Maladie de Lapeyronie : le point sur les traitements

La maladie de Lapeyronie est une courbure de la verge caractérisée par la douleur au début puis une accentuation de la déformation, compromettant parfois la pénétration. La prise en charge reste limitée au grand dam des patients, mais des alternatives voient le jour et pourraient permettre d’éviter ou de faciliter une intervention chirurgicale.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Maladie de Lapeyronie : le point sur les traitements

La maladie de Lapeyronie est une déformation de la verge, caractérisée par des plaques de fibrose (composées de collagène), au niveau de l'enveloppe des corps caverneux. Il s'agit d'une maladie toujours bénigne, sans risque de dégénérescence en cancer.

Les plaques sont responsables d'une perte d'élasticité des tissus et d'une déformation progressive du pénis en érection. "Une prise en charge par un urologue est nécessaire afin d'aider les patients à gérer le handicap sexuel et les difficultés d'érection", explique le Dr Faix, responsable du Comité d'andrologie et de médecine sexuelle de l'Association Française d'Urologie (AFU).

Lorsque la déformation du pénis rend la pénétration douloureuse, ou l'empêche, une intervention chirurgicale peut être nécessaire, uniquement si la maladie a débuté depuis un an et qu'elle est stabilisée depuis au moins trois mois.

Une stratégie limitée dans les formes peu évoluées

Les formes peu évoluées de la maladie sont soignées à l'aide de médicaments à l'efficacité non démontrée ou limitée. D'après le Dr Faix, elles peuvent bénéficier d’un traitement en comprimés, comme la pentoxifyline (Torental®) qui présente des résultats encourageants dans des études préliminaires. Plus classiquement, la vitamine E est utilisée, même si son efficacité n'a pas été démontrée avec certitude.

Autre alternative, les traitements à action locale, qui sont de trois types :  les injections dans les plaques de fibrose (vérapamil ou corticoïdes), la thérapie par la traction du pénis (il s'agit d'un appareil qui agit par  traction mécanique et doit être porté 3 heures par jour pendant trois à six mois) ou l'iontophorèse (les médicaments sont administrés par l'intermédiaire d'un courant électrique). "Néanmoins, les résultats de ces différentes options de traitement restent limités avec une efficacité variable mais au mieux modérée", déplore l'urologue.

En cas de trouble de l'érection, il peut également être très intéressant d'utiliser un médicament facilitateur de l'érection (du type sildénafil,…), et en cas de douleur, un antalgique classique.

Un médicament pour les formes plus sévères

Le Xiapex® répond à une indication très précise : "seules les formes stabilisées de plus d'un an et depuis au moins trois mois, peuvent en bénéficier", précise le médecin. "Le médicament agit en cassant les fibres de collagène de façon très ciblée pour rendre plus souples les zones de fibrose, détaille-t-il. Il va donc diminuer la déformation dans les semaines à venir". Deux à huit injections, sous anesthésie locale, sont nécessaires pour obtenir un résultat ; elles s'effectuent sous anesthésie locale.

Il s'agit du premier médicament autorisé officiellement dans la maladie de Lapeyronie : sorti aux Etats-Unis en décembre 2013 et autorisé en Europe depuis janvier 2015, il  devrait être disponible prochainement en France.

Ce médicament, prescrit depuis deux ans dans la maladie de Dupuytren, est bien supporté par les patients, mais les effets indésirables peuvent être des douleurs, des hématomes, un œdème, exceptionnellement des complications graves à type de rupture de plaque.

"La problématique principale est son cout estimé entre 1.500 et 6.000 euros  selon le nombre de flacons nécessaires, en sachant que la sécurité sociale ne le prend pas en charge", regrette l'urologue.

 

Xiapex®, mode d'emploi

Deux injections sont réalisées à trois jours d'intervalle, dans la zone de fibrose et sous anesthésie locale. En cas d'amélioration, le protocole est recommencé toutes les six semaines, jusqu'à huit injections au total.

"Cela améliore la situation chez 65% des hommes, estime le Dr Faix. C'est une stratégie potentiellement intéressante pour éviter d'opérer dans les formes modérées et faciliter la chirurgie dans les formes plus sévères".