Se débarrasser de ses phobies

Comment vient-on à bout d'une phobie ? Peurs des araignées, des serpents, de la foule... la phobie est la maladie psychologique la plus fréquente. On estime que 5 à 25% de la population souffrirait de phobie. Ni caprice, ni manque de maîtrise, elle est tout simplement incontrôlable.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Se débarrasser de ses phobies

Phobie : une peur irraisonnée

Marina Carrère d’Encausse et Benoît Thevenet expliquent les phobies.
Marina Carrère d’Encausse et Benoît Thevenet expliquent les phobies.

Les phobies peuvent déboucher sur des crises de panique et devenir vraiment handicapantes, quand il faut éviter absolument d'être confronté à l'objet de ses angoisses.

En cas d'arachnophobie (la peur des araignées), la simple vue d'une araignée active dans le cerveau une partie que l'on appelle les amygdales. Elles détectent ce qui paraît menaçant et alertent le système de défense, en déclenchant une cascade d'événements. Résultat : on transpire, le rythme cardiaque s'accélère et les muscles se contractent, comme pour préparer la fuite. Ce n'est qu'une fois que le corps est mis en alerte que les amygdales avertissent une autre partie du cerveau : le cortex préfrontal. Il analyse l'objet de notre peur et l'évalue.

Quand on est phobique, le mécanisme qui déclenche la peur est amplifié. Cette peur devient incontrôlable et disproportionnée comparée aux risques encourus. Car dès que les amygdales détectent l'objet de la phobie, elles envoient en permanence des alertes. Du coup les centres nerveux qui sont censés analyser le message, sont comme noyés. Ils ne parviennent pas à tempérer et à contrôler cette peur. La phobie crée ce que l'on appelle une anxiété chronique.

Phobie spécifique ou phobie complexe ?

Marie a une phobie : la mort
Marie a une phobie : la mort

Les psychiatres distinguent plusieurs types de phobies : les phobies spécifiques et les phobies complexes.

La phobie spécifique est une peur irraisonnée d'une chose ou d'une situation précise. Le plus souvent, il s'agit d'animaux (chiens, souris, araignées...), de l'avion ou encore des hauteurs, mais on dénombre plusieurs centaines de causes différentes.

Les phobies complexes, comme les phobies sociales ou l'agoraphobie, sont caractérisées par d'autres symptômes, outre la peur, comme une anxiété chronique ou une mauvaise estime de soi.

L'agoraphobie désigne la peur de la foule, mais pas seulement. Selon les psychiatres, c'est la crainte d'être dans un endroit d'où il est difficile de s'échapper. Les agoraphobes limitent leurs déplacements ou bien se font accompagner par peur d'avoir une crise de panique.

Les phobies sociales, elles, se traduisent par la crainte irrationnelle de l'autre : peur d'entamer une conversation, de participer à de petits groupes, d'affronter toute situation sociale... Les personnes qui en souffrent ne peuvent y échapper. Elles rougissent, tremblent des mains, et peuvent même être sujettes à des nausées.

Stress et angoisses. Quel que soit leur type, les phobies provoquent un stress et une angoisse intenses. Les malades cherchent à éviter à tout prix l'objet ou l'endroit qui les paniquent, ils modifient leur comportement et adoptent souvent un rituel pour gérer leur angoisse. C'est ce que les psychiatres appellent une conduite d'évitement.

Les répercussions sur leur vie socioprofessionnelle sont très lourdes et les phobies peuvent conditionner la vie de ceux qui en souffrent.

Traitements médicamenteux ou thérapies ?

Les phobiques souffrent d'une mauvaise estime de soi, d'un manque de confiance qui les pousse à se renfermer sur eux-mêmes. Pour soulager les phobies sociales, les médecins prescrivent des bêtabloquants ou des antidépresseurs, qui permettent de lever les inhibitions en société.  Les anxiolytiques doivent être d'usage exceptionnel.

Les thérapies comportementales sont indiquées pour soigner toutes les phobies. Certains psychiatres exposent d'emblée les patients phobiques à l'objet de leur phobie, d’autres passent par des paliers. C'est ce que l'on nomme l'exposition et la désensibilisation.

L'hypnothérapie (voir ci-dessous) peut être intéressante et les jeux de rôle sont indiqués en cas de phobie sociale.

La thérapie virtuelle est une nouvelle méthode qui permet d'exposer le patient à l'objet de sa peur, de manière virtuelle. Equipé d'un casque, il se trouve au cœur d'une scène virtuelle qui reproduit la situation de phobie.

L'environnement, aussi bien sonore que visuel, est reconstitué et le thérapeute contrôle l'apparition et l'intensité de la situation phobique. Progressivement, le patient apprend ainsi à faire face à sa phobie.

Vaincre sa phobie : la thérapie virtuelle

Peur des araignées, du vide, de l'avion ou encore de la foule… au point de paniquer et d'être paralysé par l'angoisse. La phobie est une crainte démesurée et irrationnelle.

Quand on a peur du vide, les thérapies comportementales peuvent utiliser les images virtuelles. C'est un peu comme un jeu vidéo où le patient est exposé progressivement à des situations qu'il redoute.

"Une partie de la thérapie consiste à exposer le patient aux situations qu'il évite en général. L'exposition ne peut pas se faire brutalement sinon vous allez traumatiser le patient. Il faut le faire avec douceur et l'exposer tout doucement aux situations qu'il redoute", explique le Dr Eric Malbos, médecin psychologue. Et pour éviter la panique, les patients apprennent des techniques de relaxation et de gestion des émotions. Ils doivent les appliquer en situation.

