Vitiligo, quand la peau perd sa couleur

Le vitiligo provoque une dépigmentation de la peau. Quelles sont les causes de l'apparition de ces taches blanches ? Quels sont les traitements du vitiligo ? Qu'est-ce que le maquillage correcteur ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le docteur Jimmy Mohamed explique les phénomènes à l'origine du vitiligo.
Le docteur Jimmy Mohamed explique les phénomènes à l'origine du vitiligo.  —  Le Magazine de la Santé - France 5


Le vitiligo est une maladie de peau qui provoque l'apparition de zones dépigmentées sur le corps. Des sortes de "taches blanches" plus ou moins importantes en fonction du type de vitiligo et du stade de la maladie. Le vitiligo touche 0,5 à 1% de la population (source : INSERM). En France, on estime que 900.000 à 1,2 million de personnes sont concernées. Dans la moitié des cas, il débute entre 10 et 20 ans.

Ces taches correspondent à l'absence de mélanine, un pigment qui nous protège des rayonnements UV et qui est produit par notre peau. La peau est formée de trois couches : l'épiderme, le derme et l'hypoderme. La mélanine est produite dans la couche la plus profonde de l'épiderme, dans les mélanocytes (cellules en forme d'étoile). Les pigments de mélanine vont ensuite se fixer sur des kératinocytes à la surface de la peau. Et plus les kératinocytes sont gorgés de pigments, plus la peau est foncée. Dans le vitiligo, les mélanocytes sont détruits. La production de mélanine est donc stoppée et la peau reste blanche.

Pendant longtemps, le vitiligo a été considéré comme une maladie psychosomatique car le stress joue un rôle indéniable dans l'aggravation de certains vitiligos. Le vitiligo est en tout cas une maladie complexe, et on sait aujourd'hui qu'il est lié à des facteurs  génétiques, avec notamment des gènes liés au système immunitaire. Le risque de transmission héréditaire est évalué à 30%.

Les facteurs auto-immuns sont aussi en cause (les défenses immunitaires se retournent contre l'organisme). D'ailleurs dans certains cas, il est associé à des maladies auto-immunes : diabète ou problèmes de thyroïde chez 15 à 20% des patients, ou encore une maladie inflammatoire comme la polyarthrite ou la maladie de Chrohn.

Il existe plusieurs formes de vitiligo. Souvent, les zones blanches apparaissent sur le visage, les pieds, les mains, les articulations ou la peau des organes génitaux, et de façon grossièrement symétrique : il s'agit du vitiligo généralisé. Dans d'autres cas, les taches ne touchent qu'une partie du corps : on parle alors de vitiligo segmentaire.

L'affection ne provoque aucune douleur physique et il n'est absolument pas contagieux. Pourtant, il doit être considéré comme une dermatose grave car il engendre assez souvent un mal-être psychologique chez les personnes atteintes.

Comment traiter le vitiligo ?

Quels sont les traitements du vitiligo ?
Quels sont les traitements du vitiligo ?

Le vitiligo est une maladie évolutive. Les taches peuvent s'étendre sous l'effet de frottements répétés, de pression sur la peau ou même d'inflammation. C'est ce qu'on appelle le phénomène de Koebner.

Les plaques dépigmentées sont sensibles au soleil : elles rougissent plus rapidement que le reste du corps. Il faut donc les protéger avec un écran solaire d'indice élevé.

Un traitement adapté au stade de vitiligo

Il n'existe pas de traitement qui guérit l'affection mais certains traitements atténuent les symptômes, ils sont choisis en fonction du stade de vitiligo :

  • Stade 1 : dépigmentation incomplète, l'épiderme n'est pas blanc et il persiste des poils noirs.
  • Stade 2 : peau blanche avec poils noirs persistants
  • Stade 3 : peau très blanche, poils blancs ou absents

La photothérapie à base d'UVB, à raison de 2 fois par semaine, a une place de choix dans la prise en charge : elle favorise la repigmentation en stimulant la production de mélanocytes et leur migration dans la couche superficielle de la peau, l'épiderme.

Ce traitement par la lumière permet de relancer la production de mélanine à partir des réserves situées dans la peau ou dans les poils. Les zones glabres comme les mains ou les pieds sont donc les plus difficiles à traiter.

"Au contraire, le visage est relativement simple à repigmenter et les traitements sont efficaces. Il faut être patient. On dépigmente beaucoup plus facilement qu'on ne repigmente, mais si on est patient, si on accepte la contrainte du traitement et du temps, on peut repigmenter dans le vitiligo en tout cas sur les zones les plus affichantes comme le visage", explique le Pr Khaled Ezzedine, dermatologuue.

Le laser est aussi utilisé chez les personnes dont la peau est quasiment recouverte de lésions, pour dépigmenter les zones encore saines et harmoniser ainsi la couleur.

Différents traitements médicaux peuvent être envisagés. Ils ont pour objectif de stimuler les précurseurs des mélanocytes (des cellules qui en évoluant aboutissent à des mélanocytes). Malheureusement, il n'existe pas de solution miracle et certaines taches restent difficiles à traiter.

