Hormones féminines et protection du coeur : la fin d'un mythe

Les femmes souffrent moins de maladies cardiovasculaires que les hommes avant la ménopause, mais après cette différence s'estompe. Pourtant, malgré les doutes, cette différence ne serait pas due aux hormones.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Hormones féminines et protection du coeur : la fin d'un mythe
Le coeur des femmes ne serait pas protégé par les hormones féminines
Le coeur des femmes ne serait pas protégé par les hormones féminines

Non, nos hormones féminines ne nous protègent pas des accidents cardiovasculaires. Même si ça n'a pas été prouvé, les femmes et la communauté scientifique ont longtemps cru à cette immunité attribuée aux oestrogènes, ces hormones typiquement féminines, indispensables à notre développement sexuel et à la reproduction.

D'après les statistiques, les femmes souffrent moins de ces problèmes cardiaques que les hommes. Mais ces chiffres s'inversent au moment de la ménopause, lorsque la production de ces hormones diminue drastiquement.

Pour les femmes ménopausées, le risque cardiovasculaire augmente, laissant penser à un rapport de cause à effet entre la production de cette hormone et une protection contre ces accidents. C'était d'ailleurs le but des prescriptions hormonales pour les femmes ménopausées : supplémenter les femmes en oestrogènes pour les protéger.

Un fort taux d'oestrogènes favorise les problèmes cardiovasculaires

Un élément important remettrait ces affirmations en cause : d'après des travaux récents, les traitements hormonaux pour les femmes mûres, sensés compenser cette chute d'œstrogènes, n'inversent pas cette tendance.

Une étude publiée, menée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), sous la direction de Pierre-Yves Scarabin, clarifie ces idées reçues et doutes. Le taux d'œstrogènes de 6 000 femmes non traitées hormonalement, plus particulièrement le taux d'oestradiol, a été surveillé pendant 4 ans. Parmi ces femmes, 150 ont contracté des maladies cardiovasculaires. Or ces cas correspondaient à des taux d'oestradiol élevés.

Les résultats de ces études montrent donc qu'un fort taux d'œstrogènes augmente les risques d'infarctus du myocarde ou d'AVC. Il serait possible que ces hormones affectent certains mécanismes d'obstruction des artères à l'origine des maladies cardiovasculaires.

Ils agiraient en effet en favorisant la coagulation du sang, et donc la formation de caillots. Mais quand il y a obstruction, il y a aussi inflammation : ce rôle des hormones féminines dans l'inflammation reste encore à éclaircir. 

L'étude de ce facteur restait impossible à faire sur les femmes non ménopausées à cause de l'extrême variabilité de ces taux. Après la ménopause, les taux chutent, mais restent stables chez chaque femme.

 Etude de référence : "High Level of Plasma Estradiol as a New Predictor of Ischemic Arterial Disease in Older Postmenopausal Women: The Three-City Cohort Study", Journal of the American Heart Association. 2012; 1: e001388 doi: 10.1161/​JAHA.112.001388

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