Le paradoxe de Mossman–Pacey : quand la recherche de virilité altère la fertilité

L’abus de testostérone de synthèse chez les hommes souhaitant accroître leur masse musculaire entraîne souvent une baisse de la production de sperme, alertent deux chercheurs.

Maud Le Rest
Rédigé le
Le paradoxe de Mossman–Pacey : quand la recherche de virilité altère la fertilité
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L’injonction à la virilité chez les hommes nuirait-elle à leurs capacités reproductives ? C’est ce qu’affirment les chercheurs américains James Mossman et Allan Pacey dans une lettre publiée dans le Journal of Internal Medicine le 10 avril. "Beaucoup d’hommes se fixent le but inatteignable d’être à la fois extrêmement massifs grâce aux stéroïdes anabolisants androgènes [1] et capables de procréer. Leur conception de la masculinité et leur musculature sont en conflit direct" résument-ils.

"Une masculinité souvent associée à une forte masse musculaire"

Pourquoi cette opposition ? D’après les chercheurs, l’abus de stéroïdes anabolisants androgènes (SAA) peut provoquer une atrophie testiculaire, qui peut entraîner à son tour une oligospermie (une insuffisance de production de sperme) ou une azoospermie (une absence de sperme dans l’éjaculation). Un problème souvent constaté chez les bodybuilders, dont la création des hormones FSH et LH, nécessaires à la spermatogénèse, est altérée. En clair, à trop vouloir jouer la carte de la virilité, on en perd ses facultés reproductrices : c’est le paradoxe de Mossman–Pacey.

Aussi James Mossman et Allan Pacey s’inquiètent-ils de la mode grandissante des SAA. Cette tendance, selon eux, "fait écho à une perception distordue de la masculinité – souvent associée, dans les médias, à une forte masse musculaire". Cette dysmorphie, parfois appelée "complexe d’Adonis", est souvent associée à une recherche de performance physique à outrance et à une prise abusive de SAA.

Un problème de santé publique grandissant

Mais les problèmes d’infertilité causés par ces substances sont heureusement réversibles. Toutefois, il faut parfois attendre un an pour que la production de sperme revienne à la normale. Une situation problématique pour les couples essayant de concevoir un enfant, et dont la femme a déjà "un âge avancé", développent les chercheurs.

James Mossman et Allan Pacey lancent donc un cri d’alarme : pour eux, la sensibilisation aux dangers des SAA – qu’ils qualifient de problème de santé publique grandissant – doit prendre en compte les risques pour la santé reproductive des hommes. Ils pointent notamment les différences criantes  entre le bien être "perçu" et l’état de santé réel des consommateurs de SAA. . "Pas de sperme = pas de bébés = peu de bien être", résument-ils.


[1] Les stéroïdes anabolisants androgènes (SAA) sont des dérivés synthétiques de la testostérone. Ils sont principalement utilisés pour accroître la masse musculaire.