Des cas de Covid en Alsace dès le mois de novembre ?

Des radiologues ont analysé des scanners thoraciques réalisés à Colmar au cours des derniers mois. Ils ont identifié des cas probables de Covid-19 dès le 16 novembre 2019, soit deux mois avant les premiers cas officiellement recensés.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / bendao

Après l’identification d’un cas suspect de Covid-19 en Seine-Saint-Denis en décembre 2019, c’est au tour de l’Alsace de s’interroger sur des cas possibles datant de novembre. C’est ce que révèle l’hôpital Albert Schweitzer de Colmar dans un communiqué publié le 7 mai 2020.

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Près de 2.500 scanners réexaminés

A l’origine de cette alerte : le docteur Michel Schmitt, médecin chef du département d’imagerie médicale, qui analyse l’ensemble des clichés de scanners thoraciques réalisés dans l’établissement depuis le début du mois de novembre. Ainsi, les 2.456 scanners thoraciques réalisés entre le 1er novembre 2019 et le 30 avril 2020, pour tout motif que ce soit, ont été relus par ce médecin. Ceux jugés "Covid-compatibles" ont bénéficié de deux lectures supplémentaires par deux autres radiologues expérimentés.

Une contagion accélérée par les fêtes de fin d’année

Résultat : en réexaminant ces scanners à l’aune des connaissances actuelles, des premiers cas de Covid-19 sont identifiés dès le 16 novembre 2019, soit plus de deux mois avant les premiers cas recensés officiellement en France.

La progression du nombre de cas dans cet hôpital de Colmar est ensuite "très lente" jusqu’à la "fin février" puis augmente rapidement, avec un pic situé le 31 mars 2020, selon le communiqué.

"Quelques cas étaient donc déjà en circulation dans la région au début du mois de novembre" affirme l’hôpital alsacien. "Le virus s’est alors dispersé de manière très sporadique. La contagion s’est accélérée au moment des évènements de fin d’année : marchés de Noël, fêtes de famille, jusqu’à ce que l’épidémie explose après un rassemblement religieux à Mulhouse, la dernière semaine de février" poursuit le communiqué.

Expliquer les "grippes" atypiques de l’hiver

Cette découverte pourrait expliquer les cas d’ "accidents de santé atypiques chez des adultes ou des enfants" constatés cet hiver et "qualifiés de grippe", caractérisés par de la fièvre, une toux durant deux à trois semaines, une perte de la voix, du goût ou de l’odorat, une fatigue persistante et une perte de poids.

L’hôpital Albert Schweitzer envisage désormais de poursuivre cette étude en l’étendant à d’autres établissements de santé. Il souhaite également analyser d’autres scanners, des données biologiques et des rapports d’hospitalisations.
Comme pour les hôpitaux de Seine-Saint-Denis qui ont testé des échantillons prélevés quelques mois avant l’arrivée officielle du virus en France, l’objectif de cette recherche est de mieux comprendre le passé de l’épidémie, pour mieux la combattre aujourd’hui.