Les professions libérales contre la réforme des retraites

Aujourd'hui, médecins, infirmiers et kinésithérapeutes ont manifesté tous ensemble. L’objet de leur colère est la réforme des retraites préparée par le gouvernement et la suppression de leur caisse de retraite autonome.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le gouvernement veut doubler le nombre de maisons de santé (910 recensées en mars 2017) sur le quinquennat
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C’est assez rare pour le souligner. Aujourd’hui, médecins, infirmiers et kinésithérapeutes manifestent en ce moment tous ensemble. L’objet de leur colère est la réforme des retraites préparée par le gouvernement. Celle-ci prévoirait de supprimer les caisses autonomes dont bénéficient ces professions. Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France a répondu à nos questions.

Votre profession finance aujourd’hui complètement ses retraites, de manière autonome ?

Jean-Paul Hamon, président FMF : " Oui, nous avons une cotisation qui est indépendante. D’ailleurs depuis 1999, nous avions augmenté nos cotisations et diminué nos prestations pour garantir une pérennité à notre système de retraite, pour préparer l’arrivée de la génération du « papy boom » qui va augmenter le volume des retraites. Donc on a augmenté les cotisations et diminué nos prestations. Et là, ce qu’on est en train de nous annoncer c’est que cet argent que l’on avait économisé, l’Etat va mettre la main dessus : nous allons perdre notre autonomie avec un prélèvement par l’URSSAF (Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales ndlr) ! Donc on voit clairement les intentions de l’Etat qui sont simplement de prendre les réserves de 26 milliards des professions autonomes, nos cotisations ! Donc c’est pour ça que nous sommes là actuellement."

Vous dénoncez l’absence de dialogue ?

Jean-Paul Hamon, président FMF : " Depuis un an, M. Delevoye et son équipe nous parlent de réunions d’information et pas des réunions de négociations. Et maintenant, au bout d’un an nous commençons à voir comment ça va se passer. Nous venons d’ailleurs d’apprendre aujourd’hui que le décret concernant le prélèvement des caisses de retraites par l’URSSAF vient d’être publié ! Donc c’est une concertation à la mode soviétique des pires temps… Pour nous c’est inacceptable et on est dans la rue avec toutes les professions autonomes dont les retraites vont être sinistrées. Car ce que nous dit le gouvernement soit-disant pour nous rassurer ne nous rassure pas du tout et c’est pour ça qu’on est là."

Ca veut dire que vous refusez une certaine forme de solidarité ?

Jean-Paul Hamon, président FMF : "Non, nous faisons déjà des cotisations de solidarité. Il y a aucun problème là-dessus… mais quand on vous dit, en ce qui concerne les médecins, que les cotisations vont baisser de 20% et que les prestations vont baisser de 38%, là il y a de quoi carrément être inquiets !

Et quand vous pensez que la moyenne de retraite des infirmières elle est de 900 euros. On va augmenter les cotisations des infirmières ?! On va fragiliser cette profession dont on a besoin sur le terrain. On va fragiliser les vocations des infirmières libérales et on va aggraver la situation de permanence et de continuité des soins ! Donc nous sommes entièrement solidaires des infirmières, des kinésithérapeutes et des orthophonistes et des avocats qui eux voient également leur cotisation augmenter ! Clairement, les professions libérales de proximité, celles qui vous soignent, celles qui vous défendent sont menacées par ce système de retraite. Avec une concertation à la hussarde et proprement scandaleuse !"