Grand froid et médicaments : les précautions à prendre

Notre organisme a du mal à s'adapter au froid, notamment celui des malades chroniques ou des personnes sous traitement. Et les faibles températures altèrent l'efficacité de plusieurs médicaments.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Plusieurs familles de médicaments agissent au niveau du cerveau et risquent d'interférer avec la régulation thermique
Plusieurs familles de médicaments agissent au niveau du cerveau et risquent d'interférer avec la régulation thermique  —  Shutterstock

Qu'ils soient spécialistes en cardiologie, en pharmacologie ou en médecine interne, tous les scientifiques rappellent en cœur la règle d'or : "c'est du bon sens, lorsqu'on est malade et qu'il fait très froid, il faut surtout éviter de sortir !".

Le froid, c'est du sport !

Ceux dont le cœur est fragile, déjà habituellement essoufflés par un effort modéré, sont en première ligne. La lutte contre le froid par l'organisme représente en effet l'équivalent d'un exercice physique. Les vaisseaux sanguins de la peau se contractent très rapidement pour limiter la perte de chaleur et le rythme cardiaque s'accélère. Tout se joue dans les premières minutes passées à l'extérieur. Une escapade de "cinq minutes seulement" n'est donc pas anodine.

Et si la sortie est vraiment nécessaire ? "L'important est d'essayer de limiter au maximum la brutalité de la variation de température au niveau de la peau", explique le Pr Jean-François Toussaint, physiologiste à l'Hôtel-Dieu. Autrement dit, il faut se couvrir de façon appropriée avec plusieurs épaisseurs de vêtements et une attention particulière pour la tête, les pieds et les mains. Créer une sorte de progressivité peut aussi aider l'organisme à s'habituer plus doucement, en ouvrant la porte sans sortir par exemple. Des précautions qui valent aussi pour les nourrissons et les personnes âgées.

Attention à certains traitements 

Un appel à la vigilance s'impose aussi pour les personnes dont les traitements peuvent perturber les mécanismes par lesquels l'organisme conserve une température constante. Les médicaments contre l'hypertension freinent par exemple la capacité des vaisseaux périphériques à se contracter pour éviter le refroidissement du corps. Un effet également généré par les vasodilatateurs et les dérivés nitrés (utilisés pour traiter la crise d'angine de poitrine).

Plusieurs familles de molécules qui agissent au niveau du cerveau risquent aussi d'y interférer avec la régulation thermique, commandée par l'hypothalamus. Il s'agit de certains anti-épileptiques, antidépresseurs, neuroleptiques, barbituriques et benzodiazépines prescrits par les neurologues ou les psychiatres. Ils peuvent par exemple inhiber le déclenchement des frissonnements et ainsi aggraver une hypothermie en cas de grand froid.

Il faut donc alors être conscient de cette cause de fragilité supplémentaire, pour soi-même mais aussi et surtout pour ses proches les plus fragiles.

La vasoconstriction (contraction des vaisseaux) liée au froid peut par ailleurs modifier l'absorption, la diffusion, la métabolisation ou l'élimination de certains médicaments par l'organisme, comme les sels de lithium utilisés pour les troubles bipolaires, la digoxine utilisée dans le traitement de l'insuffisance cardiaque et des anti-épileptiques. D'autres peuvent altérer la vigilance et ainsi la capacité à lutter contre le froid (sédatifs, benzodiazépines et apparentés).

Sont également concernés les traitements de l'hyperthyroïdie, la thyroïde intervenant directement dans la régulation thermique de l'organisme.

Quelle conséquence pour la conservation des médicaments ?

Dans tous les cas, demandez l'avis de votre médecin et respectez les principes de conservation du médicament indiqués sur la notice. Les médicaments à conserver entre +2 °C et +8 °C résistent au froid sans conséquence pour leur stabilité. Les médicaments à conserver à température ambiante ou inférieure à 25 °C ou 30 °C peuvent être exposés au froid quelques heures sans dommage.

Attention toutefois aux médicaments liquides qui ne doivent pas être congelés. Enfin, les traitements qui comportent une mention "ne pas réfrigérer" ou "ne pas congeler" peuvent également être altérés par une exposition au froid.

Conservation et utilisation des lecteurs de glycémie en cas de froid : mode d'emploi

Les bandelettes et les solutions de contrôle peuvent être altérées par une exposition prolongée à des températures inférieures à 4 °C ou à de fortes variations de température. Elles doivent être transportées dans des emballages isothermes en plus de leur emballage d'origine et ne doivent pas être utilisées après une exposition au gel.

Les lecteurs de glycémie ne doivent pas non plus être exposés aux températures très basses ni aux fortes variations de température.

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