Boulimie : comment s'en sortir

Entre pulsions alimentaires où l'on ingurgite beaucoup de nourritures et vomissements pour éliminer, la boulimie est vécue dans la honte, à l'abri des regards. Ce trouble alimentaire touche en grande majorité les femmes mais n'épargne pas les hommes. Comment reconnaître les signes de cette maladie ? En quoi consiste la prise en charge ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

La boulimie est en augmentation depuis une quinzaine d'années. Entre 1 et 2 % de la population serait concernée, soit un million de personnes en France. Elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.

Adolescents et jeunes adultes souffrent particulièrement de crises de boulimie.

Cet accroissement semble lié à plusieurs facteurs, le plus important étant probablement culturel. En effet, dans les pays occidentaux, la minceur est devenue une valeur culturelle qui met une pression très importante sur les jeunes filles. Une plus grande diffusion médicale et médiatique de l'information peut également jouer un rôle par le biais d'un phénomène de suggestibilité.

Pulsion irrépressible puis culpabilité

La boulimie est un trouble des conduites alimentaires qui se définit comme une pulsion irrésistible et impérieuse de manger en excès, sans contrôle, dans un temps court. La personne "se remplit" avec des aliments gras et/ou sucrés pour combler son mal-être.

Ces crises entraînent un sentiment extrême de culpabilité après la crise. Ce mal se caractérise par l'aspect de crises et de tensions psychiques insupportables qui ne trouvent un soulagement que dans l'absorption de nourriture. On est donc dans un contexte psychique d'anxiété, perçu ou non par le patient.

Plus précisément, pour parler réellement de boulimie, il faut avoir une crise par semaine, au minimum, depuis plus de trois mois. Mais plus que le nombre de crise, c'est le craving, cette envie irrépressible de manger, et la perte de contrôle, qui permettent de poser le diagnostic.

On distingue trois formes de boulimie : avec vomissement (boulimie vomitive), sans vomissement (boulimie hyperphagique) et au cours d'un processus d'anorexie. Pour éviter la prise de poids, la personne peut en effet se faire vomir, ou prendre des laxatifs ou de diurétiques, ou par l'exercice physique intensif ou un jeûne. On parle aussi d'hyperphagie quand les crises de bouliminie ne sont pas compensés par des comportements pour perdre du poids : elle touche 3 à 5% des gens.

Il y a souvent des variations du poids, parfois 2 à 5 kg dans la semaine. Il peut y avoir des symptômes associés, comme l'anxiété, la dépression, l'addiction, une forte impulsivité, des tentatives de suicide. La boulimie a un impact majeur sur le corps : ostéoporose, usure dentaire, inflammation de l'oesophage (oesophagite), insuffisance rénale, manque de potassium,...

Lorsque les crises de boulimie deviennent trop fréquentes, l'hospitalisation est nécessaire.

Boulimie : une prise en charge pluridisciplinaire

Pour se débarrasser de la boulimie, il n'existe pas de traitement miracle mais des thérapies qui aident à mieux comprendre les crises et les diminuer. Il faut souvent des années de thérapie et de soins pour arriver à maîtriser les crises. Le trouble est hélas souvent caché, ce qui retarde le diagnostic.

Plusieurs prises en charge peuvent être envisagées selon le contexte. Une thérapie cognitivo–comportementale est le plus souvent recommandée, compte tenu de l'origine des troubles (mauvaise image du corps et de soi, pression sociale de corps parfait, ) et des symptômes associés (anxiété qui majore souvent les crises, accès dépressifs). 

Il est essentiel d'avoir, en parallèle, un suivi clinique et diététique qui évalue les conséquences des boulimies sur le corps et propose un rééquilibrage de l'alimentation. 

Quel que soit le traitement, il faut compter plusieurs mois pour améliorer sensiblement les boulimies. Des rechutes interviennent souvent au cours du suivi thérapeutique, qui sont le cours habituel de la maladie boulimique. Ne pas perdre espoir pour continuer la thérapie est essentiel.

Boulimie : qui est concerné ?

Comme tous les troubles du comportement, la boulimie intervient dans un contexte particulier et chez une personne prédestinée.

Elle commence la plupart du temps à l'adolescence et correspond à une difficulté particulière de maturation. La maladie apparaît chez une jeune fille qui présente une mauvaise image d'elle-même et qui, par ailleurs, a une peur panique de grossir.

Le début correspond souvent à un changement de vie qui sert de facteur déclenchant. Quand la maladie s'installe, elle accentue les troubles de la personnalité initiaux et notamment, le trouble identitaire.

La boulimie touche plus les femmes que les hommes : à l'adolescence, la proportion est de 3 filles pour un garçon (source : Ameli). C'est probablement lié au fait que ceux-ci ont moins de troubles thymiques à l'adolescence et qu'ils subissent moins fortement la pression culturelle de l'image du corps.