Greffe de rein : une chirurgie qui sauve des vies

Pour les malades en insuffisance rénale terminale, la greffe est le seul espoir de guérir. Le greffon peut être prélevé sur un donneur vivant compatible. Les deux opérations se déroulent de manière presque simultanée dans le même hôpital.

Céline Morel
Rédigé le , mis à jour le

A l’hôpital Saint-Louis, l’équipe du Dr Gaudez est concentrée. Leur mission ce matin, prélever le rein gauche d’une patiente d’une soixantaine d’année qui a accepté d’en faire don à sa nièce.

L’opération se déroule sous cœlioscopie et avec l’aide d’un robot, dont les bras sont pilotés, à quelques mètres de là, par le Dr Victor Basset. 

"On est dans la cavité abdominale, on a la rate ici puis le colon qui est là, le rein gauche, qui est l'organe qu'on cherche à voir est derrière cette cavité", explique le Dr Victor Basset, chirurgien urologue. 

Première étape : prélever le rein

Le chirurgien commence par ouvrir un passage jusqu’au rein gauche. Il peut ensuite localiser les différents vaisseaux qui le relie à la circulation sanguine.  

"On a la veine génitale qui est là et qui se jette dans la veine rénale qui va dans le rein. On clippe la veine génitale, on interrompt sa circulation avant que je la coupe et ça libérera la veine rénale qu’on continue de disséquer. La veine est libérée, il faut maintenant libérer le système artériel, on a une artère qui est ici, qu’on voit battre et une autre plus petite ici", commente le Dr Victor Basset.  

Si les chirurgiens prennent tant de précautions, c’est que dans cette zone se cache un vaisseau sanguin très important. L’aorte va distribuer le sang artériel partout et il ne faut surtout pas faire de trou dedans.  

Le chirurgien isole ensuite l’uretère, le canal qui draine les urines du rein vers la vessie.  

Un sac est déployé dans l’abdomen, le rein y est délicatement introduit. Comme il va être transplanté, le rein doit être en parfait état. Les chirurgiens redoublent d’attention pour positionner les derniers clips et sectionner la veine rénale et les deux artères. Le rein peut maintenant être extrait de l’abdomen. Désormais chaque minute compte. 

Deuxième étape : conserver le rein

Le rein est parfait. Il va pouvoir être lavé très vite. Un liquide de conservation injecté dans les vaisseaux permet de vider intégralement le rein de son sang.  

"Il a perdu sa couleur rose foncé car il a perdu tout le sang qu’il contenait, qui est remplacé par le soluté de conservation qui permettra à ce rein de retrouver une fonction plus rapidement après la transplantation", explique le Dr François Gaudet, chirurgien urologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris.  

Le rein est conservé dans un bocal stérile. Pour la donneuse, l’intervention qui a duré 2 h, est terminée.  

"Pour la personne qui donne son rein l’impact sur sa vie est nul, car on a vérifié avant l’intervention qu’elle ne risquait pas elle-même de se retrouver en insuffisance rénale, son rein droit qui se retrouve seul va assurer l’ensemble de la fonction rénale sans aucun risque pour l'avenir de la patiente", commente le Dr François Gaudet.  

La receveuse, dont les reins ne fonctionnent plus, est à son tour endormie. Une large incision au niveau de la fosse iliaque droite est réalisée par le chirurgien. C’est à cet endroit que le rein va être greffé.  

La greffe d'un troisième rein

"On ne retire pas les reins de la patiente car ils ne fonctionnent pas, ils n’ont pas d’effets néfastes, on se contente donc de lui implanter un troisième rein". Dr François Gaudet.  

Le chirurgien va commencer par raccorder la veine du greffon, en bleu, à celle de la receveuse, les sutures doivent être minutieuses pour éviter tout risque de fuite. Il raccorde ensuite l’artère du greffon, en rouge, à l’artère iliaque, l’uretère est enfin raccordée à la vessie de la patiente.  

"On déclampe, le sang recommence à circuler dedans on voit qu’il change immédiatement de couleur, ce qui veut dire que le sang circule parfaitement, donc c’est tout à fait bien", conclut le Dr François Gaudet.  

La patiente passera une dizaine de jours dans le service de néphrologie. Elle devra prendre un traitement immunosuppresseur à vie.