Pollution : quand le sport fait plus de mal que de bien

D'après Greenpeace, les concentrations de dioxyde d’azote autour de six terrains de football à Lyon, Marseille et Paris dépassent les valeurs limites autorisées.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
Aux alentours de six terrains de football en plein air à Lyon, Marseille et Paris, la concentration de dioxyde d’azote dépasse les limites européennes.
Aux alentours de six terrains de football en plein air à Lyon, Marseille et Paris, la concentration de dioxyde d’azote dépasse les limites européennes.  —  © Innovation_School on Visualhunt

"Lorsqu’on joue au foot, l’adversaire, c’est aussi la pollution de l’air", écrit Greenpeace dans un document publié le 11 juin sur son site Internet. Quelques jours avant le début de la Coupe du Monde, l’ONG révèle une étude choc : aux alentours de six terrains de football en plein air à Lyon, Marseille et Paris, la concentration de dioxyde d’azote (N02) dépasse 40 µg/m3, la valeur limite annuelle moyenne définie au niveau européen.

En pratiquant une activité physique, on inhale 4 à 10 fois plus de polluants atmosphériques

En ville, la pollution de l’air augmente le risque de développer des maladies respiratoires aiguës (bronchites, pneumonies…), chroniques (cancer du poumon, asthme, BPCO…) et des maladies cardio-vasculaires. Le N02, particulièrement dangereux, irrite les voies respiratoires et a des propriétés cancérogènes. Les personnes pratiquant une activité physique sont particulièrement touchées, puisqu'elles inhalent 4 à 10 fois plus de polluants atmosphériques que les autres, indique Greenpeace.

"Le seuil limite européen de N02 est déjà en-dessous de celui fixé par l’Organisation mondiale de la santé", explique le Dr Gilles Dixsaut, président du Comité Francilien contre les Maladies Respiratoires. Pour lui par ailleurs, même en-dessous de cette valeur européenne – minimaliste – on ne peut affirmer qu’il n’y ait aucun risque pour la santé. "La pollution, c’est un mélange de beaucoup de choses, c’est une soupe atmosphérique : on n’est jamais exposé à un seul polluant", précise-t-il.

 

Quels sont les risques pour la santé lorsque l'on fait son footing en pleine ville ?

Pour Greenpeace, il est donc nécessaire de "favoriser les pratiques sportives" en agissant "sur les causes structurelles de la pollution de l’air, au premier rang desquelles le trafic routier et la place – encore souvent prépondérante – de la voiture individuelle". En attendant que de telles décisions soient prises, le Dr Dixsaut préconise d’aller se dépenser "plutôt dans de grands parcs que le long du périphérique". Autre conseil : préférer l’activité physique au petit matin – entre 5 et 6 heures – plutôt qu’en fin de journée, où les niveaux d’exposition sont bien plus importants. Le Dr Dixsaut recommande enfin aux sportifs urbains de respirer par le nez, "excellent filtre naturel", plutôt que par la bouche.

"La pollution de l’air est un sujet tout à fait tabou en France. Toutes les décisions qui ont été prises depuis vingt ans ont été contre-productives", estime le Dr Dixsaut. Il déplore tout particulièrement la logique absurde des vignettes Crit’Air : "C’est une vaste fumisterie. Les véhicules les plus modernes sont les plus polluants."

En mai dernier, la France a été renvoyée devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour non-respect des valeurs limites de N02. La pollution aux particules fines y est responsable de près de 35 000 décès par an, selon l'Agence européenne de l'environnement. "Plus de 50% des émissions d’oxydes d’azote (NOx) en France sont imputables au transport routier. La motorisation diesel […] porte une responsabilité lourde dans ces émissions. Les véhicules qui carburent à l’essence ne font guère mieux", indique Greenpeace.