Hôpitaux, malades chroniques, pharmacies... comment se préparer aux coupures d’électricité ?

Alors que le gouvernement prévoit des coupures de courant cet hiver, le monde médical se prépare à y faire face. Seuls les hôpitaux sont prioritaires et ne devraient pas être concernés par les coupures.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
Rédigé le , mis à jour le
L'électricité est d'ordre vital pour de nombreux patients
L'électricité est d'ordre vital pour de nombreux patients  —  Alexandros Michailidis / Shutterstock

Cet hiver, le gouvernement a prévenu, il risque d'y avoir des coupures d'électricité. "Le délestage électrique est une mesure exceptionnelle, mise en œuvre en dernier recours pour éviter un déséquilibre du système électrique national", indique le ministère de la Santé dans une directive aux professionnels. Autrement dit, pour éviter un blackout complet.

Ces coupures seront programmées et dureront environ deux heures. Dans les lieux concernés par le délestage, la population en sera informée la veille à 17 h. "Ces coupures pourraient concerner les phases de pics de consommation électrique, c’est-à-dire les jours de semaine, sur les créneaux horaires indicatifs de 8 h à 13 h et de 18 h à 20 h. Il n’est pas prévu, à ce stade, que des coupures puissent avoir lieu de manière totalement inopinée", explique le gouvernement. Comment le milieu médical, pour lequel l'électricité est primordiale et même vitale pour un grand nombre de patients, va-t-il gérer ces coupures ?

Les hôpitaux préparés...

Les hôpitaux, considérés comme prioritaires, ne seront pas concernés par les délestages de courant. De plus, "les établissements sont dotés de groupes électrogènes, c'est une obligation", explique Guillaume Papin, directeur de la communication de la Fédération hospitalière de France (FHF).

"D’un point de vue électricité, comme on est prioritaires, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Mais il faut se montrer vigilant, car les questions énergétiques peuvent entraîner des dégâts collatéraux". En effet, "les coupures d'électricité pourront également couper les lignes téléphoniques. Les patients pourront-ils toujours appeler le SAMU ?", s'inquiète Guillaume Papin. En effet, le gouvernement préconise de composer le 112 en cas d'urgence, les autres numéros comme le 15 et le 18 pouvant être indisponibles.

... mais fragiles

Sur le fonctionnement même, le directeur estime que les hôpitaux sont "bien organisés". Par le passé, "certains établissement ont déjà eu des coupures de courant, dues aux conditions hivernales ou à des problèmes techniques".

Concernant cet hiver, il s'inquiète surtout de la triple épidémie (grippe, Covid, bronchiolite) qui met les services sous haute tension, dans un contexte de fragilité liée au manque de moyens et de personnel. Guillaume Papin évoque aussi les Ehpad. Ceux qui sont rattachés à un hôpital disposeront du groupe électrogène de l'établissement. En revanche, les Ehpad indépendants, pas prioritaires, devront s'organiser pour faire face à d'éventuelles coupures. Certains se sont d'ores et déjà dotés de groupes électrogènes.

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S'organiser pour les soins à domicile

Les personnes hospitalisées à domicile ou qui bénéficient de soins à la maison sont invitées à se manifester auprès de leur Agence régionale de santé (ARS). Celle-ci fera le lien avec les fournisseurs d'énergie qui contacteront les patients en amont pour les informer des coupures. L'organisation pour les personnes à haut risque vital se fera localement.

L'une des solutions pour garantir la sécurité des patients est de les transférer dans un hôpital. Même si cette solution paraît compliquée dans le contexte actuel. "On est déjà surchargés avec les épidémies. Et on a un retard considérable sur les opérations, qui ont été déprogrammées depuis le Covid, donc ça ne va pas arranger la situation", concède Guillaume Papin. Pour autant, "on fera face. En situation de crise, on répond toujours présent", assure le directeur de la communication de la FHF.

Les patients consternés

Les personnes concernées disent déjà leur inquiétude. Comment les hôpitaux pourront gérer leur arrivée dans des services déjà surchargés ? Ainsi, le producteur de musique Guilhem Gallart, aussi connu sous le nom de Pone et atteint de la maladie de Charcot, a exprimé ses craintes et sa colère sur les réseaux sociaux.

Compte Instagram Pone
Compte Instagram Pone

Si les démarches pour les personnes concernées sont claires, quel est le résultat ? Certains patients s'indignent devant le manque de responsabilité de l'État face à de possibles conséquences désastreuses.

Les pharmacies pas prioritaires

Les pharmacies aussi seront concernées par un éventuel délestage d'électricité. En effet, "les pharmaciens d’officine, les distributeurs pharmaceutiques, les industries pharmaceutiques, les praticiens libéraux, centres de santé, maisons de santé ou autres ne peuvent pas bénéficier a priori du statut d’usager prioritaire", note le gouvernement.

Une situation qui a d'abord inquiété les professionnels sur la rupture de la chaîne du froid, certains produits devant être maintenus à une température donnée. Les médicaments ont été passés au crible. "On s'est rendus compte que seulement peu de produits ne supporteraient pas une variation de température", assure Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Les officines, elles, fermeront tout simplement leurs portes durant les coupures. Plus que l'électricité, cet hiver, ce sont les épidémies couplées à la pénurie de médicaments pédiatriques qui alertent Philippe Besset. Le tout, dans un contexte de crise du personnel. "On en arrive à une situation inouïe où certaines pharmacies de garde ne peuvent pas donner les médicaments à des parents qui en ont reçu l'ordonnance aux urgences", faute de stock. Dans ce contexte, l'ombre de la coupure d'électricité n'est qu'une problématique qui s'ajoute à de profonds dysfonctionnements. 

Coupures d'électricité : l'inquiétude des patients
Coupures d'électricité : l'inquiétude des patients  —  Le Mag de la Santé - France 5