Lombalgies chroniques : un traitement à l'essai pour réduire les douleurs

Chez une certaine catégorie de patients souffrant de lombalgies, injecter des corticoïdes entre les disques intervertébraux pourrait diminuer l'intensité des douleurs un mois après le traitement, selon une petite étude publiée ce 21 mars. L’intérêt du traitement s’effondre toutefois après un mois, les données suggérant même qu’à six mois, les douleurs seraient plus intenses dans le groupe traité que dans un groupe témoin.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
Lombalgies : une infiltration de corticoïdes pourrait réduire certaines douleurs à moyen terme (Image d'illustration) - Vidéo : entretien avec le Pr François Rannou, médecin rééducateur et rhumatologue
Lombalgies : une infiltration de corticoïdes pourrait réduire certaines douleurs à moyen terme (Image d'illustration) - Vidéo : entretien avec le Pr François Rannou, médecin rééducateur et rhumatologue

Certains patients souffrant de maux de dos présentent un syndrome baptisé "discopathie active" [1], caractérisé par certaines lésions aux niveaux des disques vertébraux qui se détectent à l’IRM et associés à un accroissement des symptômes. Des chercheurs français ont évalué l’efficacité d’une injection de corticoïdes (glucocorticoïdes) pour la diminution de la douleur, chez ces patients.

Des essais peu concluants avaient déjà été menés sur des patients souffrant de lombalgies diversement liées aux disques intervertébraux, mais les résultats suggéraient qu’un bénéfice pourrait exister pour ceux présentant ce syndrome.

Les chercheurs ont cette fois-ci fait réalisé une injection de corticoïdes à un groupe de 67 personnes, un groupe témoin équivalent recevant une injection placebo. Selon un communiqué diffusé parallèlement à la publication des résultats, l’infiltration réalisée dans le disque intervertébral lombaire "diminue de manière significative la douleur à un mois".

Le nombre de personnes soulagé dans le groupe traité a été suffisamment important, comparé au groupe témoin, pour extrapoler qu’un effet notable existe chez l’ensemble de la population souffrant de discopathie active. Mais l'intérêt s’effondre rapidement après un mois, les données suggérant même qu’à six mois, les douleurs pourraient être plus intenses dans le groupe traité (voir illustration ci-dessous).

Le Pr François Rannou, l’un des co-auteurs des travaux, estime que "le prochain challenge réside dans un nouvel essai visant à obtenir un effet symptomatique à long terme et peut être structural sur la discopathie". 



Cette courbe représente la moyenne de l'intensité de la douleur ressentie par les patients réellement traités (trait plein) et les patients témoins (trait pointillé). Les barres verticales représentent l'incertitude statistique attachée aux données. À un mois, l'effet de l'injection est statistiquement significatif. Au-delà, un effet (positif et négatif) n'est pas identifiable ; cependant, à six mois, un effet délétère est fortement suggéré par ces données. (Source : Nguyen, et al. 2017)

Source : Intradiscal Glucocorticoid Injection for Patients With Chronic Low Back Pain Associated With Active Discopathy: A Randomized Trial. Christelle Nguyen, et al. Ann Intern Med. 2017 / DOI: 10.7326/M16-1700


[1] Selon le communiqué de l’AP-HP accompagnant la publication des résultats parmi les 5 millions de patients lombalgiques français, dont 20% environ souffrent d’une discopathie active