme produit des substances appelées quinines qui le détruisent. C'est un terme général qui regroupe de nombreuses pathologies : polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, goutte, chondrocalcinose,… Elles font courir le risque d'une atteinte d'autres organes (peau, cœur, poumons, tube digestif…). Les causes sont infectieuses (liées à un germe), auto-immunes, métaboliques, comme la goutte avec des dépôts d'acide urique.

Les examens complémentaires comprennent une prise de sang qui montre des signes d'inflammation, une radiogaphie, et selon l'origine une analyse du liquide contenu dans l'articulation s'il en a, ou la recherche dans le sang d'éléments spécifiques à telle ou telle arthrite, comme le HLA B27 pour la spondylarthrite par exemple.

L'arthrose, elle est une affection mécanique et non pas inflammatoire. Elle est due à l'altération du cartilage, qui facilite les mouvements des os l'un contre l'autre. Le cartilage s'amincit et ne remplit plus son rôle. La production de liquide synovial, qui sert de lubrifiant, s'amoindrit. Résultat, les os constituant l'articulation se frottent l'un à l'autre sans la protection du cartilage. La fréquence de l'arthrose augmente avec l'âge  et certains facteurs la favorisent : surpoids, traumatismes par exemple sportifs ou professionnels (expliquant l'arthrose chez les sujets jeunes), anomalie anatomique. Une simple radiographie suffit à porter le diagnostic lorsqu'elle montre des ostéophytes (les "becs de perroquet") et un amincissement de l'espace entre les deux os.

Des symptômes distincts

En cas d'arthrite aigüe, l'articulation est chaude, rouge, gonflée et douloureuse. Lorsque l'arthrite est chronique, les douleurs sont qualifiées d'inflammatoires : elles surviennent le plus souvent au repos et réveillent la nuit. Les articulations nécessitent un "dérouillage" matinal, le temps qu'elles s'échauffent et que la raideur passe. Les articulations se déforment parfois, parallèlement à l'évolution de la maladie, comme dans la polyarthrite ankylosante. Il s'agit souvent des mains et des pieds.

L'arthrose est responsable de douleurs qui sont dites mécaniques : elles surviennent le jour, elles augmentent lors de l'effort et calmées par le repos, et elles sont plus importantes en fin de journée. Des craquements sont fréquents, une déformation peut survenir mais sans signe d'inflammation (chaleur, rougeur, œdème). Un dérouillage est parfois présent, après une posture prolongée. Elle touche souvent les hanches, les genoux, les vertèbres notamment cervicales.

Autre symptôme commun aux deux affections : l'épanchement, qui est un gonflement de l'articulation provoqué par un liquide. Il peut être produit en réaction à l'inflammation ou à l'arthrose. La ponction de l'articulation rapporte du liquide qui sera analysé.

Des traitements adaptés à l'origine

Le traitement de l'arthrite dépend de sa cause : des antibiotiques si elle est provoquée par une bactérie, une biothérapie pour celles qui ont une origine auto-immune (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite, rhumatisme psoriasis), etc. La prise en charge des arthrites d'origine métabolique, comme la goutte, repose sur la correction des anomalies métaboliques (par exemple la diminution de l'acide urique dans la goutte grâce à des médicaments et un régime alimentaire approprié). Les douleurs de l'arthrite, peuvent être prises en charge à l'aide d'anti-inflammatoires le plus souvent.

L'arthrose a longtemps été considérée comme inéluctable et sa prise en charge laissait à désirer. A l'heure actuelle, on tente de soulager les douleurs à l'aide d'antalgiques (paracétamol), d'anti-inflammatoires durant les poussées, éventuellement opioides. La capsaïcine pourrait être intéressante en cas d'échec des antalgiques et anti-inflammatoires). Les  infiltrations sont de deux types : à l'aide de corticoïdes, limitées à 3 pa an, pour un effet anti-inflammatoire ou à base d'acide hyaluronique pour pallier l'insuffisance de liquide synovial.

Les anti-arthrosiques d'action lente (glucosamine, chondroïtine sulfate, Piasclédine®) agissent en quelques semaines. Les études sont toutefois controversées sur leurs effets et leur efficacité. Ils auraient une action sur la douleur et ralentiraient peut-être la progression de l'arthrose. Leur efficacité, est évaluée de faible à modérée par la Haute Autorité de Santé. Ce qui a poussé l'Assurance-maladie à ne plus les prendre en charge.

Plusieurs pistes de recherche semblent prometteuses, avec les cellules souches (issues de la graisse du patient, ou de la moelle osseuse d'un donneur, et réinjectées dans l'articulation, ou encore placées sur un biomatériau pour créer un tissu cartilagineux). Autres pistes : un anti-NGF (nerve growth factor), comme le tanezumab, ou un pansement en cartilage, sorte d'implant qui éviterait le recours à une prothèse...