Le vaginisme, quand la pénétration est douloureuse

Le vaginisme est une contraction réflexe des muscles qui entourent le vagin ; la pénétration est alors évitée, du fait de la douleur et de l'angoisse qu'elle provoque. Une prise en charge globale améliore ce trouble altérant la qualité de vie sexuelle et l'estime de soi.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Le vaginisme, quand la pénétration est douloureuse

Le vaginisme est une contraction des muscles qui entourent la partie basse du vagin, et qui rend la pénétration difficile, voire impossible. Les cuisses sont souvent serrées l'une contre l'autre et le corps contracté dans son ensemble. Il s'accompagne d'une grande angoisse de la pénétration, d'une grande détresse, parfois d'un sentiment d'être anormale, ou de honte. Par conséquent,  la pénétration est évitée. Relaté par les sexologues comme un des troubles sexuels féminins les plus fréquents, sa fréquence peine pourtant à être établie avec certitude. Cette réaction réflexe involontaire concernait 6% des femmes[1], d'après une étude française portant sur 519 patientes. La littérature scientifique l'estime entre 5 et 17%.

Bien souvent, les femmes qui souffrent de vaginisme apprécient les rapports et peuvent y prendre du plaisir, tant qu'il n'y a pas de pénétration. Elles l'évitent ce qui diminue l'angoisse mais augmente la culpabilité vis-vis du ou de la partenaire et est parfois source de tension. Dans le couple hétérosexuel, la consultation d'un spécialiste ne se fait pas forcément autour de la contracture, mais plus souvent en raison d'une impossibilité à avoir un enfant.

Le vaginisme peut avoir débuter dès le début de la vie sexuelle, il est alors qualifié de vaginisme primaire, et c'est la forme la plus fréquente. Ou il apparait secondairement, par exemple après un traumatisme psychologique ou sexuel. La contraction peut survenir avec tous ou toutes les partenaires, ou certain.e.s seulement. Elle peut même concerner l'insertion d'un tampon ou d'un doigt, que ce soit dans le domaine sexuel ou médical, comme lors d'un examen gynécologique.

Les dyspareunies, des douleurs à la pénétration

Toutes les douleurs lors de la pénétration ne sont pas dues au vaginisme. On distingue les douleurs au moment où le pénis ou le doigt entre dans le vagin, de celles qui surviennent plus profondément, durant la pénétration. Les premières peuvent être provoquée par des douleurs liées à une infection, une inflammation, une sécheresse vaginale, une épisiotomie. Ces causes, une fois traitées et guéries, peuvent laisser la "mémoire" de la douleur. 

Quant aux dyspareunies profondes, elles sont expliquées par une endométriose, d'un kyste, d'un fibrome, d'un utérus rétroversé, etc. Parfois, la cause est uniquement psychologique, liée à un conflit conjugal ou au rejet du ou de la partenaire, que ce soit de façon consciente ou plus ambivalente). 

[1] Sexual behaviors and mental perception, satisfaction and expectations of sex life in men and women in France. Colson. J Sex Med. 2006 Jan. DOI:10.1111/j.1743-6109.2005.00166.x

Quelles sont les causes du vaginisme?

Rarement, le vaginisme peut avoir une cause organique, telle qu'une malformation, une cloison dans le vagin, un hymen épais et résistant, une chirurgie une infection, un traumatisme, une maladie de Crohn… Le plus souvent, il trouve son origine psychologique, mais se manifeste physiquement avec la contraction des muscles entourant le vagin.

Les facteurs psychologiques en jeu

Le vaginisme est un mécanisme de défense contre l'intrusion du pénis, du doigt ou autre. Le plus souvent, il est lié à la peur de la douleur, de la pénétration, vécue comme agressive (notamment lors de la pénétration d'un pénis). Il s'agit parfois d'une véritable phobie. Il peut être provoqué par une méconnaissance de l'anatomie de son sexe, par la crainte de la grossesse, une problématique relationnelle de couple avec une mésentente. Les traumatismes sexuels (viol, tentative de viol, attouchements) sont également des causes de vaginisme secondaire et le traumatisme devra être pris en charge de façon spécifique.

