Des élèves infirmiers de Toulouse victimes d’un bizutage extrêmement violent

Bloqués et attachés pendant plus d’une heure dans un amphithéâtre, ils auraient été recouverts de mousse à raser, de pâtée pour animaux, de copeaux de litière et de soupe de poisson.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Photo : ©CGT CHU Toulouse - Vidéo : entretien avec Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage
Photo : ©CGT CHU Toulouse - Vidéo : entretien avec Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage

"Ce type de pratiques dégradante est intolérable", a déclaré la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal le 6 septembre, en réaction aux révélations sur le bizutage qu’ont subi des élèves infirmiers de Toulouse. D’après la CGT CHU Toulouse en effet, les 250 étudiants en soins infirmiers de première année, réunis dans un amphithéâtre pendant plus d’une heure, ont été soumis à un "bizutage de grande ampleur" mercredi 4 septembre. Le CHU de Toulouse a annoncé deux jours plus tard qu’il ouvrait une enquête interne.

"Je me sentais sale, dans tous les sens du terme"

Une étudiante anonyme, interrogée par l’AFP, évoque des élèves attachés avec du scotch, "certains les mains entre les jambes d'autres". La promotion aurait ensuite été aspergée avec des œufs, de la farine, du ketchup, du vinaigre, de la bétadine, de la mousse à raser, de l'ail, de la pâtée pour animaux, des copeaux de litière et de la soupe de poisson. Même après plusieurs douches, cette étudiante sentait encore l’odeur du mélange sur son corps : "Je me sentais sale, dans tous les sens du terme."

  

         

          

©CGT CHU Toulouse

Certaines jeunes filles se seraient également fait écrire "bizut" sur la poitrine. Les étudiantes "tremblaient, d’autres ont clairement déclaré avoir été humiliées publiquement", souligne la CGT. Le syndicat affirme par ailleurs que les élèves essayant de partir ont été retenus à l’intérieur de l’amphithéâtre. Des faits similaires se seraient déroulés l’année dernière sans qu’aucune mesure ne soit prise par le CHU, ajoute la CGT.

"C’était une ambiance d'humiliation. Il y avait vraiment un truc de domination. Ce n'était pas une situation réciproque, comme par exemple une grande bataille de lancers d’œufs entre promos ", a indiqué à l’AFP Célia, une autre étudiante. "On n'arrêtait pas de nous dire « Nous, on en a mangé plein la gueule l’année dernière, vous allez manger cette année, et vous vous vengerez sur les autres l’année prochaine »", a-t-elle précisé. L’étudiante confie avoir été "sidérée" et "dans un état second".

"C’est impossible qu’une seule personne dans l’école n’ait pas été au courant"

Aujourd’hui, les élèves victimes de bizutage s’interrogent sur le silence du CHU et de l’IFSI (Institut de formation en soins infirmiers). "C’est impossible qu’une seule personne dans l’école n’ait pas été au courant, vu le bruit que ça faisait. Comment l'IFSI a pu tolérer ça alors que depuis trois jours on n’arrête pas de nous parler des valeurs du soignant, de l’empathie, du respect ?" s’interroge Célia.

Pour le moment, les élèves ayant témoigné désirent rester anonymes, car la direction leur aurait interdit de parler de l’événement, même à leur propre famille. "Ils essayent de savoir qui parle. On nous dit « attention, vous savez ça peut avoir des conséquences »", confie Célia. Mais la direction du CHU dément cette information, qui serait "contraire à la loi" et aux "valeurs hospitalières et soignantes". L'établissement a indiqué que des entretiens seraient conduits dès le 10 septembre pour faire la lumière sur cette affaire.