Cancer : gare aux plats industriels !

Les aliments ultratransformés, trop gras, trop caloriques ou trop salés, seraient associés à un risque plus élevé de cancer que les plats "maison".

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
Les plats et aliments industriels contiennent davantage de lipides, de lipide saturés, de sucres et de sels ajoutés.
Les plats et aliments industriels contiennent davantage de lipides, de lipide saturés, de sucres et de sels ajoutés.

Accros aux plats tout préparés, votre santé est peut-être en danger ! Ceux-ci pourraient augmenter en effet le risque de développer un cancer, d’après NutriNet-Santé, qui a publié une étude de cohorte prospective jeudi 15 février dans le British Medical Journal (BMJ). Parmi les aliments ciblés par les chercheurs : des pains, des sucreries, des desserts, des céréales, des boissons sucrées, des viandes transformées, des pâtes et des soupes instantanées, mais aussi des plats surgelés et certaines sauces.

Un risque global plus élevé de cancer

L’étude, menée auprès d'environ 105 000 Français entre 2009 et 2017, s’est basée sur des questionnaires en ligne concernant leurs habitudes alimentaires. D’après les chercheurs, "la consommation d'aliments ultratransformés a été associée à un risque global plus élevé de cancer" (accru de 6 à 18 %) "et de cancer du sein" (accru de 2 à 22 %).

"Ces plats ultratransformés sont à différencier des plats transformés", note le Dr Mathilde Touvier, qui a participé à l'étude. La chercheuse donne pour exemple la différence entre des légumes en conserve, simplement transformés, et les poêlées de légumes surgelées, ultratransformées via un procédé chimique ou biologique.

Ces plats et aliments industriels contiennent en effet davantage de lipides, de lipide saturés, de sucres et de sels ajoutés, et sont pauvres en fibres et en vitamines. En outre, selon les chercheurs, "la transformation des aliments, et en particulier leur cuisson, produisent des contaminants nouvellement formés". Enfin, leur emballage peut contenir du bisphénol A, un perturbateur endocrinien.

Reportage diffusé le 29/09/2017

La première étude du genre

"Cette étude prospective a été la première à évaluer l'association entre la consommation de produits alimentaires ultratransformés et l'incidence du cancer, en se fondant sur l'étude d'une vaste cohorte avec une évaluation détaillée et à jour des apports alimentaires", d’après les chercheurs. "C'est un premier travail qui nécessitera des répliques, mais il permet déjà de poser un enjeu", estime le Dr Touvier. D'après elle, si les effets délétères des aliments dont il est question sont confirmés, on pourra ensuite se pencher sur l'origine de ces effets, qui peuvent provenir des additifs présents dans les aliments, de leur qualité, ou des matériaux avec lesquels ils rentrent en contact, par exemple.

"Le temps d'y voir plus clair, cela prendra cinq ou dix ans", précise néanmoins le Dr Touvier. En attendant, "les pouvoir publics ont tranché", d'après elle. Le Haut Conseil de la Santé Publique a notamment fait de nouvelles recommandations, dans lesquelles il conseille de privilégier les aliments peu transformés. "Dans l'état actuel des connaissances, il faut prendre des précautions", estime la chercheuse.

 

En France, la moitié des aliments consommés à la maison proviennent de l'industrie

Le BMJ et l'Inserm ont néanmoins précisé qu’un lien de causalité restait à prouver. En effet, les aliments ultratransformés ne sont pas les seuls facteurs à prendre en compte dans la survenue du cancer : la consommation de tabac ou l’activité physique peuvent également entrer en jeu. En outre, selon le Professeur et diététicien britannique Tom Sanders, cité dans Science Media Centre, "cette classification semble arbitraire et fondée sur le postulat que les aliments traités industriellement ont une composition nutritionnelle et chimique différente de ceux produits à la maison ou par des artisans. Ce n'est pas le cas".

Selon une étude de l’Anses réalisée en 2016, en France, la moitié des aliments consommés à la maison proviennent de l'industrie. L'OMS considère par ailleurs que l'"augmentation de la consommation d'aliments très caloriques riches en lipides" est l’une des principales causes de la progression de l'obésité à l’échelle mondiale.