Ce que l'on sait vraiment sur le variant Omicron

Le nouveau variant du coronavirus, Omicron, possède un nombre de mutations inhabituellement élevé et serait potentiellement très transmissible. Sa découverte a provoqué une panique mondiale : il présente "un risque très élevé », a mis en garde l’OMS. Faut- il s’inquiéter ? Explications.

Dr Anne Sikorav
Dr Anne Sikorav
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Image d'illustration  —  Shutterstock

Les scientifiques travaillent 24 heures sur 24 pour disséquer cette forme mutante et prévoir son impact sur l'évolution de la pandémie. 

Sur les traces du variant Omicron

On ignore actuellement d'où provient exactement le variant mais il a été "signalé" pour la première fois au Botswana avant d'être détecté en Afrique du Sud, selon l’épidémiologiste sud-africain Salim Abdool Karim. L'Afrique du Sud a annoncé le 25 novembre la présence de cas sur son territoire. Au même moment, d'autres cas avaient aussi été signalés à Hong Kong, puis en Israël et en Belgique. Le virus est aujourd'hui présent dans au moins onze pays. 

En France, un cas vient d’être déclaré positif à la Réunion. D’autres cas possibles d’infections au nouveau variant ont été détectés, d’après un communiqué de la Direction Générale de la Santé  en date du 28 novembre. Des analyses par séquençage sont en cours. 

Des mutations et des questions

Le 23 novembre, les chercheurs découvrent un nouveau variant présentant une "constellation très inhabituelle de mutations". Certaines sont connues, beaucoup d'autres sont nouvelles. L'hôpital Bambino Gesù de Rome a montré une première "image" du nouveau variant, montrant qu'il présente beaucoup plus de mutations que le variant Delta, qui est actuellement dominant. "D'autres études nous diront si cette adaptation est neutre, moins dangereuse ou plus dangereuse", ont précisé les chercheurs. 

Et c’est au niveau de la protéine Spike, qui est la clé d'entrée du virus dans l'organisme, que les chercheurs ont observé plus de 30 mutations.  Ce sont notamment ces mutations qui posent problème à la communauté scientifique.

Faut-il s'attendre à une explosion de cas ?

Une majorité des nouvelles contaminations sont liées à Omicron en Afrique du Sud, où le taux journalier de positivité est en augmentation, passant de 3,6% mercredi à 9,8% dimanche. Et une explosion du nombre de cas en Afrique du Sud est attendue avec 10.000 cas par jour, selon l'épidémiologiste Salim Abdool Karim.  

Cela va-t-il dans le sens d'une contagiosité particulièrement élevée d'Omicron ? Là encore, c'est trop tôt pour le dire, selon les chercheurs, qui notent que d'autres éléments locaux peuvent jouer. L'Afrique du Sud est peu vaccinée - moins d'un quart de la population -, ce qui rend aussi ses habitants plus vulnérables à l'infection. Et surtout, le variant Delta, actuellement très dominant en Europe, y est peu présent, ce qui laisse planer un doute intégral sur la capacité d'Omicron à prendre sa place.

 "Les circonstances d'émergence et de circulation du variant Omicron en Afrique du sud ne sont pas les mêmes" qu'en Europe, a noté, l'épidémiologiste français Arnaud Fontanet. "Il est très difficile de comparer la dynamique qu'il pourrait y avoir entre différents pays.  

Omicron : plus ou moins dangereux ?

La grande inconnue reste la gravité des cas.  Le Dr Angelique Coetzee, une médecin sud-africaine a témoigné dimanche à l'AFP de "symptômes légers", laissant certains commentateurs faire l'hypothèse d'un variant plus contagieux mais moins dangereux. "Vraiment c'est beaucoup trop tôt pour dire ça", a regretté lundi l'infectiologue français Yazdan Yazdanpanah, lors d'une conférence organisée par le Conseil scientifique. Il a insisté sur le fait qu'il était impossible de tirer des conclusions à partir d'un témoignage isolé. 

 "Pour ce qui est de la gravité, on a pour l'instant très peu d'éléments",  Pr Yazdan Yazdanpanah,  chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat.

Les vaccins actuels sont-ils efficaces ?

À en juger certains cas de réinfections, "plus nombreux que lors des vagues précédentes", le variant échapperait à l'immunité, selon le Professeur sud-africain Mosa Moshabela. Cela pourrait réduire l'efficacité des vaccins, dans une mesure qui reste à déterminer. Selon les premiers éléments, ils devraient toutefois "rester efficaces contre les hospitalisations et les formes graves de la maladie", estime le Pr. Abdool Karim. 

Le patron de Moderna établit déjà que « les vaccins existants seront moins efficaces contre Omicron » dans une interview publiée mardi dans le Financial Times. 

Il faudra cependant attendre deux ou trois semaines pour avoir des premiers éléments de réponses sur la  capacité de l'organisme humain à générer des anticorps face à ce variant. Et plusieurs mois pour se faire une idée de l'efficacité réelle des vaccins contre la contamination par Omicron. 

Tous les laboratoires Pfizer, Johnson & Johnson et Moderna ont d’ores et déjà commencé à travailler sur une nouvelle version de leur vaccin anti-Covid ciblant plus spécifiquement Omicron au cas où les vaccins actuels ne seraient pas suffisamment efficaces contre le nouveau variant.

Attention aux spéculations

Après plusieurs de jours de spéculations hasardeuses sur les risques réels de ce nouveau variant au profil certes inquiétant : il y a encore très peu de certitudes. 

Et l’OMS le souligne aussi. On ignore encore tout sur la contagiosité et la gravité réelles de ce variant, après plusieurs jours d'informations contradictoires, parfois rassurantes et parfois alarmistes. .

La stratégie pour lutter contre le Covid-19 ne change pas. En pleine vague épidémique, il faut poursuivre une vaccination, la plus large possible, et continuer à respecter les gestes barrières. 

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