Coronavirus : produits chinois importés, port du masque, tourisme, vaccin... les réponses à vos questions

Le nouveau coronavirus apparu en Chine pose de nombreuses interrogations. Odile Launay, infectiologue et Bruno Hoen, de l'Institut Pasteur vous répondent.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Coronavirus : produits chinois importés, port du masque, tourisme, vaccin... les réponses à vos questions
Crédits Photo : Wikimedia Commons / CDC/Dr. Fred Murphy  

La professeure Odile Launay, infectiologue à l'hôpital Cochin à Paris et le professeur Bruno Hoen, infectiologue, directeur de la recherche médicale à l'Institut Pasteur, ont répondu à toutes vos questions sur le coronavirus sur le plateau de l’émission Allô Docteurs.

  • Quels sont les symptômes de cette maladie ?

Pr Odile Launay : Les symptômes du coronavirus ressemblent à ceux de la grippe. Mais le risque de faire une pneumonie est plus important avec ce virus qu’avec celui de la grippe et c’est cela qui fait sa gravité.

  • Comment faire la différence entre la grippe saisonnière et le coronavirus ?

Pr Odile Launay : Pour l’instant, il est recommandé de considérer comme cas possible les gens qui rentrent de Chine ou qui ont été en contact avec quelqu’un qui est hospitalisé pour un syndrome de coronavirus. Toute personne avec un syndrome grippal aujourd’hui n’est pas suspecte, sauf si elle rentre de Chine.

  • Est-il conseillé aux personnes à risque (asthme…) de limiter leurs déplacements dans les transports en commun en France ?

Pr Bruno Hoen : Aujourd’hui, pour le coronavirus, non. Il n’y a pas de recommandation dans ce sens pour la prévention du risque de coronavirus.

  • Les femmes enceintes doivent-elles porter un masque dans les lieux publics ?

Pr Bruno Hoen : La réponse est non, car les masques chirurgicaux standards constituent des mesures barrières pour les malades, pour éviter de contaminer d’autres personnes. Ils sont peu efficaces dans l’autre sens. Porter un masque n’est pas nuisible mais ne présente donc pas d’intérêt.

  • Le coronavirus touche-t-il une tranche d’âge en particulier ?

Pr Odile Launay : Les premières données venant de Chine indiquent que l’âge médian est de 49 ans mais on a observé des cas chez des enfants et la personne contaminée la plus âgée a 88 ans. Le virus touche donc potentiellement tous les âges.

  • Je vais dans les Grands Magasins à Paris. Faut-il s’éloigner des touristes chinois ?

Pr Odile Launay : Déjà, il n’y a aucune raison de s’éloigner des Chinois qui vivent en France. Ensuite, la période d’incubation, c’est-à-dire le délai entre le moment où on a été exposé au virus et le moment où on va développer des symptômes, est de maximum 14 jours. Donc des Chinois qui sont en Europe depuis plus de 15 jours n’ont aucun risque de transmettre cette maladie s’ils n’ont aucun symptôme.

  • Y a-t-il un risque de contamination par des produits alimentaires et autres, importés de Chine ?          

Pr Bruno Hoen : C’est peu probable. On sait actuellement que la transmission s’est faite soit directement à partir d’un animal qu’on n’a pas encore identifié pour les tous premiers cas chinois dans la ville de Wuhan, soit par transmission interhumaine (à proximité, par les postillons des sujets infectés). Et on sait que les particules virales survivent mal et pas très longtemps dans un environnement inerte. La survie dans le milieu extérieur pourrait être de quelques heures, pas plus. Donc une caisse ou un aliment qui aurait voyagé serait très peu probablement à l’origine d’une transmission.

  • Aucun risque, donc, à acheter un produit venant de Chine sur internet ?

Pr Bruno Hoen : Un virus ne peut pas survivre en étant inerte sur une surface. Il faut qu’il se multiplie dans une cellule vivante. Donc n’achetez pas un animal vivant et ne vous occupez pas vous-mêmes de tuer un animal vivant, mais pour du matériel inerte, il n’y a pas de risque !

  • A partir de quand est-on contagieux et pendant combien de temps ?

Pr Bruno Hoen : La durée d’incubation est probablement de cinq à sept jours. On a observé sur les agrégats familiaux que cette durée pouvait être plus faible, deux ou trois jours, et par sécurité on considère qu’elle peut aller jusqu’à 14 jours.
Et actuellement on estime qu’on est contagieux à partir du moment où on a des symptômes respiratoires et où on tousse. Mais on ne sait pas encore pendant combien de temps on est contagieux.

  • Y a-t-il des porteurs sains du virus ?

Pr Odile Launay : Il y a toujours des porteurs sains d’infection virale. Mais pour l’instant, on ne sait pas exactement quelle est la proportion des gens qui sont porteurs sains excréteurs de virus puisque les cas enregistrés sont ceux de personnes prises en charge dans des structures de soins pour des manifestations cliniques.

  • En France, la patient de Bordeaux dit être traité par Doliprane®, est-ce normal ?

Pr Odile Launay : Nous n’avons de toute façon pas de traitement spécifique contre ce virus, pas d’antiviral. C’est donc un traitement qu’on appelle symptomatique contre la fièvre. Il faut attendre que ça passe.
Pr Bruno Hoen : Une recherche clinique va démarrer pour évaluer l’efficacité de traitements antiviraux déjà testés sur les précédents coronavirus très pathogènes pour l’homme comme le SRAS et le MERS.

  • Un vaccin est-il possible ? Si oui en combien de temps ?

Pr Odile Launay : Il y a des recherches vaccinales mais pour l’instant ce ne sont pas des virus qui sont très fréquents. Il y a plusieurs technologies vaccinales qui peuvent être adaptées à ce nouveau coronavirus mais habituellement le développement d’un vaccin prend 10 ans ! Et même quand on est dans une situation d’urgence, il faut un minimum un an avant d’avoir des premiers résultats.

  • Les personnes vaccinées contre la grippe sont-elles protégées ?

Pr Odile Launay : Non, il n’y a aucune protection croisée entre le virus de la grippe et le coronavirus qui est complètement nouveau contre lequel nous n’avons aucune immunité.

  • Comment avait été éradiqué le SRAS en 2003 ?

Pr Bruno Hoen : L’éradication du SRAS a été rendue possible par le fait que la transmission ne commençait que quand les patients devenaient symptomatiques. Le repérage de ces patients permettait leur isolement. C’est donc leur confinement qui a permis cela. Mais nous ne savons toujours pas pourquoi la circulation du virus s’est arrêtée à partir du réservoir animal du SRAS, la civette.