Violences envers les femmes : formons les médecins !

Les résultats d'une enquête nationale sur la formation des étudiants en médecine seront présentés lors du colloque Violences envers les femmes, qui se tiendra le 20 novembre 2013 à l'Université Pierre et Marie Curie, en présence de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes. Cette enquête arrive à point nommé alors qu'en 2013, trop de femmes meurent encore sous les coups de leurs conjoints. Espérons que cela aboutisse à une meilleure prise en charge des femmes violentées.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Photo : extrait d'une campagne de sensibilisation sur les violences conjugales - Vidéo : entretien avec le Dr Gilles Lazimi, membre du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes
Photo : extrait d'une campagne de sensibilisation sur les violences conjugales - Vidéo : entretien avec le Dr Gilles Lazimi, membre du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes

Violences conjugales : des conséquences graves

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les femmes victimes de violences conjugales perdraient entre une et quatre années de vie en bonne santé, avec un retentissement majeur sur leur santé et des conséquences économiques lourdes : le coût des violences conjugales en France étant estimé à environ 2,5 milliards d'euros.

Les conséquences de ces violences sont souvent graves : dépression, troubles somatiques, isolement, perte de confiance en soi, traumatismes, voire décès. On ne parle plus de femmes "battues" car les violences conjugales ne sont pas uniquement physiques, mais aussi psychologiques, verbales, économiques et sexuelles.

Une femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son conjoint

Malgré l'intérêt porté par les pouvoirs publics, 146 femmes sont décédées en France sous les coups de leurs partenaires ou ex-partenaires en 2011, selon l'enquête annuelle des services du ministère de l'Intérieur. Encore aujourd'hui, une femme décède tous les deux jours et demi et un homme tous les quinze jours, victimes de violences.

La violence faites aux femmes est largement sous-estimée - car sous-signalée - et les estimations des différentes études ne sont que la partie émergée de l'iceberg.

Alors que seulement 4% des tentatives de viol (ou viol) sont signalés à la police ou à la gendarmerie, une personne sur cinq déclare avoir été victime au cours de sa vie de tentative de viol (ou de viol), selon l'enquête Contexte de la Sexualité en France (CSF) de 2006.

Pourquoi d'après cette même enquête, seulement 8% d'entre elles révèlent à leur médecin l'agression qu'elles ont subie ? Les victimes n'ont-elles pas confiance en leur médecin ? Les médecins ne se sentent-ils pas à la hauteur pour les prendre en charge ?

Les violences faites aux femmes sont un véritable problème de santé publique trop souvent négligé par les médecins généralistes. Il est nécessaire de prendre des mesures urgentes.

Les médecins se disent trop peu formés

Le médecin généraliste, placé aux premières loges, tient un rôle primordial dans le dépistage et la prise en charge des femmes victimes de violences. Cependant, les médecins se disent trop peu formés pour aider ces victimes. En effet, au cours des études médicales, il n'existe aucune formation sur le thème des violences conjugales.

Le rapport du Pr Henrion,publié en 2001, a révélé l'existence de difficultés perçues par les médecins généralistes prenant en charge des cas de violences conjugales :

  • manque de formation sur les violences conjugales ; 
  • sentiment d'intrusion dans la vie privée ; 
  • dissimulation par la femme de sa situation avec un refus d'être aidée ; 
  • sentiment d'impuissance et de frustration du médecin ; 
  • crainte des retombées judiciaires - le médecin étant souvent pris en tenaille entre le secret médical et la non-assistance à personne en danger ; 
  • manque de contact avec d'autres professionnels de santé ; 
  • manque de temps en consultation ; 
  • influence d'histoires personnelles du médecin.

Le manque de préparation des médecins et la variété des profils de femmes maltraitées ne fait que confirmer la nécessité de pallier le manque d'informations dans cette discipline, afin de permettre une meilleure prise en charge.

Vers une meilleure prise en charge des victimes

Ne soyons pas fataliste ! D'autres études ont montré que le repérage par les médecins est possible et prometteur. Des actions ont déjà été menées par le ministère des Droits des femmes. Le nouveau plan triennal 2011-2013 de lutte contre les violences faites aux femmes témoigne que ce combat reste une préoccupation majeure du gouvernement.

Une enquête nationale, réalisée de juillet à octobre 2013, sur le thème des violences a cherché à évaluer la connaissance des étudiants en médecine sur ce sujet, connaître leur intérêt et dépister s'ils ont été confrontés à des violences. Cette étude s'est faite en collaboration avec le Département de médecine générale de l'université Pierre et Marie Curie, la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences (Miprof) et l'ANEMF.

Les résultats de cette étude ont été présentés le 20 novembre 2013, lors du colloque Violences envers les femmes, en présence de la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Selon cette enquête nationale réalisée auprès de 1.472 étudiants en médecine en prévision de ce colloque, 96% souhaitent recevoir une formation pour mieux prendre en charge les victimes de violences.

La logique voudrait que cela aboutisse à une meilleure formation des étudiants en médecine, médecins de demain, pour que l'abord de la personne violentée par les médecins ne soit plus un tabou, pour que les médecins osent aborder le sujet avec les victimes, pour qu'ils les accompagnent et les orientent vers d'autres professionnels, vers des structures spécialisées et vers les instances judiciaires concernées. 

Sources :
Colloque Violences envers les femmes. 20 novembre 2013
Site officiel de lutte contre les violences envers les femmes. Ministère des Droits des femmes.

 

En savoir plus 

Sur Allodocteurs.fr :