Pourquoi ai-je mal à la tête quand je fais l'amour ?

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Notre journaliste, Mélanie Morin, a posé ces questions à votre place. Aujourd'hui, il est question d'un mal de tête qui survient lors des rapports sexuels.

Mélanie Morin
Rédigé le , mis à jour le
"J'ai mal à la tête quand je fais l'amour", chronique de Mélanie Morin du 10 septembre 2018
"J'ai mal à la tête quand je fais l'amour", chronique de Mélanie Morin du 10 septembre 2018

Lorsqu'on fait une recherche sur Internet, les "céphalées pendant le coït" génèrent 29.900 résultats et les "Céphalées pendant l'amour" génèrent 138.000 résultats. Le mal de tête pendant les rapports sexuels est donc une réelle préoccupation.

Il est important de distinguer la céphalée et la migraine. La céphalée désigne un mal de tête aux origines variées : il peut s'agir d'un choc ou d'une douleur qui vient d'un mal de cou par exemple, et parfois il n'y a pas de cause. La migraine, elle, est considérée comme une maladie qui se manifeste sous forme de crises avec parfois des symptômes associés comme une sensibilité à la lumière ou des nausées.

Les manifestations et les causes du mal de tête dit "sexuel"

Les spécialistes parlent de "céphalées en coup de tonnerre". La douleur est fulgurante et survient brusquement, elle s'exprime de manière vive, souvent quand la personne approche de l'orgasme. Il existe quelques publications sur le sujet. Un article du British Journal of Medical Practitioners, intitulé "What if the sexual headache is not a joke", fait ainsi référence à une blague récurrente "Pas ce soir chéri, j'ai mal à la tête". Mais dans ce cas, le mal de tête est bien présent et survient à l'issue du rapport sexuel. Les auteurs décrivent une douleur qui part du bas du crâne et qui remonte jusqu'à envahir le devant de la tête et la zone sous les yeux. Concernant sa prévalence, une personne sur cent serait concernée mais les médecins supposent que ce chiffre est sous-estimé car le sujet reste un peu tabou. Les femmes, aussi, y sont confrontées. Cela peut persister de quelques minutes pour les plus chanceux à quelques heures...

Les médecins avancent deux causes. La première est une forte tension musculaire pendant le rapport, tension qui peut venir des cervicales et irradier vers la tête. Généralement, plus la température grimpe, plus on s'approche de l'orgasme et plus ça fait mal, à tel point que les personnes qui en souffrent ont tendance à stopper net la relation sexuelle.

L'autre cause avancée est une augmentation de la pression sanguine dans le cerveau. On parle de "syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible". Pour être bien irrigué, le cerveau est tapissé de vaisseaux sanguins, il arrive que le calibre de ces vaisseaux se dilate puis rétrécisse, se dilate puis rétrécisse de nouveau... On parle de vasodilatation et de vasoconstriction. Ce phénomène est visible à l'imagerie, quand on passe une angiographie, car selon un spécialiste, cela évoque un "chapelet de saucisses"... L'effet est transitoire et régresse en trois mois en moyenne. Si vous arrêtez les rapports sexuels, les symptômes disparaissent si le coït était le facteur déclenchant.

Plus de la moitié des cas sont dus à la prise de certains antidépresseurs, certains médicaments pour traiter les troubles du rythme cardiaque, certains médicaments décongestionnants pour le nez ou encore le cannabis. Il est important de mentionner à votre médecin si vous avez pris ces substances et observé un fort de mal de tête lors d'un rapport.

Dépasser sa pudeur et consulter

Il est nécessaire de consulter mais dans la majorité des cas, ces douleurs, si désagréables soient-elles, restent bénignes. Néanmoins, si le mal de tête se répète lors des rapports sexuels, il faut consulter un neurologue spécialiste des céphalées pour éliminer des problèmes plus graves comme une hémorragie cérébrale.

Pour bien préparer la consultation, notez surtout la fréquence du trouble, les zones de la tête concernées, la durée de la douleur. Des traitements existent, il faut jauger si le phénomène est installé, chronique ou épisodique. Le médecin peut prescrire par exemple des médicaments bêta-bloquants auxquels on a recours pour certaines migraines. Dans près de deux tiers des cas, ces céphalées ne durent qu'un temps et disparaissent. Il est important d'en parler à un sexologue pour ne pas développer de blocage sexuel. Vous pouvez adapter des positions sexuelles pour soulager la nuque par exemple... et pour retrouver des rapports plus sereins.

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr