Ulcères digestifs : la fin des idées reçues
La faute au stress, aux épices, au tabac... Les causes farfelues ne manquent pas pour expliquer l'apparition d'un ulcère, véritable "trou" dans la paroi de l'estomac. Découvrez la vérité sur l'origine de cette pathologie très douloureuse et très répandue, et surtout son traitement.


Mal à l'estomac, acidités, douleurs gastriques, tout le monde peut y être confronté un jour ou l'autre. Des soucis qui peuvent être totalement bénins, mais qui peuvent devenir gênants quand ils sont récurrents, et révèlent parfois un ulcère ou un problème plus grave.
Qu'est-ce qu'un ulcère ?
L'estomac est une portion du tube digestif qui fait suite à l'œsophage. C'est une poche pouvant contenir jusqu'à quatre litres. Après avoir été broyés par les dents, les aliments arrivent dans l'estomac où ils vont être digérés par le suc gastrique. Le suc est un liquide produit par les cellules de la paroi gastrique. La paroi gastrique est formée de villosités. Ces différentes cellules et glandes vont libérer les composants du suc gastrique. Certaines sécrètent des enzymes qui vont découper les aliments en petits nutriments. Et comme certaines enzymes, telles que la pepsine ne peuvent agir que dans un milieu acide, d'autres cellules vont libérer de l'acide chlorhydrique.
Heureusement l'estomac possède un système de protection contre cette acidité, des cellules produisent le mucus : une sorte de barrière riche en bicarbonate. Ce mucus recouvre la surface de la muqueuse gastrique pour la protéger des attaques acides. Quand un déséquilibre entre toutes ces sécrétions survient, par exemple un excès d'acidité, une inflammation apparaît au niveau de la muqueuse, c'est la gastrite. Si cette agression se poursuit, l'inflammation peut aboutir à une lésion qui va véritablement endommager la paroi interne de l'estomac, c'est l'ulcère. Tous les ulcères ne se localisent pas forcément au niveau de l'estomac. Ils sont quatre fois plus fréquents au niveau du duodénum.
Quelles sont les causes d'un ulcère ?
Certains médicaments comme l'aspirine ou les anti-inflammatoires non-stéroïdiens peuvent être responsables d'un ulcère ; ils sont impliqués dans un tiers des ulcères compliqués. Les facteurs génétiques interviendraient également et les personnes ayant un parent atteint d'ulcère possèdent un risque trois fois plus élevé d'en développer un. Les travaux sur le rôle du stress ont rendu des conclusions contradictoires et l'intensité du stress est difficile à mesurer, tout comme son impact. Les fumeurs sont également deux fois plus à risque de développer un ulcère.
Mais dans 70% des cas, c'est une bactérie qui est en cause : Helicobacter pylori. Cette bactérie de forme hélicoïdale possède des flagelles qui lui permettent de se glisser à travers le mucus et la muqueuse. Une fois ancrée sur les cellules, elle sécrète une enzyme, l'uréase, qui transforme l'urée en ammoniac. Cet ammoniac modifie la couche de mucus et attaque les cellules de la paroi gastrique, ce qui enclenche la formation d'un ulcère. D'autres causes responsables d'ulcère comprennent la maladie de Crohn et le syndrome de Zollinger-Ellinson.
Quels sont les symptômes d'un ulcère ?
Les ulcères digestifs sont très répandus. En France on estime qu'une personne sur dix en souffre au cours de sa vie. Les conséquences sur la vie de tous les jours sont nombreuses et la douleur omniprésente.
Un ulcère peut entraîner une douleur au niveau de l’épigastre, en haut et au milieu de l’abdomen. Cette douleur peut ressembler à une crampe, ou à une sensation de faim désagréable. Le plus souvent, elle apparaît une à trois heures après un repas.
La douleur peut aussi se manifester la nuit. L'ingestion d'aliments ou de médicaments anti-acides peut la soulager.
Les ulcères peuvent aussi causer une simple gêne sous les côtes ou n'entraîner aucun symptôme. Les médecins parlent alors d'ulcère asymptomatique.
Ulcère : un diagnostic par fibroscopie
On a longtemps pensé que le stress, l'abus de mets épicés mais aussi de café ou d'alcool étaient les seuls facteurs à l'origine des ulcères. Mais depuis 1982, on sait que c'est faux et que c'est une bactérie, l'Helicobacter pylori, qui est responsable de 70% des ulcères.
Pour confirmer la présence d'un ulcère dans l'estomac ou dans le duodénum, l'examen réalisé est la fibroscopie. Le médecin va inspecter avec une caméra prolongée par des fibres optiques l'intérieur du tube digestif en passant par la bouche et effectuer un prélèvement. L'examen se fait en hôpital de jour, sous anesthésie générale, mais ne dure que 20 minutes.
Comment traiter un ulcère digestif ?

Traiter un ulcère revient donc à traiter la bactérie Helicobacter pylori. Avant cette découverte, on ne pouvait pas parler de guérison puisque les récidives étaient quasiment systématiques. Aujourd'hui, le traitement consiste à éradiquer la bactérie et à bloquer la sécrétion d'acide dans l'estomac grâce à des anti-ulcéreux.
SI la présence d'Helicobacter pilori est confirmée, une quaditrthérapie à base d'un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) comme l'ésoméprazole, et d'antibiotiques (metronidazole, clarythromycine et amoxicilline) peut être prescrite durant 14 jours. Autre option : 10 jours de quadithérapie comportant des sels de bismuth, de l'omeprazole (IPP), une tétracycline et du métronidazole.
Si la bactérie Helicobacter pylori n'est pas retrouvée, le traitement comporte un inhibiteur de la pompe à protons comme l'ésoméprazole ou l'omeprazole durant quatre semaines, éventuellement suivi d'un traitement d'entretien à demi-dose.
Helicobacter pylori : une bactérie encore mystérieuse

C'est l'une des infections les plus fréquentes au monde : l'infection par Helicobacter pylori, une bactérie qui s'attaque à la muqueuse de l'estomac, et qui concerne la moitié de la population mondiale. Elle est plus fréquente dans les pays en voie de développement (70 %) que dans les pays développés (30 %).
Helicobacter pylori est ainsi responsable de gastrites (une inflammation de la paroi de l'estomac) et d'ulcères digestifs chez une personne sur dix atteintes de gastrite. On sait désormais qu'elle joue également un rôle dans la survenue du cancer gastrique.
Pour en venir à bout, une quadrithérapie de 10 à 14 jours est nécessaire. Autrement dit, l'association de trois médicaments (trois antibiotiques et un inhibiteur de l'acidité gastrique, appelé "inhibiteur de pompe à protons").
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