Déremboursement des arrêts de travail en téléconsultation : "Ce n’est pas au patient de trinquer"

Le ministre Gabriel Attal a annoncé la fin du remboursement des arrêts de travail en téléconsultation lorsqu’ils ne sont pas délivrés par le médecin traitant. La fin d’une “dérive consumériste”, pour le Dr Jérôme Marty.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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Le président de l’UFML plaide pour un “plan Marshall de l’accès aux soins”
Le président de l’UFML plaide pour un “plan Marshall de l’accès aux soins”  —  Shutterstock

Alors que près de 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, le gouvernement s’attaque aux arrêts de travail délivrés en téléconsultation. Dans un entretien au Journal du dimanche, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gabriel Attal a annoncé la fin du remboursement des arrêts de travail délivrés en visio par un praticien autre que le médecin traitant.

Gabriel Attal a ainsi levé le voile sur une partie du projet du budget de la Sécurité sociale rendu public ce lundi 26 septembre. Pour le ministre, ce déremboursement permettra “d’éviter que certains enchaînent les consultations en ligne jusqu’à trouver celui qui voudra bien leur délivrer un arrêt maladie".

Qare, Tessan ou Livi pointés du doigt

Pour le Dr Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l'Union Française pour une Médecine Libre (UFML), interrogé par Allodocteurs.fr, cette décision était “inévitable” pour mettre un frein aux “cabines à fric”, les cabines de téléconsultation. Ces dispositifs sont désormais disponibles dans les pharmacies ou certains supermarchés Monoprix et promettent de remplacer une consultation généraliste à distance. 

Un système mis en place durant la période de Covid-19, pour faciliter l’accès aux soins. “La crise du Covid a entraîné un effort de la part du gouvernement, avec un remboursement des téléconsultations à hauteur de 100 % dans certains cas”, rappelle le Dr Marty.  

"Une aubaine pour les structures commerciales monnayant les consultations à distance" tacle-t-il, en visant notamment les plateformes Qare, Tessan ou Livi. Pour le spécialiste, il s’agit tout bonnement d’une “dérive consumériste”, entraînant un "diagnostic partiel”, donc préjudiciable au patient. “Ce n’est pas aux patients de trinquer !” 

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"Connaître la vie de son patient"

Ce coup de pouce a été utile lors de la crise du Covid-19, principalement pour les Français ne déclarant pas de médecins traitant”, poursuit-il. “Maintenant que le gros de l’épidémie est derrière nous, le gouvernement doit mettre le paquet pour encourager la médecine libérale et de proximité.” 

Le président de l’UFML plaide pour un “plan Marshall de l’accès aux soins”. “Une amélioration des services pour lutter contre les déserts médicaux, à destination de tous les patients, tout en garantissant le respect des praticiens, et notamment des jeunes.” Une meilleure prise en charge qui ne passe pas par les consultations dématérialisées “de cinq minutes chrono, montre en main”, comme le suggère les derniers chiffres consultés par l’UFML.

Il faut connaître l’histoire de la vie de son patient, ses antécédents médicaux et familiaux”, résume le Dr Marty. “Une consultation doit se faire sur le temps long, avec un patient qu’on doit également suivre sur le long terme.”  

De l'importance de la manipulation à distance

L'UFML n'appelle pas pour autant à bannir la médecine à distance, mais à améliorer le fonctionnement des cabines de téléconsultation. Les progrès médicaux et technologiques pourraient ainsi ouvrir la voie à une prise en charge et faciliter la manipulation à distance des patients dans les prochaines années.

Pour l’heure les arrêts maladie délivrés en téléconsultation par le médecin traitant devraient eux continuer à être remboursés. Ce devrait également toujours être le cas des arrêts fournis lors d’une consultation en cabinet, même si le généraliste n’est pas le médecin traitant. 

Trouver un médecin en plein désert médical  —  Le Mag de la Santé - France 5Le Magazine de la Santé