Grossesse : des microplastiques détectés dans le placenta

Des minuscules molécules de plastiques ont été détectées dans des placentas humains, révèle une étude italienne. Un constat qui inquiète les chercheurs car ces polluants peuvent avoir des effets à long terme sur la santé.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / HQuality

C'est la "première preuve de la présence de microplastiques dans le placenta humain". Une étude italienne à paraître dans le journal Environment International révèle la présence dans plusieurs placentas de microplastiques, c’est-à-dire des minuscules particules de plastique. Les auteurs de l’étude, des chercheurs en obstétrique et en sciences environnementales, s’inquiètent que ces polluants, "en agissant comme des perturbateurs endocriniens, pourraient avoir des effets à long terme sur la santé humaine."

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Peinture, emballages, cosmétiques…

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont recueillis six placentas auprès de femmes volontaires qui n’ont pas eu de complication pendant leur grossesse. Ils les ont ensuite analysés avec une technique de microspectroscopie extrêmement fine qui permet de détecter les microplastiques.

Résultat : 12 fragments de microplastique dont la taille variait de cinq à 10 micromètres (soit 10 fois plus petit que le diamètre d’un cheveu) ont été trouvés dans quatre placentas, aussi bien du côté du fœtus que du côté maternel.

Comment sont-ils arrivés là ? Tous ces fragments étaient colorés en bleu, rouge, orange et rose et semblaient provenir de diverses sources : revêtement, peinture, adhésifs, plâtres, emballages, produits d’hygiène ou encore cosmétiques que les futures mères auraient utilisés.

"C’est comme avoir un bébé cyborg"

Problème : la toute petite taille de ces microplastiques fait qu’ils ont la capacité de passer dans le sang. Si les chercheurs n’ont pour l’instant pas la preuve formelle qu’ils sont passés dans le sang du fœtus, cette éventualité doit être considérée. "C'est comme avoir un bébé cyborg : il n'est plus composé uniquement de cellules humaines, mais d'un mélange d'entités biologiques et inorganiques", déclare au Guardian Antonio Ragusa, directeur du département d'obstétrique et de gynécologie à l'hôpital Fatebenefratelli de Rome, qui a dirigé l'étude.

Une contamination "très préoccupante"

Les effets potentiels des microplastiques sur la santé humaine - et en particulier sur les enfants - sont encore très mal connus. Mais "en raison du rôle crucial du placenta dans le développement du fœtus et de sa fonction d'interface avec l'environnement extérieur, la présence de particules plastiques potentiellement nocives est très préoccupante" écrivent les chercheurs dans leur publication. Ils craignent notamment que ces polluants affectent la croissance des fœtus.

Prochaine étape, pour les scientifiques : répéter sur analyse sur un plus grand nombre de placentas pour confirmer ces premiers résultats qui ne portaient que sur un très petit échantillon. Il faudra aussi évaluer si certains modes de vie ou certaines habitudes de consommation permettent de diminuer la quantité de microplastiques dans le placenta.