Parmi les traitements qui font l'objet de consensus, les médicaments peuvent être appliqués sur les taches de dépigmentation  : les corticoïdes peuvent être prescrits sous forme de crème chez les patients présentant peu de taches, de tailles réduites et non situées sur le visage.

Autre crème, le tacrolimus ou le picrolimus (inhibiteurs de la calcineurine) qui s'applique également sur de petites taches de taille réduite, à raison de 2 fois par semaine, de préférence en association avec le laser ou la photothérapie à base d'UVB. Les analogues de la vitamine D de le calcipotriol sont utilisés seuls ou en association aux corticoïdes ou à la photothérapie.

Dans les cas plus étendus ou d'extension rapide ou en poussée, le dermatologue prescrit des médicaments en comprimés, comme par exemple, une faible dose de corticoïdes, deux jours par semaine durant quelques mois. Lorsque la réaction auto-immune est atténuée, ce qui se produit chez la majorité,

Lorsque que les tache de vitiligo sont stabilisées depuis plusieurs années, les dermatologues peuvent aussi envisager des greffes mélanocytaires. Dans ce cas, le médecin va prélever une zone de peau pigmentée (souvent dans le cuir chevelu), puis il va la greffer sur la zone touchée… Les résultats sont variables en fonction des patients. Mais la greffe répond à des critères très précis, comme l'absence d'évolution depuis un an, les bords de la tache bien dessinée, etc. La repigmentation est optimale après 3 à 6 mois.

Même si le vitiligo n'est pas rare, il est préférable d'être suivi par un dermatologue qui connaît bien la maladie. Mais en France, les consultations spécialisées sont encore trop peu nombreuses et les listes d'attente sont particulièrement longues.

D'autres traitements émergent grâce à la recherche mais ils ne font pas encore l'objet de consensus : prostaglandines E2, afamélanotide qui stimule la pigmentation, certains immunopresseurs, comme le tofacitinib et le ruxolitinib,... Une équipe française teste une combinaison d'anti-inflammatoires puis un traitement par photothérapie.

Un vitiligo actif (qui progresse) doit être traité rapidement d'après l'association française du vitiligo.

Apprendre à vivre avec le vitiligo

Le maquillage correcteur permet de masquer la dépigmentation due au vitiligo.
Le maquillage correcteur permet de masquer la dépigmentation due au vitiligo.

Le vitiligo ne provoque aucune douleur physique et il n'est absolument pas contagieux. Pourtant, le vitiligo doit être considéré comme une dermatose grave car il engendre assez souvent un mal-être psychologique chez les personnes atteintes. Le vitiligo a en effet un impact psychologique très important, puisqu'il est très visible. À l'hôpital, les patients peuvent aussi rencontrer une psychologue pour surmonter ces difficultés... En effet, une prise en charge psychologique est parfois nécessaire pour lutter contre le stress et l'anxiété que génère cette maladie.

Une maquilleuse peut aussi apprendre à se maquiller de manière spécifique, c'est ce que l'on appelle le maquillage correcteur. Mais il faut s'habituer à vivre avec cette maladie. Certaines associations, comme l'association française du vitiligo, proposent aussi des ateliers de maquillage depuis de nombreuses années.

Autobronzant, poudre ou fond de teint… Dans les ateliers de maquillage, tous les participants ont du vitiligo. Ils y apprennent des techniques simples pour dissimuler la dépigmentation dont ils sont victimes. Pour se maquiller, la solution la plus permanente, c'est l'autobronzant. Un produit à utiliser avec parcimonie mais qui a l'avantage de durer trois ou quatre jours.

Pas question pour autant de parler de camouflage mais plutôt de maquillage correcteur pour se montrer sous son meilleur jour. Car si le vitiligo ne provoque aucune douleur physique, il n'est pas sans conséquence sur le plan psychologique comme l'explique Jean-Marie Meurant, président de l'association française du vitiligo : "L'impact psychologique du vitiligo se traduit principalement par le fait du regard de l'autre, en tout cas de la perception que les malades atteints de vitiligo ont du regard de l'autre. Il se traduit aussi par des formes de stigmatisation. C'est au travers de ce regard, des regards appuyés de la part de personnes qui ne sont pas malades du vitiligo mais qui voyant un malade, regardent les mains, le visage, posent des questions, ont un regard interrogatif...".

Les ateliers sont animés par des maquilleurs et des psychologues. Ils sont présents pour répondre à la souffrance de certains malades. Une souffrance qui vient parfois du caractère imprévisible et évolutif de la maladie. Ces ateliers de maquillage permettent aussi aux malades de rencontrer des personnes concernées par la même pathologie. En Europe, entre 1 et 2% de la population serait atteinte de vitiligo.

Les personnes atteintes de vitiligo doivent prendre certaines précautions et éviter les crèmes, peelings et lotions aux acides de fruits, ainsi que tous les cosmétiques éclaircissants, comme ceux permettant la décoloration des cheveux. Ils ne doivent pas non plus manipuler de l'eau de javel ou oxygénée.

Il est très important aussi de ne pas rester seul et de ne pas minimiser le retentissement psychologique et social du vitiligo.