Un rein de porc greffé sur un patient vivant, une première mondiale
Des reins de porcs avaient déjà été transplantés sur des humains en état de mort cérébrale, avec des résultats assez concluants pour tenter l’expérience sur un patient vivant.
Se dirige-t-on vers une solution pour contrecarrer la pénurie chronique de dons d’organes dans les hôpitaux ? Des chirurgiens sont parvenus à transplanter un rein d'un porc génétiquement modifié sur un patient vivant, a annoncé jeudi 21 mars le Massachusetts General Hospital de Boston, aux États-Unis. Une première mondiale, qui ouvre la voie à une meilleure prise en charge des patients souffrant d’insuffisance rénale.
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"Donner de l'espoir à des milliers de personnes"
Le patient greffé, Richard Slayman, âgé de 62 ans, "se remet bien" de l'opération chirurgicale de quatre heures qui s’est déroulée le 16 mars dernier, rapporte l’hôpital américain dans un communiqué. Les médecins "m'ont minutieusement expliqué les pour et les contre de la procédure", a déclaré Richard Slayman. "J'ai vu cela comme un moyen non seulement de m'aider moi, mais aussi de donner de l'espoir à des milliers de personnes qui ont besoin d'une greffe pour survivre."
Le patient devrait pouvoir quitter l'hôpital "bientôt", selon le communiqué. Par le passé, il avait déjà reçu une greffe de rein humain, mais avait finalement dû reprendre la dialyse depuis mai 2023. "Le succès de cette greffe est l'aboutissement des efforts de milliers de scientifiques et médecins depuis plusieurs décennies", a souligné Tatsuo Kawai, chirurgien au Massachusetts General Hospital.
Les xénogreffes en pleine expansion
Richard Slayman est le premier patient vivant à recevoir une transplantation d’un rein de porc. Cette avancée intervient après d'autres opérations réalisées sur des humains en état de mort cérébrale, en 2021 et 2022, par des équipes de l'université de New York et de l'université de l'Alabama, qui s'étaient montrées concluantes. Des patients vivants ont également déjà reçu une greffe de cœur d’un porc génétiquement modifié, mais sont ensuite décédés.
Le domaine des xénogreffes, c’est-à-dire des transplantations d’organes d’animaux sur des humains, avance à grande vitesse depuis plusieurs années, mais représentent un défi de taille, car le système immunitaire du receveur a tendance à attaquer l'organe étranger. Aux États-Unis, plus de 100 000 personnes attendent une greffe d’organe aux États-Unis. En France, l'Agence de biomédecine indique dans son baromètre de l'activité de prélèvement et de greffe d'organes que plus de 21 866 patients sont toujours en attente de greffe, tout organe confondu.