Lorsque le vaginisme est primaire, on retrouve souvent une éducation stricte, culpabilisant la sexualité ou à une vision péjorative du sexe, d'origine familiale, éducationelle ou liée aux craintes de la mère. Parfois ce sont les parents qui refusent le ou la partenaire, ce qui perturbe la jeune fille et sa sexualité. Dans certains cas, un partenaire maladroit ou inexpérimenté, ne sachant pas comment procéder, favorise le vaginisme.

Un cercle vicieux

La douleur lors de pénétration provoque une appréhension de la prochaine pénétration. Cette appréhension va diminuer encore plus la lubrification, qui facilite habituellement le va et vient du pénis ou du doigt dans le vagin, diminution qui renforce également la contraction réflexe des muscles et donc la douleur. Un véritable cercle vicieux se met en place, qui est d'autant mieux traité qu'il est pris en charge tôt.

Quels sont les traitements du vaginisme ?

Il n'existe pas de médicament pour soigner le vaginisme mais des thérapies, et éventuellement des moyens médicaux, aident les patientes à surmonter la douleur. 

Les différentes thérapies

Elles comportent l'apprentissage de l'anatomie, une thérapie comportementale, psychologique et/ou sexuelle, et parfois une thérapie de couple. Les interlocuteurs vers qui se tourner en cas de vaginisme sont le gynécologue, le kinésithérapeute ou la sage-femme pour la rééducation périnéale, le sexologue et le psychologue.

L'approche sexo-corporelle est tournée vers le corps. Pour modifier le réflexe de la contracture, une meilleure connaissance de l'anatomie féminine est fondamentale, bien souvent les femmes n'ont pas conscience de leur vagin, ni de sa capacité à accueillir le pénis, un doigt ou un sextoy. Expliquer le mécanisme de la contraction réflexe aidera aussi à mieux comprendre son trouble, à ressentir ce phénomène, puis à le modifier.

Les exercices de contraction-décontraction sont recommandés en commençant par les différents muscles du corps (à l'aide d'exercices de sophrologie par exemple), et en finissant par la vulve et le périnée. 

La thérapie fait aussi appel à la kinésithérapie périnéale : la contracture est alors mise en évidence et un travail de rééducation est mis en place, avec l'apprentissage de la décontraction des muscles, et de l'électro-stimulation. La relaxation ou l'hypnose sont aussi d'une grande aide pour apprendre à la patiente à se détendre. 

Si ces approches ne suffisent pas, les dilatateurs vaginaux progressifs peuvent être utilisés, avec du lubrifiant. Cette "désensibilisation systématique" aide à prendre conscience de la cavité du vagin et de sa capacité d'accueil. Les exercices sont toujours très progressifs, pratiqués en douceur et avec bienveillance. Leur but n'est pas de forcer le corps mais peu à peu de lui faire intégrer qu'il est possible de s'abandonner au plaisir sans douleur.

Une psychothérapie peut être nécessaire pour comprendre les ressorts psychologiques, qui ont abouti au vaginisme, et les surmonter.

En parallèle, les rapports avec pénétration sont interdits durant la thérapie, pour les dédramatiser et ôter l'appréhension de la douleur. La sexualité sans pénétration sera enrichie par des conseils pratiques, pour élargir le répertoire sexuel. Le ou la partenaire n'est pas oublié.e dans la prise en charge et participe activement à la thérapie ;  il est fondamental qu'il ou elle ne mette pas de pression de performance. Les difficultés de couple sont elles aussi prises en compte et résolues grâce à une thérapie de couple.

Cet ensemble de moyens aboutit à réconcilier la femme qui souffre de vaginisme avec le plaisir, qui est un excellent anti-douleur.

Moyens médicaux et études scientifiques

Certains traitements médicaux ont été proposés : anesthésiant local, comme la lidocaïne, anxiolytique,… Ils n'ont pas fait la preuve formelle de leur efficacité. 

Concernant la  toxine botulique, les études manquent de méthodologie et donc de fiabilité ; la rééducation périnéale avec électro-stimulation et désensibilisation, a montré sa supériorité sur la toxine botulique, dans un essai clinique randomisé et contrôlé (de petite taille toutefois). 

Les moyens médicaux ne sont donc pas recommandés en premier recours.

En savoir plus : Quells sont les traitements du vaginisme ?

Sources :

[1] Interventions for vaginismus. Melnik. 2012 Dec. doi: 10.1002/14651858.CD001760.pub2.