Contraception masculine : pourquoi le combat est si long ?

Les moyens de contraception pour hommes tardent à arriver sur le marché. Pour inciter les pouvoirs publics à agir, une pétition a été lancée et rencontre un grand succès.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
Rédigé le , mis à jour le
Contraception masculine : pourquoi le combat est si long ?
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"Pourquoi y aurait-il plus de contraintes pour trouver une contraception chez les hommes que chez les femmes ?", s’interroge le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste. En effet, si les femmes disposent de plusieurs moyens de contraception – pilule, implant, stérilet, patch... - les hommes, eux, ont une seule option fiable et réversible : le préservatif. 

Des recherches ont été faites pour développer de nouvelles contraceptions, comme la pilule hormonale, à l’image de celles que prennent des millions de femmes. Mais aucune n’a été concluante. Des décennies après avoir été évoquée pour la première fois, la pilule pour hommes reste une promesse non tenue.

La charge sexuelle revient aux femmes

Dans les relations hétérosexuelles, la charge mentale liée à la contraception, ou "charge sexuelle", incombe donc quasi exclusivement aux femmes. 

Une situation que déplore Gilles Lazimi, également membre du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes. Au-delà de ce constat, le thème de la contraception soulève une nouvelle fois les inégalités entre les genres. "C’est un problème sexiste", déclare le Dr Lazimi. "On considère que c’est aux femmes de gérer les contraintes. La médecine est comme la société, elle met tout sur la responsabilité des femmes", assène-t-il. 

Celles-ci sont "contraintes de prendre une contraception et de la subir, quand les hommes, eux, sont tranquilles", poursuit le Dr Gilles Lazimi. 

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Des alternatives pas développées

Alors, pourquoi un tel décalage ? "Des traitements sont en cours de développement mais on ne va pas au bout", déplore le médecin. "S'il y a des désagréments, il y en autant que pour les femmes", ajoute-t-il. 

Pourtant, certaines alternatives existent : le slip chauffant, par exemple, "fonctionne, mais n’est pas développé du tout". Et les injections d’hormones, accessibles uniquement dans les centres de Planning familial, ne peuvent être utilisées qu’un an et demi, avant une atrophie testiculaire qui peut être irréversible.  

La vasectomie boudée par les Français

Autre moyen de contraception, définitive cette fois : la vasectomie. En France, moins d’1 % des hommes y ont recours tandis qu’au Royaume-Uni ou au Canada, un homme sur cinq opte pour cette méthode de stérilisation.

Pourtant, la vasectomie est autorisée depuis 2001 en France, et elle est quasiment entièrement remboursée par la Sécurité sociale. Les hommes qui veulent opter pour cette option tout en se laissant la possibilité d'avoir des enfants peuvent faire congeler leur sperme avant l'intervention.

Certains hommes toujours réticents

Les différentes possibilités de contraception masculine laissent aussi certains hommes frileux, par peur de perdre ce qu'ils considèrent comme leur "virilité", ou par appréhension des effets secondaires.

Or "il n'y a pas de raison que les femmes doivent prendre une contraception orale et pas les hommes", par exemple, assène Gilles Lazimi."Les hommes ont toujours privilégié leur plaisir et leur sexualité au détriment des femmes", analyse-t-il. Surtout, la contraception masculine ne semble même pas être un sujet. "On n'en entend jamais parler, c’est silence radio".  

Une pétition pour bouger les lignes

Alors pour faire évoluer les mentalités et surtout, pousser à la mise sur le marché de nouveaux moyens de contraception masculine, le Dr Gilles Lazimi a signé une pétition lancée par le média Libération. Il fait partie des premières personnalités signataires de la tribune, aux côtés d'autres médecins, écrivains ou encore journalistes. 

Elle s’adresse aux pouvoirs publics. "Nous réclamons de la part des nouveaux ministres concernés, François Braun à la Santé, Isabelle Rome à l’Egalité, ainsi que des parlementaires de cette nouvelle législature, que soit mise en place une véritable politique de la contraception masculine en France", indique le texte. 

Des recherches et des études doivent être mises en place. "L’égalité femmes-hommes ne sera réelle en matière de santé sexuelle que lorsque les hommes prendront leur part en matière de contraception", conclut la pétition. Lancée le 22 août, elle compte déjà plus de 23.000 signatures. Preuve de l'intérêt et des attentes du grand public.

Contraception masculine : où en est-on ?  —  Le Magazine de la Santé