Une femme meurt à cause d'un foetus calcifié qu'elle portait depuis neuf ans

Une réfugiée congolaise de 50 ans est décédée aux États-Unis de malnutrition aiguë, à cause d'un lithopédion, un foetus calcifié qu'elle portait depuis neuf ans dans son ventre.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
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Un lithopédion porté pendant 18 ans par une femme, autopsié en 1851 et exposé au Musée Flaubert et d’histoire de la médecine à Rouen
Un lithopédion porté pendant 18 ans par une femme, autopsié en 1851 et exposé au Musée Flaubert et d’histoire de la médecine à Rouen  —  Frédéric BISSON / Flickr

C'est un phénomène très rare, mais bien connu. Le lithopédion désigne un foetus issu d'une grossesse extra-utérine, dont le coeur cesse de battre, cesse de se développer puis qui se calcifie dans le corps de sa mère. 

"C'est une complication extrêmement rare de la grossesse, elle peut rester asymptomatique ou présenter des symptômes gastro-intestinaux et/ou génito-urinaires", détaille la revue scientifique BMC Women's Health, qui rapporte le cas d'une femme de 50 ans, morte de malnutrition à cause d'un lithopédion.

Un inconfort et des troubles digestifs

Cette patiente présentait effectivement "des symptômes chroniques de douleur et d'inconfort abdominaux" ainsi que des troubles de la digestion, explique la revue qui revient sur le passé difficile de la femme. 

Alors qu'elle est enceinte de son neuvième enfant, elle constate moins de mouvements de la part du foetus. La femme congolaise, forcée de fuir d'abord au Burundi dans sa jeunesse, s'est présentée au centre de santé du camp de réfugiés en Tanzanie, pays dans lequel elle a fondé sa propre famille. Dans ce camp, on l'informe que le coeur de son foetus ne bat plus.

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Accusée d'avoir "tué le bébé"

"Elle a reçu l'ordre de rentrer chez elle et d'essayer de « délivrer » le fœtus et de revenir dans deux semaines si rien ne se passait spontanément. Elle est retournée à l'établissement de santé conformément aux instructions, mais a été accusée « d'avoir pris de la drogue » et « d'avoir tué le bébé »", rapporte le BMC Women's Health. 

Traumatisée par ces accusations, la femme refuse une intervention pour retirer le foetus. "Elle est rentrée chez elle pour prier et a refusé de retourner à la clinique jusqu'à l'autorisation sanitaire obligatoire six mois avant le départ pour la réinstallation aux États-Unis", poursuit la revue.

Victime de malnutrition sévère

Une fois aux États-Unis, la femme s'est rendue aux urgences en raison de nausées et de vomissements. C'est là que des examens ont été réalisés, montrant le lithopédion. Les médecins estiment que le foetus avait 28 semaines lorsqu'il a cessé de se développer et a commencé à se calcifier. Ils préconisent alors une intervention chirurgicale à la femme pour le retirer. Persuadée avoir été victime d'un "sort" que quelqu'un lui aurait jeté en Tanzanie et toujours marquée par les événements dans ce pays, elle continue de refuser l'opération.

"Malheureusement, elle est décédée chez elle 14 mois après sa réinstallation d'une malnutrition sévère dans un contexte d'occlusion intestinale récurrente et de peur persistante de se faire soigner", déplorent les auteurs de l'étude de cas. 

Au total, les lithopédions concernent entre 1,5 et 1,8 % des grossesses extra-utérines. Le premier cas a été découvert en France en 1582. Depuis, moins de 300 cas ont été rapportés.

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