Alimentation : éliminer les mauvaises graisses pourrait "sauver plus de 10 millions de vies"

L'OMS veut faire baisser la consommation des acides gras trans industriels qui provoquent 500 000 décès par an. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Photo : ©tarale on VisualHunt.com, éliminer les AGT d'ici à 2023 pourrait "sauver plus de 10 millions de vies", selon l'OMS - Vidéo : entretien avec le Dr Chantal Julia, nutritionniste
Photo : ©tarale on VisualHunt.com, éliminer les AGT d'ici à 2023 pourrait "sauver plus de 10 millions de vies", selon l'OMS - Vidéo : entretien avec le Dr Chantal Julia, nutritionniste

Connaissez-vous les acides gras trans industriels ? Ces mauvaises graisses, couramment appelées AGT, sont notamment présentes dans les matières grasses et dans les produits issus de la restauration rapide. Chaque année, les AGT causent la mort de plus de 500 000 personnes, victimes de maladies cardio-vasculaires, alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Lundi 14 mai, à Genève, elle a appelé les industriels et les particuliers à les remplacer par des produits moins nocifs. Son but : éliminer les AGT d’origine industrielle de notre alimentation d’ici à 2023 pour "sauver plus de 10 millions de vies".

"Quand on remplace les AGT, seul votre cœur sent la différence"

Mais le combat sera difficile : les AGT ont une durée de conservation supérieure aux autres acides gras, et les industriels en raffolent. Comme l’explique l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), "les acides gras trans d'origine technologique sont utilisés dans l'industrie agroalimentaire comme stabilisateurs et comme conservateurs. Ils rendent les aliments plus fermes et plus stables, donc moins propices au rancissement. On les trouve, ainsi, dans de nombreux produits alimentaires transformés comme les viennoiseries, les pizzas, les quiches…". L’OMS rappelle néanmoins que des alternatives existent. "Quand on remplace les AGT, les aliments ont bon goût, et seul votre cœur sent la différence", estime Tom Frieden, le PDG de l’ONG Resolve to Save Lives, qui travaille avec l’OMS.

L’OMS, qui lance une initiative baptisée Replace, propose six actions concrètes : établir une liste exhaustive des sources d’AGT, observer l’évolution de leur consommation, faire la promotion des meilleures graisses, lutter contre les AGT sur le plan législatif, sensibiliser le public, et mettre en place une meilleure réglementation.

Le Danemark et l'Argentine, vainqueurs des mauvaises graisses

L’institution prend notamment l’exemple du Danemark, qui, grâce à des limitations légales, a réussi à éliminer ces fameux AGT industriels. D’après Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, si chaque gouvernement met en place les actions listées, le nombre de décès liés à la consommation d’AGT devrait être réduit de manière drastique. Il en veut pour preuve les résultats encourageants des 45 Etats qui ont adopté des mesures contre les AGT, dont l’Argentine, qui en est presque venue à bout.

Le plan d’élimination de ces mauvaises graisses devrait être adopté lors de l'Assemblée mondiale de la santé lundi 21 mai à Genève. Pour l’OMS, l'apport en AGT doit être limité à moins d'1% du total de la consommation énergétique. Chacun peut déjà réduire sa consommation individuelle en cessant d’acheter les produits contenant des "huiles végétales hydrogénées" ou "partiellement hydrogénées", particulièrement quand elles se trouvent en haut de la liste des ingrédients.

D’après l’Anses, "les études épidémiologiques ont montré qu’une consommation excessive d’acides gras trans (apports supérieurs à 2% de l’apport énergétique total) est associée à une augmentation du risque cardio-vasculaire. Ces effets passent par une augmentation du « mauvais » cholestérol (LDL) et une baisse du « bon » cholestérol (HDL)".