Voici pourquoi les intolérances alimentaires augmentent avec l'âge
Si certains aliments vous semblent de plus en plus difficiles à digérer à mesure que vous prenez de l'âge, c'est normal ! L'intestin subit en effet plusieurs modifications au fil des années. Explications.

Ballonnements, mauvaise digestion, inconfort... les intolérances alimentaires occupent de plus en plus de place dans nos vies, surtout après 45 ans. Mais quelle est l'explication médicale derrière ce phénomène ?
Le fonctionnement normal du système digestif repose sur une barrière intestinale naturellement semi-perméable : elle permet le passage des nutriments essentiels tout en empêchant l’entrée de toxines, de pathogènes et de molécules mal digérées. Cette fonction est assurée par des jonctions serrées entre les cellules de l’intestin et par un microbiote intestinal équilibré qui soutient la santé de cette barrière.
Une barrière intestinale de plus en plus perméable
Mais les choses se compliquent avec les sucres dits "complexes et fermentescibles". Ces sucres aussi appelés "FODMAPs" sont en temps normal partiellement digérés dans l’intestin grêle. Et ce qui reste est fermenté par le microbiote dans le côlon, entraînant la production normale de gaz et de molécules bénéfiques pour l’équilibre intestinal.
Chez une personne jeune et en bonne santé digestive, la barrière intestinale fonctionne de manière optimale, le microbiote est diversifié, et la digestion des sucres est silencieuse, sans provoquer de symptômes. Mais avec l'âge, plusieurs modifications apparaissent au niveau intestinal. Tout d’abord, la barrière intestinale devient plus perméable : elle régule moins efficacement le passage de l’eau et d’autres molécules, ce qui peut provoquer une alternance de selles liquides et de constipation.
Le microbiote perd en diversité et en qualité
L’âge, aggravé par les maladies chroniques et les médicaments (antibiotiques et anti-inflammatoires), perturbe aussi le microbiote. Il perd en diversité, avec une diminution des bactéries bénéfiques et une prolifération de bactéries potentiellement délétères.
Enfin, les sucres fermentescibles FODMAPS sont moins bien digérés, ils vont s’accumuler au niveau du côlon et fermenter, provoquant des ballonnements et des douleurs abdominales.
Ces perturbations sont particulièrement marquées chez les femmes autour de la ménopause. La principale responsable étant la baisse des œstrogènes. Cette chute hormonale altère à la fois la composition du microbiote intestinal et fragilise la perméabilité de la barrière intestinale provoquant une hypersensibilité viscérale.
Quels sont les aliments à éviter ?
Les aliments déclencheurs sont principalement ceux riches en FODMAPs : les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges...), certains fruits (la pomme, la poire, la pastèque, la cerise ou encore la mangue, riches en fructose ou en polyols), certains légumes (l’oignon, l’ail, le chou-fleur, la tige du brocoli, les artichauts, les asperges ou encore le poivron rouge) sont parmi les plus fermentescibles.
Les produits laitiers riches en lactose (lait, yaourts et fromages frais), les édulcorants, comme le sorbitol et le mannitol dans les bonbons “sans sucre” ou certains desserts allégés, peuvent eux aussi accentuer la fermentation intestinale et déclencher douleurs et diarrhées.
Identifier les aliments à risque et chouchouter son microbiote
Mais attention à ne pas recourir à une éviction totale de ces aliments. Chaque personne doit suivre une approche personnalisée. Il est utile de tenir un carnet alimentaire pour identifier progressivement les aliments responsables des symptômes. Dans certains cas, une réduction ciblée de certains aliments est nécessaire. Le protocole pauvre en FODMAPs, encadré par une diététicienne, propose une phase d’éviction temporaire de seulement quelques semaines, suivie d’une réintroduction progressive pour retrouver la meilleure diversité alimentaire possible.
Vous pouvez aussi guider votre démarche sans tomber dans une exclusion excessive en utilisant des répertoires précis d’aliments classés selon leur teneur en FODMAPs. Pour éviter ces intolérances et pour restaurer l’équilibre intestinal, "travaillez" votre microbiote : privilégiez les fibres solubles (légumes cuits, avoine, graines de chia), consommez des probiotiques ciblés que votre professionnel de santé peut vous prescrire, gérez le stress, qui aggrave l’hypersensibilité intestinale, et enfin maintenez une activité physique régulière, car le mouvement possède lui aussi un effet bénéfique sur le microbiote.