Cerveau : un don pour faire avancer la recherche

Il est possible de donner son cerveau post mortem. On vous explique comment les dons sont réceptionnés, préparés et transmis aux chercheurs. Reportage.

Anaïs Plateau
Rédigé le
Cerveau : un don pour faire avancer la recherche
Cerveau : un don pour faire avancer la recherche  —  Le Magazine de la Santé

Les  dons de cerveaux de toute la France sont conservés derrière les murs centenaires de cet hôpital parisien.
Six familles de pathologies neurodégénératives sont étudiées grâce à ces dons. Parmi elles, la maladie d’Alzheimer

La biobanque : un lieu de conservation

"La maladie commence dans une région qui est la région temporale interne, l’hippocampe, puis la maladie ensuite va atteindre d’autres zones qui sont impliquées dans la mémoire et dans la production de pensées", explique le Pr Danielle Seilhean, coordinatrice médico-scientifique à la biobanque Neuro-CEB à Paris.

Les neuropathologistes observent la présence de certaines protéines pour confirmer le diagnostic. Ensuite, l’un des hémisphères est découpé en échantillons et conservé dans une pièce plutôt bruyante. Dans ces dix congélateurs, il y a près de 30 000 échantillons. 

"Les échantillons cérébraux sont conservés à -80° dans des gros congélateurs afin de préserver les protéines des tissus", confie Sabrina Leclère, gestionnaire scientifique et technique à la biobanque Neuro-CEB à Paris.

Chaque échantillon est découpé en tranches qui font à peine quelques microns d’épaisseur. Ce sont ces lames que les chercheurs récupèrent. Six associations permettent à cette biobanque d’exister. 

Faire avancer la recherche

"Sans don de cerveau, il n’y a pas de grandes avancées de la recherche. Par exemple, on sait que c’est grâce au don de cerveau que les chercheurs ont isolé et identifié les deux protéines en cause dans la maladie d’Alzheimer, c’est extrêmement important", confie Maï Panchal, directrice scientifique à la Fondation Vaincre Alzheimer.

Chaque année, environ 80 personnes s’inscrivent. C'est une démarche très différente du don d’organe classique. 

"Au terme de tout le processus, c'est-à-dire, la validation du questionnaire médical et la réponse à toutes les questions, les personnes vont remplir un formulaire de consentement et le signer. C’est ce document qui va témoigner de leur volonté d’être prélevé au moment de leur décès", explique Marie-Claire Artaud, coordinatrice à la Biobanque Neuro-CEB / AP-HP.

Des dons encore trop rares

Aujourd’hui de potentiels nouveaux donneurs découvrent l’envers du décor. Parmi eux, Jean-François dont l’épouse décédée des suites d’une pathologie neurodégénérative a déjà fait don de son cerveau. Pour lui, donner est aussi une évidence. 

"J'étais déjà serein. La visite m’a conforté dans ma sérénité quand j’ai vu comment c’était bien organisé", confie Jean-François Piotrowski. 

Jean-François ne souffre d’aucune atteinte neurologique. Son don servira donc à comparer son cerveau en bonne santé à celui des malades. C'est un profil de donneurs encore trop rare et pourtant capital pour la recherche.