Les médecins débordés par des demandes de certificats de non Covid-19 pour des enfants
Les généralistes croulent déjà sous les demandes de certificats de non contre-indication au retour à l’école. Des certificats pourtant inexistants dans les recommandations officielles, dénoncent les syndicats.
Par la rédaction d'Allodocteurs.fr
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"Les médecins de villes sont débordés par les demandes de certificats de non contre-indication au retour à l’école." C’est l’alerte que lance le 8 septembre sur Twitter le docteur Jérôme Marty, médecin généraliste et président du syndicat de l’Union française pour une médecine libre (UFML).
Attention : nombreuses alertes du terrain
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) September 8, 2020
Les médecins de villes sont débordés par les demandes de certificats de non contre indication au retour à l’école pour les enfants demandés par l’éducation nationale.
Le moindre signe vaut actuellement demande de certificat. #covid
"Les demandes de certificats de « non-Covid » explosent déjà" note de son côté le syndicat de médecins généralistes MG France dans un communiqué publié le 4 septembre.
"On ne pourra pas soigner les patients qui en ont besoin"
"Partout en France les cabinets sont embolisés par une demande explosive" de certificats pour des enfants qui toussent ou qui ont le nez qui coule, explique à Allodocteurs le docteur Marty. Par exemple, "à Paris, un cabinet de trois médecins a reçu plus de 100 appels en une heure pour une demande de certificat" rapporte le docteur Marty, et en région toulousaine où il exerce, "50% de (ses) consultations lundi (7 septembre) étaient des demandes de certificats".
Le problème ? "On risque de se retrouver très vite avec des files d’attente pour des certificats et on ne pourra pas soigner les patients qui en ont besoin " s’alarme aujourd’hui le généraliste.
Et il n’est pas le seul. Sur le réseau social Twitter, de nombreux médecins - qui sont parfois aussi parents d’élève - s’inquiètent de la situation.
Motifs du jour "l'école / la crèche veut que l'enfant soit vu"
— Le Druide (@panarmorix) September 7, 2020
Par paquets.
On ne va jamais s'en sortir.
Ou on arrête de voir nos chroniques.
Les labos sont saturés, les plannings des MG sont pleins.
— Pathognomonie (@Pathognomonie) September 7, 2020
L'école:
-Bonjour votre fille a eu 1/2 journée de fièvre avec le nez qui coule donc faudrait un certificat d'un médecin pour l'autoriser à revenir à l'école. Bisous.
Le directeur de l'école de mon fils demande un certificat pour la reprise aussi. Ça ne va pas être tenable. S'il faut les voir J1 de chaque rhino puis J5....
— Claventin (@Claventin) September 8, 2020
Pas question de certificat dans les recommandations
D’autant qu’officiellement, de tels certificats ne sont pas requis par les établissements scolaires. Il n’est "pas question de certificat de reprise ou de non-contagion" dans les recommandations sanitaires de l’Éducation nationale rappelle MG France.
Ce que ces recommandations indiquent, c’est que "les parents doivent s’engager sur l’honneur que le médecin autorise l’enfant à retourner à l’école", note Jérôme Marty. Ce qui peut être mal interprété et laisser à penser qu'un certificat est nécessaire.
Des recommandations claires et des tests rapides
Quelle stratégie adopter alors face à des écoliers malades ? Déjà, "il est indispensable qu’une société savante, comme la Société Française de Pédiatrie par exemple, définisse clairement les cas où l’enfant doit sortir de l’école et fournisse des recommandations aux enseignants et aux chefs d’établissement" préconise le docteur Marty.
Ensuite, il faut que les médecins de ville bénéficient des tests rapides en cabinets, selon ce généraliste. "Olivier Véran a annoncé l’utilisation de tests rapides antigéniques dans les hôpitaux mais 95% des patients passent par la médecine de ville !" déplore le président de l’UFML.
Ces tests en cabinet permettraient de tester les enfants qui présentent des symptômes évocateurs d’un covid (toux, fièvre, fatigue, diarrhée, maux de tête…) mais aussi de désengorger les laboratoires d’analyse aujourd’hui pris d’assaut pour la réalisation de tests PCR.
En attendant ? Quand l’enfant ne présente pas un ensemble de symptômes évocateurs, "on peut prendre le risque de dire légitimement que ce n’est pas un covid et qu’il peut retourner à l’école" avance Jérôme Marty. Mais un cadre clair est aussi nécessaire pour les médecins qui s’engagent aujourd’hui dans leur diagnostic, avant l’arrivée des habituels rhumes et gastro-entérites qui risquent de compliquer encore la situation à l’automne.