Changer de microbiote, une piste contre la dépression ?

Soigner le ventre pour soigner la tête. Une équipe de chercheurs teste un traitement à base de probiotiques pour corriger les déséquilibres du microbiote chez des patients dépressifs. Reportage.

Céline Martel
Rédigé le
reportage dépression microbiote
Changer de microbiote pour lutter contre la dépressionreportage dépression microbiote  —  Le Mag de la Santé - France 5

Il y a deux ans, Alin plonge dans une dépression sévère. Malgré de fortes doses d’antidépresseurs pendant plusieurs mois, rien ne change. Depuis deux mois, Alin a un nouveau rituel : chaque matin, une alarme lui rappelle de prendre son traitement qui est en phase d’expérimentation.

L’idée novatrice de cette étude est de soigner la dépression en rééquilibrant le microbiote intestinal.

Cerveau et intestin, des liens étroits

Tout part de l’approche d'un chercheur, le Professeur Joël Doré, qui explore les liens entre le cerveau et l’intestin. Il a découvert que les personnes dépressives souffrent très souvent d’un déséquilibre de leur microbiote intestinal. 

"Dans le contexte des troubles mentaux, on a une relation entre l'inflammation intestinale, un dérèglement qui induit de l'inflammation et une micro-inflammation au niveau du cerveau", explique le Pr Joël Doré, chercheur en écologie microbienne."L'hypothèse est qu'en gérant les problèmes au niveau intestinal, on pouvait agir sur le bon fonctionnement au niveau cérébral", précise-t-il.

Pour corriger cette inflammation, le Professeur Joël Doré a élaboré un traitement censé restaurer un microbiote de bonne qualité. 

Le traitement contient trois composants :"un acide aminé, la glutamine, un probiotique de la famille des lactobacillus qui produit un précurseur de la sérotonine, l’hormone du bonheur, et un polyphénol, la curcumine, qui agit principalement comme antioxydant et anti-inflammatoire", détaille le chercheur.

Un espoir pour 30% des patients

Cette formule a prouvé son efficacité sur des souris. Chez les humains, pour montrer une correction du microbiote, il n'y a pas d’autre choix que d’analyser les selles des patients avant et après la prise du traitement.

En parallèle, tous les patients participent à des entretiens pour évaluer leurs symptômes dépressifs. Alin voit sa psychiatre toutes les deux semaines pour faire le point.

Pour Alin comme pour les 30 % de patients en dépression qui ne répondent pas aux traitements classiques par antidépresseurs, cette recherche représente un véritable espoir. Les résultats de cette étude sont attendus au printemps 2024.