Covid-19 : le virus circulait déjà en France en décembre

Des médecins ont réanalysé des échantillons prélevés en décembre sur des patients hospitalisés pour une pneumonie en Seine-Saint-Denis. Ils ont découvert qu’un homme d’une cinquantaine d’années souffrait alors déjà du Covid-19.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Covid-19 : le virus circulait déjà en France en décembre
Crédits Photo : CC0 Domaine Public / Centers for Disease Control and Prevention (CDC)

À quand remonte l’arrivée du coronavirus en France ? Alors que les premiers patients porteurs du virus avaient officiellement été diagnostiqués fin janvier 2020, les nouvelles analyses de deux médecins de Seine-Saint-Denis prouvent que le virus circulait déjà au mois de décembre 2019.

En effet, selon le professeur Jean-Ralph Zahar et le professeur Yves Cohen, médecins aux hôpitaux Avicenne de Bobigny et Jean Verdier de Bondy, un homme de 53 ans hospitalisé le 27 décembre 2019 dans leur service pour une pneumonie souffrait en réalité du Covid-19. Cet homme a infecté ses deux enfants mais sa femme n’a pas présenté de symptômes. Aujourd’hui, "les trois personnes malades vont bien" assure le professeur Cohen, invité du Magazine de la Santé le 4 mai 2020.

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Des analyses sur des échantillons congelés

Mais comment ces médecins ont-ils posé leur diagnostic plus de quatre mois après l’hospitalisation de ce patient ? Comme le virus circulait déjà en Chine en décembre, les spécialistes ont voulu savoir s’il avait déjà pu être apporté en France à cette période. Ils ont alors réévalué les échantillons prélevés sur tous les patients hospitalisés en décembre 2019 et janvier 2020 pour une pneumonie et qui présentaient un test PCR négatif pour d’autres infections comme la grippe.

Des analyses conduites a posteriori et qui ont été rendues possibles par une simple habitude."Souvent dans les hôpitaux on congèle les échantillons pour pouvoir faire de la recherche ensuite" explique le professeur Yves Cohen, qui insiste sur le fait que ces résultats n’ont pas été dissimulés pendant plusieurs mois. "Ce n’est que vers le 10 avril que nous avons analysé avec le test PCR Covid-19 des écouvillons congelés en décembre pour la recherche d’autres virus" raconte-t-il. Le diagnostic n’a donc été posé que "vers le 15 avril pour ce patient". En décembre, "nous ne savions absolument pas que ce patient avait le Covid-19" appuie-t-il encore.

Patient zéro ?

"À ce jour, c’est le patient zéro" reconnaît le professeur Cohen. Mais cela pourrait évoluer selon les résultats des analyses menées dans d’autres services sur des échantillons prélevés plus tôt en décembre.

Et pour le moment, la contamination de ce patient n’est pas clairement établie. "Cet homme n’a pas voyagé, n’avait pas de risque particulier et ne travaillait pas à l’aéroport " liste le médecin. La seule piste de contamination probable retenue à ce jour par l’enquête sanitaire en cours concerne sa femme. Car même si elle n’a pas développé de symptômes, elle travaillait "dans un supermarché à proximité d’un rayon de sushis" où sont employées des personnes d’origine chinoise, selon les médecins.

Mieux comprendre l’histoire de l’épidémie

Même révélé avec un délai de quatre mois, ce résultat pourrait permettre d’en savoir plus sur l’arrivée du virus en Europe. "Je ne suis pas sûr que ce résultat aurait pu changer quelque chose sur la prise en charge de l’épidémie" s’il avait été connu plus tôt, note le professeur Cohen. En revanche, il pourrait "changer des choses sur l’histoire de l’épidémie" précise le médecin, qui espère "réévaluer les patients que l’on avait en décembre avec des diagnostics virologiques qui n’existaient pas à l’époque".