La canneberge pour prévenir les cystites : la fin d'un mythe

La canneberge (ou "cranberry", en anglais) est traditionnellement reconnue depuis des générations pour ses vertus traitantes et préventives contre les infections urinaires. Des chercheurs britanniques ont épluché les résultats de plusieurs études menées dans le monde entier : aucun réel effet ne serait prouvé.

Stéphanie Rathscheck
Rédigé le , mis à jour le
La canneberge pour prévenir les cystites : la fin d'un mythe

Boire du jus de canneberge (ou "cranberry") dès que les premiers signes de la cystite se font ressentir ou en cure préventive... Mesdames, ce conseil de grand-mère, vous l'avez certainement déjà entendu et vous en êtes peut-être une adepte. Depuis des dizaines d'années, le jus de cette baie est conseillé pour soigner les infections urinaires bénignes.

La majeure partie du temps, ces infections sont dues à des bactéries précises, comme l'Escheria coli, qui se fixent dans l’'rêtre et sur les parois de la vessie (on parle alors de cystite). Une inflammation rend alors la zone très douloureuse, surotut pendant la miction (le fait d'uriner).

En théorie, la cannegerge contient des principes actifs qui empêchent les bactéries de se fixer : il s'agit du fructose et des proanthocyanidines. Aujourd'hui, la canneberge et ses bienfaits supposés sont à l'origine d'un commerce juteux. Des gélules de concentré de canneberge sont vendues par des laboratoires médicaux et des firmes de phytothérapie. Mais dans une publication, la très sérieuse revue Cochrane britannique, remet en question l'efficacité de ce traitement préventif.

Aucune réelle baisse des manifestations

Si vous êtes accro à ces traitements naturels, vous allez être déçue. Des chercheurs scientifiques de la revue ont étudié les conclusions de 24 études menées en tout sur près de 4 500 participantes.

Certaines portaient sur le jus de fruit, d'autres sur les gélules… A chaque fois, les femmes étudiées étaient comparées à un groupe ne prenant aucun traitement, un placebo, buvant beaucoup ou sous traitements antibiotiques. D'après ces études, la prise régulière de canneberge ne réduirait pas la fréquence des infections chez les patientes qui font une à deux infections par an.

Un intérêt très léger a toutefois été remarqué chez les femmes qui souffrent de cystites chroniques, mais seulement quand le principe actif de la canneberge est suffisament dosé (36 mg PAC/jour). Les chercheurs rappellent surtout qu'il faut respecter quelques principes de prévention classiques lors d'un terrain sensible aux infections urinaires, comme boire beaucoup d'eau, ne jamais se retenir jusqu'au dernier moment pour uriner, uriner systématiquement après les rapports sexuels et avoir une bonne hygiène intime.

Les gélules de cranberry restent des compléments alimentaires, ce ne sont pas des médicaments. La cranberry ne traite pas la crise de cystite. Selon le Pr. François Haab, urologue, "on ne peut pas parler de traitement, voire même de prévention en théorie, puisqu'on est dans le domaine du complément alimentaire".

Source : "Cranberries for preventing urinary tract infections", Ruth G Jepson, The Cochrane Library, 17 octobre 2012.

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