Covid : Arnaques, fraudes et faux vaccins

Des vaccins contrefaits ont été saisis en Pologne et au Mexique. Depuis le lancement des campagnes de vaccination, les arnaques aux faux vaccins, parfois vendus à prix d’or, se sont multipliées dans le monde.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Kongsakol Saikaew

Des vaccins Pfizer contrefaits. Le laboratoire pharmaceutique américain a confirmé le 21 avril que les doses suspectes de son vaccin anti-covid saisies au Mexique et en Pologne et vendues jusqu'à 2.500 dollars l'unité, étaient des faux.

Au Mexique, les fioles avaient été dissimulées dans des glacières, parmi des boissons fraîches. Elles portaient des numéros de lots et des dates d'expiration factices. Avant que la supercherie soit révélée, 80 personnes se seraient vues administrer ces contrefaçons dans une clinique mexicaine. Les doses ne contenaient que de l’eau salée, sans produit actif. En Pologne, en revanche, les doses confisquées contenaient un produit cosmétique, probablement une crème antirides, selon Pfizer.

Risque sanitaire

Quels risques représentent ces faux vaccins ? Le premier est d’injecter une substance qui peut entraîner des réactions allergiques dangereuses. C’est par exemple le cas des doses contenant de la crème antirides.

Mais même quand la solution contenue dans le faux-vaccin est anodine, comme lorsqu’il s’agit d’eau salée, le risque existe aussi : celui de se penser à tort protégé par l’injection et de lever le pied sur les gestes barrières. Les personnes "vaccinées" avec ces contrefaçons courent alors le même risque de contracter le covid qu’une personne non vaccinée.

La crise favorise les activités illégales

Et ces contrefaçons ne sont pas anecdotiques. "Nous sommes conscients que dans le climat actuel, favorisé par la facilité et la commodité du commerce électronique et l'anonymat accordés par internet, il va y avoir une augmentation de la fraude, de la contrefaçon et d'autres activités illégales en relation aux vaccins et traitements du covid-19", a reconnu un porte-parole de Pfizer sur la chaîne ABC News.

En effet, depuis le lancement de la campagne de vaccination contre le covid fin 2020, les arnaques se sont multipliées. Dès le 15 janvier, au Nigéria, les autorités du pays mettaient en garde contre la circulation de faux vaccins contre le covid, avant même que les doses commandées n'aient été reçues.

6.000 faux Spoutnik V au Mexique

Au Mexique aussi, les fraudes ont fleuri dès le mois de février. Les autorités sanitaires de l'État mexicain de Nuevo Leon avaient alors mis en garde contre des ventes "clandestines" de "prétendus vaccins pour le covid" et appelé la population à ne pas les acheter. En mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiétait que ces vaccins Pfizer "falsifiés" soient "toujours en circulation dans la région".

Le même mois, toujours au Mexique, le gouvernement saisissait une cargaison de près de 6.000 doses de faux vaccin russe Spoutnik V contre le covid-19 dans un avion privé à destination du Honduras. Détectés à l'intérieur de deux glacières, les flacons avaient été cachés parmi des boissons et des bonbons.

Interpol sur le coup

Devant l’ampleur du phénomène, l’Organisation internationale de police criminelle Interpol s’est saisie du dossier. Début mars, elle annonçait avoir saisi 2.400 doses de faux vaccins. Elle révélait par la même occasion avoir participé au démantèlement en Chine d’un réseau de vaccins contrefaits. 80 suspects avaient été arrêtés et plus de 3.000 de flacons d’eau salée déguisés en vaccin saisis sur place.

Interpol avait alors prévenu qu'il ne s'agissait que de "la face émergée de l'iceberg", mettant en garde sur le fait que "les vaccins seraient la cible privilégiée des réseaux criminels".

Faux sites internet et "darknet"

Et la traque aux arnaques ne se joue pas que sur le terrain. Selon Interpol, des vaccins non homologués sont proposés à la vente sur internet. "Tout vaccin promu sur des sites web ou sur le « darknet » ne sera pas légitime, n'aura pas été testé et peut être dangereux", avait alors prévenu l’organisation.

Selon un rapport publié le 4 mars par la société de cybersécurité Kaspersky, une quinzaine de site marchand du "darknet" proposent des doses Pfizer, Moderna ou AstraZeneca. Le prix d’une dose varie de 250 dollars (200 euros) à 1.200 dollars (1.000 euros).

Au Mexique, de nombreux sites frauduleux avaient proposé à la vente en ligne dès janvier des vaccins anti covid… sans jamais les livrer. Ces vaccins Pfizer, Moderna ou AstraZeneca étaient proposés à des prix allant de 110 à 180 dollars (90 à 150 euros environ) la dose. Un moyen simple pour les réseaux criminels de faire du profit tout en récupérant des coordonnées bancaires et des données personnelles de millions d’internautes.