Vivre en moyenne altitude pour vivre plus longtemps ?

L’oxygène est indispensable à notre vie. Il ne faut pas en manquer mais en respirer de manière trop importante pourrait aussi oxyder nos cellules et donc user notre organisme. Alors existe-t-il une quantité idéale ?

Camille Leclercq
Rédigé le , mis à jour le

Colette à une vie au plus proche de la nature, à seulement quelques kilomètres de Grenoble, elle est une enfant du Sappey-en-Chartreuse. Elle y a presque toujours vécu.
Elle a 64 ans et est en pleine forme, c’est aussi le cas de beaucoup d’habitants de ce village perché à 1.000 mètres d’altitude. 

"Nos proches voisins sont deux personnes âgées, une personne de 99 ans et une autre de 95 ans… J’ai mon oncle à côté de 82 ans qui est en bonne santé, maman qui habite un peu plus loin, a 87 ans et est en bonne santé… Une tante aussi est dans un autre hameau en bonne santé. Elles respirent le bon air, elles boivent de la bonne eau, elles mangent des bonnes choses", explique Colette.

L'altitude c'est bon pour la santé...

En moyenne montagne, il n'y a pas de fontaine de jouvence, le soleil est au rendez-vous, l’air est peu pollué et il y a moins d'oxygène. Pour ce spécialiste de l’altitude, c'est peut être le secret de la longévité.  

"On ne sait pas exactement la quantité optimale d’oxygène dont on a besoin pour être en bonne santé.
Au niveau de la mer, sur terre, il y a une certaine quantité d’oxygène aujourd’hui dans l’histoire géologique de la terre. Est-ce que c’est celle là exactement dont on a besoin pour être en meilleure santé possible ?
Ça serait même un coup de chance. On étudie quelle est la quantité optimale d'oxygène dont on a besoin pour être en bonne santé et il est possible qu’elle soit plus proche de celle qu'on trouve en moyenne altitude"
, explique Samuel Vergès, directeur de recherche INSERM.

Les chercheurs ont fait cette découverte dans ce laboratoire, grâce à une machine unique en Europe.
Elle délivre de l’air appauvri ou enrichi en oxygène pour permettre à ces rongeurs de vivre à des niveaux d’altitude différents.

Ces souris semblent en meilleure santé. Elles vivent de manière artificielle entre 1.000 et 2.500 mètres d’altitude.  

Moins d’oxygène et de l'exercice

"On voit chez nos animaux qui vivent en moyenne altitude, qu’ils deviennent plus résistants à certains accidents cardiaques ou vasculaires cérébraux et globalement leur état métabolique est meilleur" confie Samuel Vergès.

Sylvie souffre d’insuffisance cardiaque et participe à l’étude clinique de Samuel Vergés. Sa nouvelle rééducation consiste à faire 45 minutes de vélo, trois fois par semaine, en respirant moins d’oxygène.   

Sylvie sera suivie par les chercheurs pendant huit semaines. Avant elle, d’autres malades chroniques ont déjà été accompagnés notamment des patients souffrant d’obésité. Leurs progrès, ont poussé à l’approfondissement des recherches.   

"Il y a des gains cardio-vasculaire importants par exemple en terme de réduction de la pression artérielle.
On observe que lorsqu'on respire chaque semaine, plusieurs fois par semaine un air avec un peu moins d’oxygène, on a une meilleure régulation de la pression artérielle et finalement une réduction du risque d’hypertension artérielle"
, explique Samuel Vergès.

La montagne pour une vie longue et saine

Sylvie ne connaît pas la quantité d’oxygène qu’elle respire, mais elle en voit déjà les bénéfices.

"Ça va de mieux en mieux et j’espère être au mieux dans ma vie quotidienne. Que mes efforts payent", déclare Sylvie.

"S’il se confirme que le fait de faire de l’activité physique ou vivre avec un peu moins d’oxygène puisse être bénéfique pour la santé. On pourra bien sûr soit recommander aux gens d’habiter en moyenne altitude, soit d’utiliser des simulateurs d’altitude ou d’utiliser des salles en hypoxie pour faire quelques fois par semaine une séance de gym", conclut Samuel Vergès.

Trouver la quantité optimale en oxygène pourrait permettre de prévenir voire même ralentir la progression de certaines pathologies. Le secret pour mieux vivre et plus longtemps se cache donc peut-être dans l’air de nos montagnes.