"Le rôle du thérapeute est essentiel, il y a une véritable discussion pendant la réalité virtuelle et son exposition à un avion, à un ascenseur, à une autoroute virtuelle… Le patient va parler au thérapeute, il va demander ce qu'il doit faire, il va demander de l'aide… Il y a ainsi un véritable dialogue qui s'installe et le patient peut parler et discuter de ses pensées", note le Dr Malbos.

La thérapie virtuelle est une technique sans danger qui permet de tromper nos sens et d'exposer régulièrement les patients à leurs phobies. Il faut entre huit et quatorze séances pour obtenir de bons résultats.

Vaincre ses phobies grâce à l'hypnose

Comment se déroule une séance d'hypnose ?
Comment se déroule une séance d'hypnose ?

Une des solutions pour essayer de se débarrasser de sa phobie, c'est l'hypnose. Il faut en général plusieurs séances.

L'hypnose a pour objectif de plonger le patient dans un état entre la veille et le sommeil. Un état qui va détendre le patient, en diminuant rapidement l'impact des agents stressants. Un travail peut alors être réalisé pour libérer les tensions du patient face à un blocage ou à sa phobie.

Un stage pour vaincre sa peur de l'avion

Un simulateur de vol pour vaincre sa peur de l'avion
Un simulateur de vol pour vaincre sa peur de l'avion

Pour les personnes qui souffrent d'aérodromophobie (la peur de l'avion), il est possible de suivre des stages pour se défaire de cette angoisse.

Le stage est spécialement conçu pour les personnes qui ont peur de prendre l'avion. Les peurs dans l'avion sont multiples, souvent basées sur de fausses idées : peur du crash, peur de prendre l'avion, peur des turbulences, peur des pannes moteurs, des orages… Un entretien psychologique permet de mieux cerner les causes et les manifestations des peurs du passager et de juger de son état général d'anxiété.

"On ne lutte pas contre la peur. On transforme la phobie en peur rationnelle. Et on apprend à gérer les effets de cette peur pour être bien et passer des vols de plus en plus tranquille et zen", explique Dominique Bodin, formatrice. Lors du stage, les participants ont également un entretien avec un pilote instructeur dont le rôle est de donner des informations techniques sur le fonctionnement de l'avion. Quand on connaît, on a moins peur.

La dernière partie du stage est une simulation de vol. Une manière pour les stagiaires de s'approprier l'objet de leur phobie. Décollage dans le brouillard, turbulences, panne moteur et incendie… ces situations angoissantes pour les passagers sont reproduites par le simulateur. Une opération transparence qui permet aux passagers de désamorcer certaines de leurs peurs. 80% des participants à ce stage arrivent à prendre un avion dans les trois mois.

Méditer pour faire face à ses peurs

Peur irrationnelle et incontrôlable du vide, des chats, des araignées, des ascenseurs, de l'avion... au point de paniquer et d'être paralysé par l'angoisse, c'est ce qu'on appelle une phobie. Un trouble anxieux relativement répandu, puisqu'en France une personne sur dix en souffrirait.

Parmi les moyens qui permettent d'apprendre à dépasser ses peurs, il y a la pratique de la méditation. Certains psychiatres utilisent en effet la méditation comme outil thérapeutique. L'objectif des séances est d'aider les patients à apprivoiser leurs peurs. Être à l'écoute de ses sensations corporelles et de sa respiration permet au patient de se recentrer et de se sentir en sécurité dans l'instant présent.

"La peur est une émotion qui nous alerte d'un danger. Avec les exercices de méditation, comme on revient en arrière, on réactive un peu le stress et la réaction de stress pour la réactualiser mais aussi pour s'en détacher car on devient témoin et on apprend à être témoin de cette peur sans que cela soit dangereux. Et ainsi, petit à petit le niveau de la peur diminue", explique le Dr Christine Barois, psychiatre.

Pour commencer à voir les effets de la méditation, les professionnels conseillent de méditer environ 30 minutes par jour.

Vertige : un stage pour dépasser la peur du vide

Parmi les peurs ou phobies très répandues, il y a la peur du vide. Pour la vaincre, des thérapies existent et des stages anti-vertige peuvent aussi être proposés. Créé par un guide de haute-montagne, ces stages permettent de se confronter à sa phobie dans l'espoir de mieux l'apprivoiser.

Tête qui tourne, nausées, faiblesse dans les jambes... ces symptômes sont bien connus des stagiaires. Pour les aider à dépasser leur peur, des exercices de relaxation sont proposés avec pour objectif se concentrer sur ses sensations corporelles pour mieux gérer les émotions. Et soutenus par le regard bienveillant et compréhensif des autres, ils réussissent petit à petit à repousser leurs limites.

"Tout le travail consiste à se libérer de l'emprise que le vide a sur nous. Et pour se libérer de ce vide, on ne peut pas se battre contre lui, on ne peut pas se battre contre nos émotions, mais on revient à l'intelligence du corps qui va être un support physique mais aussi de détente et d'harmonie", explique Patrick Thias Balmain, coach.

Après les exercices de relaxation, les participants sont invités à s'approcher du vide. Et les progrès sont remarquables. Au fur et à mesure du stage, les participants reprennent doucement confiance en eux et sont capables d'affronter des paysages de plus en plus vertigineux. En moyenne, il faut entre un et trois week-ends pour apprivoiser sa peur du vide.