Maladie de Parkinson : vers une médecine personnalisée

L'adaptation de la prise en charge à des facteurs biologiques et génétiques offrirait aux patients une plus grande efficacité et une meilleure tolérance.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Parkinson : peut-on prédire la maladie ?
Parkinson : peut-on prédire la maladie ?

« On ne parle plus aujourd’hui de « la » maladie de Parkinson, mais des maladies de Parkinson, lance d'emblée le Pr Damier, neurologue. L’apparition de la pathologie a des causes variables d’un patient à l’autre : dans certains cas des causes génétiques sont identifiables, dans quelques cas exceptionnels ce sont des causes environnementales, et dans la majorité des cas c’est une somme de facteurs, variables d’un patient à l’autre, qui explique pourquoi ce dernier développe la maladie. De même, les symptômes varient considérablement d’un patient à l’autre et évoluent dans le temps. » 

Cette vision individualisé est partagée par l'association France Parkinson, comme le confirme Didier Robiliard, qui en est le président et qui est lui-même atteint de cette maladie : "Un traitement "taille unique" ne peut satisfaire les besoins de tous et il doit être personnalisé. Cette personnalisation des soins est particulièrement souhaitable dans la maladie de Parkinson parce que c’est une pathologie complexe très individuelle dans ses expressions."

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Le traitement personnalisé en détails

Même si un traitement prouve une efficacité suffisante en regard d'effets secondaires acceptables, ses effets d'un patient à l'autre sont variables :"on trouve de très bons répondeurs au traitement, des répondeurs moyens et des patients qui n’auront pas du tout répondu", confirme le Pr Damier. Aller vers une médecine personnalisée, c’est essayer de trouver des éléments qui permettront de déterminer quel traitement sera le plus approprié et susceptible d’avoir les meilleurs résultats d’efficacité pour un malade donné, au lieu de lui administrer le traitement qui marche en moyenne chez les patients en général."

A l'heure actuelle, les neurologues tâchent déjà de prendre en compte certains paramètres. Par exemple, ils évitent de prescrire un médicament que l'on appelle agoniste dopaminergique, chez un patient qui souffre de troubles cognitifs puisque ce médicament augmente le risque de confusion.

Identification de facteurs biologique et génétiques

"Mais la médecine personnalisée est bien plus ambitieuse ! s'exclame le Pr Damier. Elle consiste à identifier des facteurs biologiques, pour partie génétiques, pour nous permettre de prescrire au patient qui se trouve devant nous le traitement à la fois le plus efficace et le plus sûr pour lui." Le neurologue donne ainsi l'exemple de patients qui sont pour des raisons génétiques meilleurs répondeurs que d’autres à l'un des traitements inhibant la dégradation de la L-dopa (NDLR : la maladie de Parkinson est liée à une insuffisance de dopamine. La L-dopa, son précurseur, est un des traitements de base de la maladie).

D'après la communauté des neurologues, il existe très probablement ou des marqueurs génétiques prédictifs de certaines complications et/ou des effets secondaires chez un individu donné. "Si nous pouvions par exemple déterminer qu’un patient souffre d’une forme suffisamment agressive de Parkinson pour que sous trois ans, il soit nécessaire de lui proposer une technique chirurgicale d’électrostimulation ou, a contrario, savoir prédire que ce besoin n’apparaîtra pas avant 10 ans, cela aurait un impact très net sur nox choix thérapeutique, estime le Pr Damier.

Une forte attente des patients

Pour Didier Robiliard, "cette possible adaptation des thérapeutiques au terrain biologique et génétique personnel du patient entraîne un changement de paradigme dans l’approche globale de ce dernier : on le prend en considération en tant que sujet, et c’est ce qu’attendent les patients !

Pour eux, la médecine personnalisée, c’est avant tout sortir d’un système dans lequel l’expertise des médecins interférait peu avec l’expérience des malades et qui ne permettait pas à leur vécu personnel d’être constitutif des prises de décisions thérapeutiques. Ce passage de l’individu patient à la personne malade, actrice de son diagnostic, de son traitement, de son accompagnement, est pour nous fondamental ». 

La médecine personnalisée n'a donc pas fini de faire parler d'elle dans le cadre de la maladie de Parkinson...

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