Insuffisance cardiaque : un traitement 20% plus efficace

Selon les résultats d'une vaste étude clinique rendus publics le 30 août, un traitement expérimental de l'insuffisance cardiaque permettrait de réduire la mortalité à deux ans de l'ordre de 20%, en comparaison avec les thérapies de référence actuelles.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Un nouveau traitement contre l'insuffisance cardiaque - Entretien avec le Pr Jean-Noël Fabiani, chef du service de chirurgie cardio-vasculaire à l'hôpital européen Georges-Pompidou (Paris)
Un nouveau traitement contre l'insuffisance cardiaque - Entretien avec le Pr Jean-Noël Fabiani, chef du service de chirurgie cardio-vasculaire à l'hôpital européen Georges-Pompidou (Paris)

Les données des derniers essais cliniques concernant une molécule du nom de LCZ696 ont été dévoilés par le laboratoire Novartis ce 30 août 2014, lors du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) de Barcelone. Publiés simultanément dans la revue médicale New England Journal of Medicine, ces résultats s'avèrent particulièrement encourageants.

Menée auprès de 8.442 patients dans 47 pays suivis durant 27 mois, l'étude visait à évaluer l'innocuité et l'efficacité de ce traitement chez des sujets souffrant d'insuffisance cardiaque, en comparaison avec ceux soignés avec l'enalapril (Renitec®, Vasotec®), le traitement de référence actuel. A la fin de cette période d'observation, 21,8% des participants traités avec le LCZ696 sont morts d'insuffisance cardiaque et 26,5% chez ceux traités avec l'enalapril.

Une nouvelle molécule très efficace

La nouvelle molécule s'avère donc de 11% à 29% plus efficace que l'enalapril en termes de mortalité cardiovasculaire. La mortalité globale (toute causes confondues) des patients s'est avérée 16% inférieure dans les groupes utilisant la nouvelle molécule.

"[Je pense que] nous allons assister à un changement complet dans le traitement de l'insuffisance cardiaque", a estimé le Dr Milton Packer, un professeur de sciences cliniques à l'Université de Dallas, l'un des principaux auteurs de l'étude.

Concernant les effets secondaires de la LCZ696, les chercheurs ont relevé davantage d'hypotension que l'enalapril, mais moins de problèmes rénaux.

Pour le professeur Albert Hagège, chef du département de cardiologie de l'Hôpital européen Georges-Pompidou, joint à Barcelone par Allodocteurs.fr, les résultats présentés sont "en béton armé". "Ce traitement va remplacer sous peu l'enalapril, prescrit à plus de 90% des patients souffrant d'insuffisance cardiaque", estime-t-il.

Un traitement cher

Novartis avait annoncé en mars dernier qu'il mettait fin à cet essai clinique plus tôt que prévu car le traitement était nettement supérieur à l'enalapril, le médicament le plus utilisé actuellement contre l'insuffisance cardiaque, l'hypertension et des dysfonctionnements du ventricule gauche du cœur.

Le laboratoire prévoit de déposer des demandes d'autorisation de mise sur le marché auprès de l'agence américaine des médicaments (FDA) d'ici fin 2014 et auprès de son équivalent de l'Union européenne début 2015.

Ce nouveau traitement (LCZ696) va probablement être cher, selon l'analyste Tim Anderson, de la firme Sanford C. Bernstein, cité dans le New York Times. Selon lui, ce traitement pourrait coûter sept dollars par jour aux Etats-Unis ou 2.500 dollars par an alors que les versions génériques des autres traitements contre l'insuffisance cardiaque peuvent revenir à 4 dollars par jour.

Source : Angiotensin–Neprilysin Inhibition versus Enalapril in Heart Failure J.J.V McMurray et coll, NEJM 30 août 2014, doi:10.1056/NEJMoa1409077 

En savoir plus sur l'insuffisance cardiaque :

L'insuffisance cardiaque, qui empêche le cœur de pomper suffisamment de sang dans les organes, entraîne un manque de souffle, de la fatigue et une rétention de liquide dans les membres inférieurs.

Selon des données mises en avant par le laboratoire Novartis, en dépit des traitements existants, le taux de mortalité de l'insuffisance cardiaque demeure élevé, avec jusqu'à 50% des patients décédant dans les cinq ans après le diagnostic. Cette pathologie affecterait au moins 26 millions de personnes dans le monde.