Chenilles processionnaires : tout savoir pour s'en protéger

Avec le réchauffement climatique, les chenilles processionnaires gagnent du terrain en France. Mais ces insectes envahisseurs présentent des risques pour la santé. Gros plan sur cette menace et sur les façons de s'en protéger.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le
Chenilles processionnaires : un enjeu de santé publique
Chenilles processionnaires : un enjeu de santé publique  —  Le Mag de la Santé - France 5

Depuis tout juste un an, la prolifération des chenilles processionnaires qui se développent sur les pins et les chênes a été déclarée nuisible à la santé humaine. Tous les départements concernés doivent donc désormais définir des mesures pour contrôler ce risque. Ces politiques sont coordonnées par les Agences Régionales de Santé (ARS).

Mais de quoi s'agit-il ? Les chenilles processionnaires de quelques millimètres de diamètre et de quelques centimètres de long quittent leurs nids en file indienne pour aller poursuivre leur évolution dans la terre. C’est le stade où il ne faut surtout pas les approcher sans une tenue de protection intégrale.

Atteintes respiratoires et cutanées

"C’est une chenille très velue avec des poils partout mais ce ne sont pas ses grands poils blancs qui sont embêtants mais de petites structures qu’elle ouvre. Elles contiennent des poils urticants et sur une chenille de cet âge là, on a à peu près un million de poils urticants", explique Jérôme Rousselet, chargé de recherche à l'INRAE Val de Loire.

Ses poils contiennent des toxines très irritantes et inflammatoires. Ce sont les armes de défense que la chenille propulse à la moindre menace."Ses poils urticants sont comme de véritables harpons avec des petites dents qui viennent se mettre dans la peau. On a ensuite tendance à se gratter, à les casser et à libérer encore plus les toxines. C’est là qu’on va avoir une réaction d’urticaire locale, si c’est au niveau de la peau", commente Jérôme Rousselet. 

Les voies respiratoires risquent d’être atteintes si des personnes passent sous les nids d’où sortent encore des poils urticants après le départ des chenilles. Pour les empêcher de descendre jusqu’au sol où des enfants pourraient les toucher par exemple, des éco-pièges fixés autour du tronc les font tomber dans des sacs remplis de terre.

Une prolifération due au réchauffement climatique

Le chercheur évalue ici un prototype de détecteur de chenilles pour suivre leur arrivée à distance."Le but est de faire de l'alerte en temps réel puisqu'il y a une vingtaine d'années dans la région, la processionnaire, c'était toujours à peu près du 15 mars au 15 avril. Aujourd'hui, ça devient vraiment très variable", note Jérôme Rousselet. 

Les chenilles processionnaires du pin arrivent désormais à se reproduire sur une période plus longue dans l’année. C’est grâce au réchauffement climatique, qui leur permet aussi de se répandre de plus en plus vers le nord.

Au point de devenir la cible d’une nouvelle réglementation."Le code de la santé prévoit une lutte obligatoire contre les chenilles processionnaires. Il s'agit de pouvoir adapter et graduer la réponse aux chenilles avec une tolérance 0 dans les établissements sensibles tels que les écoles ou les établissements qui accueillent des jeunes enfants. Pour ces établissements, ces arbres sont très attirants pour les chenilles et la meilleure solution est souvent de les couper et de les remplacer", explique Christophe Cordel, responsable du département santé-environnement à l'ARS Centre–Val de Loire.

Des nichoirs pour attirer les prédateurs

Le problème, ce sont les pins plantés dans les centres-villes bien avant l’arrivée des chenilles qui en profitent ensuite pour s’installer. Certains arbres échappent pour l’instant à la découpe grâce à un éco-piège et des nichoirs.

"On a installé des nichoirs pour attirer les mésanges qui est le principal prédateur des chenilles et on a aussi installé des nichoirs à chauve-souris qui se nourrissent principalement des papillons. Maintenant, on peut dire que ça s'est stabilisé. On n'a pas vraiment d'invasion massive", commente Patrick Guy, responsable du pôle espaces verts à Saint-Jean-de-la-Ruelle.

Tous les acteurs concernés doivent se mobiliser. Les centres anti-poisons ont reçu quatre fois plus d’alertes liées aux chenilles processionnaires ces dernières années.