Pourquoi la pénurie de médicaments perdure et quelles solutions existent ?

Depuis plusieurs mois, la France subit une inquiétante pénurie de médicaments, dont certains pourtant vitaux pour de nombreux malades. Comment expliquer cette crise et comment la résoudre ? On fait le point.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Pénurie de médicaments : La crise perdure
Pénurie de médicaments : La crise perdure  —  Le Mag de la Santé - France 5

“On n'était pas contents”, témoignent Jerry et Susie Chaudey, les parents de Lenny, un jeune homme de 13 ans atteint d'une maladie génétique causant un retard de croissance. “Les enfants atteints du syndrome de Noonan et de Turner sont normalement prioritaires, et ont le droit à deux stylos injectables tous les mois”. Mais depuis plusieurs semaines, impossible de mettre la main sur une seule boîte de médicament. Pas le moindre stylo injectable disponible en pharmacie. Les parents, inquiets, sont obligés de suspendre le traitement, car le produit est non substituable pour les enfants atteints de ces troubles.

Le cas de Lenny n’est pas isolé. Depuis quelques jours, les autorités de santé pointent des tensions d’approvisionnement sur les tests de dépistage de la trisomie 21... qui viennent s’ajouter à une liste déjà bien longue : des antibiotiques, des anticancéreux, des antalgiques, des anesthésiques, des anti-arythmiques ou encore des corticoïdes.

"On passe 15 coups de fil aux médecins par jour"

“Ce genre de problèmes est récurrent”, explique Hervé Zibi, pharmacien à Issy-les-Moulineaux. “On passe entre 5 et 15 coups de fil aux médecins par jour pour modifier les traitements. Avec l’habitude, on peut le faire nous-même, lorsqu’on a eu l’accord initial du prescripteur…” Le plus compliqué, selon lui, c’est le stress que cette pénurie provoque chez les gens, notamment les parents. “Lorsqu’ils viennent par exemple chercher des antibiotiques pour leurs enfants malades un samedi après midi, et que le médicament n’est plus disponible, ils doivent attendre le week-end dans l’angoisse”.

Le constat est très clair. Les pharmaciens s’arrachent les cheveux, les patients trinquent... La situation est dure depuis plusieurs mois, et a tendance à empirer. Et l’hôpital n’est pas épargné.

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Comment expliquer ces pénuries ?

“Il y a plusieurs causes”, explique Pascal Paubel, membre de l’Académie de pharmacie. “Des causes internationales, bien sûr, notamment la délocalisation de la production des ingrédients qui entrent dans les médicaments. Cette délocalisation, dans des pays d’Asie à bas coûts, fait que nous ne maîtrisons plus l’approvisionnement de ces matières premières”.

Des raisons plus nationales sont également impliquées. En France, certains médicaments sont beaucoup moins coûteux que dans d’autres pays. Quand il y a des problèmes de tensions de production, les industriels se dirigent naturellement vers d’autres pays, où la marge est un peu plus importante.

Des solutions pour parer au plus pressé

Si rien n’indique une potentielle amélioration, certaines solutions émergent, pour parer au plus pressé. L’idée du gouvernement, émise ce 20 septembre, serait de rendre obligatoire la vente à l’unité de certains antibiotiques en cas de pénurie. Les pharmacies seraient également autorisées à produire quelques médicaments manquants.

Et puis, il y a le système D : en famille ou entre proches, pour faire le tour des officines et armoires à pharmacie... Ou sur les réseaux sociaux. Même si ça représente un espoir, il faut rester vigilant quant à ces approvisionnements sur des circuits parallèles. Car lorsqu'on ne sait pas d’où viennent les médicaments, on ignore aussi ce qu’ils contiennent. Le risque est alors qu’ils soient inefficaces, voire pire : dangereux.