Pollution : les produits ménagers aussi polluants que le trafic routier ?

L’usage de produits ménagers parfumés dégraderait la qualité de l’air intérieur et exposerait à des niveaux de pollution proches de ceux enregistrés autour des axes routiers, s’inquiète une étude.

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Pollution : les produits ménagers aussi polluants que le trafic routier ?
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Un air intérieur aussi pollué que l’air extérieur ? Certains produits nettoyants peuvent générer des polluants qui affectent la qualité de l’air intérieur et la santé, alertent plusieurs chercheurs américains et français.

Dans l’étude qu’ils publient le 25 février dans la revue Science Advances, ils rapportent que cette pollution serait équivalente à celle générée par un trafic automobile

Nanoparticules toxiques

Pour cette étude, les chercheurs ont nettoyé le sol d’une pièce fermée avec un produit d’entretien désinfectant et parfumé. Ils ont ensuite analysé la nature et la quantité des particules en suspension dans l’air dans les minutes qui ont suivi le nettoyage.

Résultat : après le ménage, l’air intérieur contenait des particules fines polluantes susceptibles d’être inhalées et de se loger dans les voies respiratoires. 

Comment l’expliquer ? Les produits nettoyants parfumés, surtout ceux qui promettent une odeur de pin ou d’agrumes, contiennent des molécules appelées monoterpènes.

Problème, ces monoterpènes réagissent avec l’ozone déjà présent en petite quantité dans l’air. Et cette réaction produit des nanoparticules toxiques semblables à celles émises par le trafic automobile. 

L’équivalent de six heures dans une rue passante

Ainsi, selon les chercheurs, une personne qui nettoie son sol avec ces produits parfumés inhalerait entre un et 10 milliards de particules fines par minutes. Des quantités équivalentes à celles inhalées par une personne qui resterait plusieurs heures dans une rue très passante.

"En d’autres termes, l’exposition à l’air intérieur après le nettoyage du sol pendant 1h30 est équivalente à l’exposition à l’air à proximité d’une voie urbaine pendant 1h30 à six heures", révèlent les chercheurs dans leur publication. 

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Une exposition en hausse à cause du covid

Un constat particulièrement inquiétant pour les agents d’entretien, "qui passent un temps considérable chaque jour de travail à nettoyer des surfaces dans des environnements intérieurs" notent-ils encore.

D’autant que cette exposition a été renforcée depuis la pandémie de covid, car des produits de nettoyage à base de monoterpènes, comme celui utilisé dans cette étude, se sont révélés efficaces pour détruire le coronavirus et sont donc régulièrement utilisés. 

Privilégiez les nettoyants naturels

Que faire alors pour limiter cette pollution ? La première idée est d’aérer la pièce lorsqu’on la nettoie. Mais si l’air extérieur est pollué, la concentration en particules toxiques dans l’air intérieur aura du mal à diminuer.

Une autre solution consiste simplement à ne pas utiliser de produits de nettoyage parfumés qui contiennent des monoterpènes, comme du limonène, du pinène, du camphène, du myrcène ou encore du 3-carène. Optez plutôt pour des produits naturels. Et pour bien les choisir, la règle est simple : la liste d’ingrédients doit être la plus courte possible. 

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