Grossesse : pas de compléments alimentaires sans prescription du médecin !

Dans un rapport publié ce 7 juin, l’Anses rappelle que prendre des compléments alimentaires hors d’un suivi médical n’est pas sans risque… y compris pour la femme enceinte et l’enfant à naître.

La rédaction d'Allo Docteurs
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C’est une règle qui ne devrait pas souffrir d’exception : la supplémentation vitaminique et les compléments alimentaires doivent être réservés aux cas de carences avérées – ou de risques établis de carences. Sans bilan sanguin ni suivi, cette stratégie est au mieux une pure perte d’argent (aucun bénéfice n’est prouvé en terme de diminution des maladies chroniques), au pire… dangereuse pour la santé.

Dans un rapport publié ce 7 juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime que cette mode des compléments ingérés hors d’un vrai suivi médical pourrait également représenter une menace pour les enfants à naître.

Suite à quelques signalements de corrélations entre prise de compléments alimentaires contenant de l’iode ou de la vitamine D et des pathologies infantiles (hypercalcémie et hyperthyroïdie), l’agence a mené l’évaluation des cas les mieux documentés. Dans tous, la preuve formelle du lien de cause a effet n’est pas établie.

Concernant la supplémentation non-contrôlée en vitamine D, les doses considérées n’étaient pas susceptibles d’entrainer une hypercalcémie "chez un fœtus sain". Cependant, ce risque apparaît plausible en cas d’hypersensibilité́ génétique à la vitamine D. Aucun test n’a cependant été effectué pour confirmer cette hypothèse. Concernant l’effet suspecté de la supplémentation en iode sur l’hyperthyroïdie [1], l’Anses note que, dans les cas étudiés, le complément alimentaire n’était pas la seule source d’iode, empêchant d’établir sa part de responsabilité dans les pathologies recensées.

La vigilance s'impose

"Au-delà̀ des cas de la vitamine D et de l’iode, qui ont spécifiquement fait l’objet de déclarations de nutrivigilance, l’Agence met en garde contre la multiplication des sources de vitamines et minéraux, en l’absence de besoins établis. En effet, celle-ci peut dans certains cas conduire à des dépassements des limites de sécurité́".

L’Anses recommande donc aux femmes enceintes "de ne pas consommer de compléments alimentaires sans l’avis d’un professionnel de santé et leur recommande de signaler à leur médecin, pharmacien ou sage-femme la prise de tout produit (médicament ou complément alimentaire), qu'il soit délivré́ sur prescription ou pris en automédication".

L’agence enjoint également les professionnels de santé à mettre en place des mesures de prévention de l’hypercalcémie "en cas d’hypersensibilité́ à la vitamine D", et rappelle que "l’exposition simultanée à de multiples sources d’iode (provenant de médicaments ou de compléments alimentaires) augmente le risque de troubles thyroïdiens chez le nouveau-né́ et doit donc être évitée pendant la grossesse".


[1] L’Anses rappelle qu’un apport d’iode est indispensable au développement neurologique et comportemental normal du nouveau-né, soulignant qu’un apport "excessif" d’iode (oral ou transdermique) pendant la grossesse augmente le risque d’hypothyroïdie, d’hyperthyroïdie ou de goitre chez le nouveau-né.