Chloroquine : des cas de toxicité cardiaque après des automédications

L’Agence Régionale de Santé alerte sur des effets cardiaques sévères liés à la prise d’hydroxychloroquine chez plusieurs patients. Présentant des symptômes du Covid-19 ils avaient pris ce traitement en automédication.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Chloroquine : des cas de toxicité cardiaque après des automédications
Crédits Photo : ©Miroslavik / Pixabay

Des "cas de toxicité cardiaque" chez des personnes présentant des symptômes du Covid-19 qui avaient pris en automédication de l'hydroxychloroquine. C’est ce que rapporte le 29 mars 2020 l’Agence régionale de Santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine dans un communiqué. Certains de ces patients ont même nécessité "une hospitalisation en réanimation", note l’ARS.

L’hydroxychloroquine, un dérivé de l’anti-paludéen chloroquine, est commercialisée en France sous le nom de Plaquénil. Elle est considérée par certains scientifiques comme un remède possible contre le coronavirus mais ne doit pas être prise sans l’avis d’un médecin, en raison des risques de surdosage et d’effets secondaires.

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Limiter les évènements graves et les hospitalisations

"Face à ce constat, l’ARS Nouvelle-Aquitaine alerte donc sur les dangers de l’hydroxychloroquine qui ne doit en aucun cas être prise en automédication", rappelle l’agence sanitaire. En effet, la prise de ce médicament doit faire l'objet d'une "surveillance" et d'une "prescription" médicales adaptées "pour éviter la survenue d’événements indésirables graves mais aussi des hospitalisations en réanimation qui sont actuellement précieuses", poursuit l'ARS.

Résultats controversés

Actuellement expérimentées dans plusieurs pays dans la lutte contre le virus, l’hydroxychloroquine comme la chloroquine peuvent provoquer de nombreux effets secondaires dont des troubles cardiaques et neurologiques. Et un surdosage peut être dangereux, voire mortel.

En France, des essais sur l'hydroxychloroquine sont menés par le controversé Pr Didier Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille. Il a été critiqué après avoir publié deux études confirmant selon lui l'"efficacité" de ce traitement contre le coronavirus. Dans sa deuxième étude portant sur 80 patients, publiée vendredi 27 mars en ligne, il affirme que 80% d'entre eux ont connu une "évolution favorable". Or nombre de scientifiques pointent les limites de ces études, car elles n'ont pas été menées selon les protocoles scientifiques standards.

Attendre les résultats de l'essai "Discovery"

Actuellement, un décret encadre la mise à disposition de l’hydroxychloroquine pour éviter les risques de rupture pour les patients qui en utilisent pour traiter leurs maladies chroniques comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde

En attendant les résultats de "Discovery", un essai clinique européen de large ampleur en cours sur quatre traitements, dont l’hydroxychloroquine, la France a autorisé l'administration de cette molécule contre le Covid-19 à l'hôpital uniquement et seulement aux cas graves.

"Eviter d’ajouter du mal au mal"

La revue médicale indépendant Prescrire a également appelé à la prudence dans un communiqué publié le 24 mars. "Avant d’en savoir plus, il est important de mettre l'efficacité hypothétique du médicament proposé en balance avec ses effets indésirables déjà connus et prévisibles, pour éviter d'ajouter du mal au mal " écrivait-elle.
Les premiers résultats des essais menés à grande échelle devraient être rendus publics d’ici une quinzaine de jours.