Migraines : quelles avancées dans la recherche ?

Affection neurologique très pénible, la migraine toucherait 15% de la population. Ses traitements se divisent en médicaments de la crise, avec les triptans, et traitements de fond, visant à diminuer la fréquence des crises. Où en est la recherche ? Quels espoirs pour les migraineux dont la qualité de vie est souvent altérée ? Réponses avec le Dr Roos, neurologue.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Migraines : quelles avancées dans la recherche ?

Selon le Dr Roos, il n'y a rien de très innovant dans le domaine des traitements de la crise de migraine. La recherche sur les gepans, tant attendus, a été interrompue mais celles sur les ditans pourraient reprendre, après un arrêt pour cause de toxicité sur le foie. "Ils font partie des agonistes sérotoninergiques, tout comme les triptans, développe la neurologue. Ils agissent sur certains récepteurs, les 5 HT1F, avec une action plus ciblée que les triptans."

Les nouveautés concernent surtout les formulations qui sont étudiées pour agir plus vite : un spray nasal, contenant une poudre de sumatriptan (Optinose®), est prometteur car il diffuserait rapidement au niveau pulmonaire. Autre possibilité avec le Zecuity®, une sorte de patch dont la diffusion vers le sang est accélérée et répartie sur 4 heures grâce à un système électrique.

Du neuf dans le traitement de fond de la migraine

"On développe davantage les traitements de fond, reprend le Dr Roos. Deux axes de recherche se distinguent : les anti-CGRP et les différentes formes de stimulation." Les premiers s'opposent à l'action d'une molécule qui participe à la phase d'inflammation lors de la crise. "Il s'agirait d'un traitement de fond, par injection sous-cutanée, une fois par mois, détaille-t-elle. C'est vraiment l'avenir !" le Lancet a d'ailleurs publié en 2015 deux études montrant leur efficacité du TEV-48125 en traitement préventif des crises (études de Bigard ME et coll).

Les seconds comportent des stimulations au niveau de différents nerfs apaisant les migraines :

  • Le stimulateur cervical : deux électrodes sont placées chirurgicalement au niveau de la nuque pour stimuler le nerf occipital (le boitier permettant de déclencher la stimulation est placé dans l'abdomen). "En France, le dispositif est pour le moment réservé aux algies vasculaires de la face, commente le Dr Roos. Mais dans d'autres pays, il est utilisé avec un certain succès dans les migraines.
     
  • Le stimulateur vagal : un appareil portatif est posé sur le cou, au niveau de la carotide, pour stimuler le nerf vague. "Mais il n'y a pas vraiment d'études contre placebo sur de gros groupes",  déplore la neurologue.
     
  • La stimulation magnétique : un système aimant est mis autour de la tête et envoie un champ magnétique. "Il est efficace sur les crises, et peut-être en traitement de fond", estime le médecin. Problème : le dispositif a la taille d'un gros ordinateur portable. Il faudrait donc pouvoir réduire la taille pour une utilisation pratique.
     
  • La stimulation du nerf trijumeau : appelé Cefaly®, ce bandeau se pose sur le front et stimule par impulsion électrique l'une des branches du nerf trijumeau. En France, le dispositif est en vente libre et n'est pas recommandé en pratique par la neurologue.

Quid de la toxine botulique et de l'oxygène ?

L'injection de toxine botulique n'a toujours pas reçue d'agrément en France : "Deux refus ont été opposés pour manque de preuve d'efficacité, commente le Dr Roos. Il y a également un problème de coût mais la technique est pratiquée en Europe (en Belgique).

L'oxygène est un traitement pour le moment autorisé pour le traitement de l’algie vasculaire de la face, mais qui a son intérêt dans la migraine. L'utilisation se fait à partir d'une bouteille d'oxygène, à domicile. "Du fait de son inocuité, l'oxygénothérapie est utilisée en urgence pour traiter une crise de migraine chez une femme enceinte", explique la neurologue. "Le traitement pourrait être proposé dans le cadre du sevrage chez les patients ayant des céphalées par abus médicamenteux. Il faudra attendre d’autres études pour prouver cette efficacité avant d’obtenir des autorisations", conclut-elle.