Les hôpitaux français plombés par les emprunts toxiques

Plusieurs hôpitaux français ont contracté des emprunts "toxiques" indexés sur des monnaies étrangères. Avec la flambée du franc suisse, sous l'effet du taux de change, leur dette vient de s'aggraver. La Fédération hospitalière de France (FHF) appelle le gouvernement à la rescousse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec Gérard Vincent, délégué général à la Fédération hospitalière de France (FHF)
Entretien avec Gérard Vincent, délégué général à la Fédération hospitalière de France (FHF)

La Fédération hospitalière de France (FHF) et les conférences hospitalières ont adressé un courrier le 11 février 2015 à François Hollande lui demandant d'intervenir pour que "les intérêts des hôpitaux et des Français ne soient pas sacrifiés au profit des intérêts des banques". Ils jugent "obsolète" et "dérisoire" le fonds de compensation de 100 millions d'euros débloqué en avril 2014 comme contrepartie aux établissements hospitaliers auxquels la loi interdit "d'engager des recours contentieux contre les banques".

Les hôpitaux se sont fortement endettés au cours des années 2000 pour moderniser les établissements qui en avaient besoin. Les autorités les ont incité à emprunter, quitte à recourir à des produits dits "structurés" à risque, les mêmes qui plombent aujourd'hui les comptes de nombreuses collectivités locales.

Le taux d'intérêt de ces crédits varie au fil des ans selon plusieurs modalités. Au départ, le taux est fixe et inférieur aux taux du marché pendant une courte période. Puis il évolue en fonction d'indices qui peuvent être extrêmement volatils, au risque de voir les mensualités exploser. Les crédits sont dits "toxiques" lorsque la formule de calcul des intérêts risque de conduire à une envolée des taux qui peuvent passer de moins de 4% au départ à plus de 30%.

Les emprunts toxiques représentent 1,5 milliards d'euros sur les 30 milliards d'encours de dette des hôpitaux, pour certains indexés sur des monnaies étrangères. Avec la flambée de la monnaie helvète, provoquée par l'abandon mi-janvier du taux plancher de conversion de la Banque nationale suisse, la dette des hôpitaux vient de s'alourdir de 500 millions d'euros selon la FHF.